Chapitre 39: Adrian

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Il ouvrit les yeux pour la première fois depuis presque deux mois, il les referma aussitôt tant la lumière lui vrillait la rétine, sa tête martelait comme ses poings sur un sac de frappe à la boxe.


Il fut frappé par une vague gigantesque de souvenirs. Ho non ! Il avait rêvé de son retour à la réalité, tous ça n'était qu'un rêve, un putain de rêve ! Une larme coula le long de sa joue alors que son cœur commençait à battre la chamade.


Quelqu'un lui prit le bras en lui parlant avec une voix posée:


- Calmez-vous, Adrian. Monsieur détendez-vous, vous êtes en sécurité.


Adrian rouvrit ses yeux qui se posèrent instinctivement sur la personne à qui appartenait la voix posée. C'était un homme d'âge mûr qui lui souriait, il portait une blouse d'hôpital et jetait des coups d'œil sur les machines près d'Adrian comme s'il attendait qu'elles commencent à parler.


Adrian n'y comprenait définitivement rien, il ne se souvenait que du moment où il avait revu le bus détruit et qu'il était revenu au présent.


Devant son incompréhension, le médecin s'empressa d'expliquer:


- Tu es à l'hôpital depuis un mois et demi, les policiers vous ont ramenés, tes amis et toi pour qu'on vous soigne.


Le regard du jeune homme s'illumina à l'entente de ses amis, il essaya d'articuler une parole mais sa gorge le brûla et il se mit à tousser frénétiquement.


Le médecin s'empressa d'aller chercher un verre d'eau en parlant à toute vitesse :


- Ha oui pardon, je vais te chercher un verre d'eau. C'est normal au début, ça fait un bail que tu n'as pas parlé. De l'eau devrait te faire du bien.


Il lui tendit le verre et le porta directement aux lèvres d'Adrian qui bu avidement avant de questionner d'une voix rauque:


- Ils vont bien ?


- Je ne m'occupe que de toi mais j'ai eu quelques renseignements, je crois que les deux filles se sont réveillées il y a quelques jours mais le jeune homme ne s'est malheureusement pas réveillé mais ne t'inquiète pas, il ne devrait pas tarder.


- Merci. Dit Adrian.


- Ho mais de rien ! Ça me fait plaisir que tu sois réveillé, ta mère ne devrait pas tarder à venir. Tu veux que je la contacte directement pour qu'elle vienne tout de suite ?


- Non ça va, je pense me reposer un peu avant. En tout cas merci beaucoup monsieur.


- Appelle moi Patrick. Répondit-il en souriant.


Patrick partit en fermant la porte, le laissant seul dans la chambre.
Il observa les machines autour de lui, l'une bipait au rythme de ses battements, l'autre montrait sa courbe de vie et d'autres dont il ne connaissait pas l'utilité.


Il bouillonnait intérieurement de ne pas pouvoir bouger tellement il était drogué aux sédatifs, il ne pouvait que bouger ses yeux. Lui qui aimait tellement bouger mais là, il était cloué à son lit en ne pouvant que ruminer sa tristesse et son désespoir.


Le seul point positif est qu'il était dans un lit très confortable où les draps sentait... Le désinfectant...


Ses yeux se fermèrent seuls et il se laissa retomber dans le sommeil.

***

Il émergea doucement de son sommeil en sentant du mouvement dans la pièce. Ses paupières se soulevèrent difficilement et il aperçut une silhouette fine assise sur le bord de son lit. Il la reconnut tout de suite et esquissa un sourire. Il put la détailler quelques minutes avant qu'elle le remarque. Elle avait inexorablement maigri et semblait fatiguée même si elle s'était maquillé et avait tressé ses cheveux en une couronne. Elle était belle.


Elle croisa son regard et se jeta à son coup en éclatant en sanglots.


- Ne pleure pas, je suis là, je vais bien. Mentit-il.


- Ho mon chéri, tu m'as manqué, tellement manqué.


