Les jours et les semaines s'enchaînèrent sans qu'aucune monotonie ne s'installe. Les souvenirs de mes discussions avec le Maître restèrent étrangement clairs dans mon esprit, malgré l'important laps de temps écoulé.
Je repris la lecture de notre Bible afin d'en découvrir tous les secrets, ainsi que celle du petit carnet de bord de cet astronaute solitaire, avec lequel nous partagions tant de choses...
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2e jour de mission
Mon lancement du Centre Spatial guyanais de Kourou s'est parfaitement déroulé. Les opérations spatiales de Darmstadt, près de Cologne, ont pris le relais du contrôle de ma mission. J'ai enfin le temps de continuer la rédaction de mon journal.
La routine s'installe peu à peu. J'ai entamé mes séances d'entraînement physique en apesanteur. Elles vont m'accompagner jusqu'à mon retour sur notre bonne vieille Terre qui nous attire avec tant d'ardeur et d'amour !
Aucun être humain n'a encore passé quatre années dans l'espace... et ce ne sont pas les 0,15 G que je vais subir sur Europa qui viendront me remettre en forme. Mon habitacle restreint s'est littéralement transformé en petite salle de sport. L'une des mes principales tâches sera d'entretenir la condition physique du cobaye que je suis devenu... bien malgré moi !
Au départ, cette mission ne devait pas impliquer d'être vivant. Mais il était malheureusement trop tard pour y installer un espace gravitationnel rotatif, lorsque la décision fut prise d'embarquer un astronaute à son bord. Une excellente nouvelle pour notre équipe médicale qui pourrait profiter de cette opportunité inattendue d'enfin pouvoir étudier les effets d'une exposition prolongée à l'état d'apesanteur sur le corps humain. Et pas n'importe lequel... celui de votre bon vieux serviteur !
Mais il faut que je vous laisse. J'ai rendez-vous avec mon coach personnel, secondé par une bonne dizaine de docteurs encore plus rachitiques que moi. Ils doivent mourir d'impatience de me faire cracher mes viscères !
3e jour de mission
J'ai arrêté d'appeler les jours par leur nom...
La notion de semaine n'existe déjà plus. Je m'apprête à utiliser la faible gravité de la Lune pour effectuer ma dernière correction de trajectoire. Cet astre gris et mort contraste si symboliquement avec l'extrême beauté de notre Terre qui ne sera bientôt plus qu'un petit point bleu dans le firmament vide et froid de l'espace.
Les enfants, ce journal est pour vous. Et pour les enfants de vos enfants. Je suis fier de la façon dont vous m'avez encouragé et soutenu. Je vous aime tellement. Ai-je été égoïste d'accepter la proposition de Frank ? Vous me le direz à mon retour. Mon but est de partager cette fantastique aventure avec vous, par l'entremise de ce journal.
Notre lune continue de grandir à travers les hublots de ma capsule. La Terre, par contre, me semble de plus en plus inaccessible au fur et à mesure que je m'en éloigne. Nos conversations vont devenir bien moins agréables lorsqu'il faudra, après chacune de nos allocutions, attendre le laps de temps nécessaire pour qu'elle parvienne à sa destination. Ce petit journal me permettra de me sentir toujours près de vous. Je vous imagine à mes côtés, regardant par-dessus mon épaule ce que je suis en train d'écrire...
4e jour de mission
Ça y est ! Jamais personne ne s'est encore aventuré aussi loin de notre magnifique petite planète bleue que bibi... Déguste-moi ça, Neil Armstrong !
Je viens de dépasser l'orbite de la Lune, la Terre n'est déjà plus qu'une minuscule gouttelette d'eau flottant dans l'espace. Personne n'a encore pu la voir, si petite, de ses propres yeux ! Je me dirige vers l'orbite de Mars qui se trouve, hélas, de l'autre côté du soleil pour l'instant. Mais j'aurai l'occasion de frôler la planète rouge lors de mon retour, d'ici deux bonnes années. Elle ne perd rien pour attendre.
J'y ferais bien un petit arrêt pipi, question d'ajouter cela à mon palmarès. J'y rencontrerai peut-être certains de mes collègues russes, chinois ou américains, qui sait ? Ce sera donc avec de la vodka, du baijiu ou du whisky que l'on m'y accueillera. Peu importe lequel, j'ai bien l'intention de m'en enfiler une bonne rasade. Mon auto-pilote retrouvera bien le chemin vers la maison.
Voilà que je me mets à sérieusement divaguer. On m'avait prévenu, ce doit être l'ivresse des hauteurs ! Il est temps de déposer mon stylo pour aller me réoxygéner au Gym...
10e jour de mission
Je viens d'apprendre, via ma connexion IPN (InterPlaNet), que les USA ont décidé d'arrêter leur collaboration spatiale avec la Russie pour reprendre, avec l'ESA, leur projet de « Bouclier des Étoiles » qu'ils avaient abandonné à la fin de la Guerre froide. Cette décision due à l'attentat de Washington, a jeté énormément de confusion au sein des relations internationales, forçant la plupart des projets spatiaux internationaux à être temporairement suspendus.
La Station Spatiale Internationale sera désormais occupée alternativement par les USA et l'Europe, associées aux puissances spatiales asiatiques ayant accepté de boycotter la Russie ainsi que ses alliés chinois et nord Coréens.
Ce nouveau projet de bouclier spatial, principalement américain, est considéré comme un gigantesque pied de nez envers les puissances pro-russes qui n'apprécient pas du tout cette militarisation intempestive et unilatérale de l'espace. Je me rends à nouveau compte de la chance inouïe que j'ai eu de me trouver assigné pour cette mission. Elle n'aurait sans doute jamais été lancée dans le climat politique actuel ayant été le résultat d'une intense coopération scientifique et économique avec l'agence spatiale soviétique... Mais je suis bien loin de toutes ces polémiques à présent ; rien ni personne ne pourra plus m'empêcher de l'accomplir !
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Loin de se douter qu'une frégate de la Fédération s'était lancée à leur poursuite, Jean referma le petit carnet et se laissa flotter vers sa tente suspendue dans les arbres. Ses compagnons festoyaient toujours, comme ils le faisaient à chaque fin de journée. Il les regarda encore longuement danser et chanter en espérant que leur nouveau monde ne sombrerait pas dans le même chaos que celui qu'ils venaient de quitter.
Il rêvassa alors à cette petite société qu'il voyait évoluer à bord de leur coupole, se demandant ce que lui réservaient les années à venir. Ici, au fin fond de l'espace intersidéral, elle avait pris l'allure d'une merveilleuse oasis de vie perdue dans un désert aride. Il songea à la Terre, à ce qu'il aurait pu en advenir si, au lieu des dômes et des villages de reproductions, les êtres humains s'étaient unis à la nature environnante au sein de telles communautés.
À suivre...
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Ce chapitre conclut le premier épisode de cette trilogie...
« Homo Sum » est bien plus qu'un simple récit de science-fiction, c'est un message lancé à l'humanité toute entière.
Il est temps de nous rendre compte de la formidable aventure dans laquelle nous avons été emportés depuis des millénaires. Que nous le voulions ou pas, nous en sommes les principaux acteurs !
Ne manquez surtout pas la suite de cette fantastique épopée qui nous emmène à travers l'espace et le temps... vers un monde meilleur !
Dans le prochain épisode : « Révélation », Jean et ses compagnons vont être confrontés à un ennemi bien inattendu lors de leur arrivée sur la petite lune où ils espèrent pouvoir s'installer. Et tandis que l'équipage de la frégate, lancée à leur poursuite, continue ses expérimentations de voyages spatio-temporels, les forces de la Lumière et de l'Ombre vont progressivement entrer en contact avec les différents acteurs de cette saga de science-fiction historico-spirituelle.
Comme cette fantastique épopée a pour but d'éveiller et d'unir tous les peuples de la Terre, n'hésitez surtout pas à conseiller sa lecture à ceux que vous souhaitez avoir à vos côtés dans cette merveilleuse aventure... Si ce livre vous a plu, donnez-lui un maximum d'étoiles ; vous savez que je les adore !

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Homo Sum 1 : l'éveil de l'humanité (Episode 1 : Fédération)
Science FictionDérivant dans les profondeurs d'un des nombreux univers de la création, un monde sans âme abrite de terribles secrets... Les individus qui en font partie n'y ont plus droit à un nom, ni à une quelconque identité. Ils sont devenus les "ouvriers" de c...