Elle s'écarta un peu de lui de sorte qu'elle voit le visage tant manqué de son fils. Après un effort surhumain, Adrian apporta sa main au visage de sa mère lui essuya ses larmes de son pouce. Lou mit sa main sur celle de son fils collé à sa joue en savourant ce contact si futile soit-il.


- Je t'aime maman. Murmura-t-il.


Il ne savait pas depuis combien de temps n'avait-il pas prononcé ses mots mais cette fois, ils étaient sortis tous seul et semblèrent réchauffer le cœur de Lou qui émit un petit sanglot avant de porter les mains à son visage et d'essuyer ses larmes en balbutiant:


- Je suis désolé, je fais que de pleurer. Une vraie madeleine tu me diras... Moi aussi je t'aime.


Il émit un rire discret et observa sa mère en se délectant de chaque détail comme pour se les imprimer sous ses paupières.


- Les médecins m'ont dit qu'il baisserait de plus en plus la dose de sédatifs, tu risques peut-être de ressentir quelques douleurs.


- Merci, ça va toi ?


Elle baissa les eux et en regardant sa main serrer à celle de son fils sur les draps, elle répondit:


- Oui, depuis que tu t'es réveillé ça va mieux. J'étais inquiète...


- Je suis désolé, je ne peux même pas imaginer tout ce que tu as enduré. Chuchota-t-il.


Une pointe de culpabilité lui serra le cœur. Depuis qu'il était revenu, il ne faisait que ressasser ses douleurs et ne voyait même pas ce qu'avaient vécu les autres. "Quel égoïste ! Pensa-t-il.

***

Aujourd'hui encore, les infirmiers baissaient encore plus la dose de sédatifs. Depuis une semaine où ils avaient commencé à diminuer la dose, la douleur ne faisait qu'augmenter.
Alors qu'il sortait à peine de sa nuit de sommeil, le mal le tiraillait déjà. Sa tête semblait s'être transformée en discothèque et il ressentait les brûlures du soleil sur sa peau.


Quand sa mère partait après sa visite, il sombrait dans un profond accablement où les souvenirs d'Azélie le hantaient.


Quelqu'un toqua à sa porte et lui apporta son déjeuner, avant de lui dire ses quelques mots qui le glacèrent:


- Je crois que la famille Blom va venir te voir aujourd'hui.


La famille Blom ! Les parents d'Azélie !!! Sa respiration se hacha et des tremblements le secouèrent. Malheureusement, l'infirmier était parti et il ne pouvait en l'occurrence plus lui demander une dose plus forte de calmant.


À quatorze heures, il n'avait toujours pas touché à son petit déjeuner et son déjeuner même sous les supplications des médecins. Quelqu'un toqua à sa porte et rentra dans la chambre. C'était les parents de sa petite amie s'il pouvait encore l'appeler comme ça après ce qu'il lui avait fait.
Adrian devint dans un état proche de la transe, des larmes commencèrent à couler le long de ses joues, ses premières larmes depuis son réveil.


Les parents d'Azélie furent soudain déconcerter mais Anna se jeta vite a son cou.


- Ho ! Adrian ! Murmura-t-elle.

- Je suis désolé, tellement désolé. Sanglota Adrian.

- Ne t'excuse pas. Dit-elle en s'écartant de lui.


Elle s'assit au bord du lit et demanda au jeune homme comment il allait.


- Je pense que oui. Et vous ? Dit-il.

- Oui... ( Son regard se perdit dans le vague) Oui sûrement. Répondit-elle

- Si vous saviez comme je m'en veux, je suis tellement désolé de...


- Adrian, ce n'est en aucun cas ta faute, tu n'y ai pour rien. Azélie aurait aimé que tu sois là, tu sais.

C'était la première fois que le père d'Azélie prenait la parole.


Adrian ne répondit rien mais son cerveau lui disait trop de choses: que si Azélie était là peut être ne serait-elle pas si heureuse qu'Adrian soit là, qu'elle lui en voudrait sûrement. Et il comprendrait.

La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant