Chapitre 34: Adrian

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Les larmes dévalaient rapidement sur ses joues, il n'avait pas bougé. Marissa était sur le lit près du livre et regardait avec pitié Adrian qui ne lui portait aucune attention. Le boxeur ne pensait plus se contentant de tenir solidement le collier d'Amazonite dans sa main alors que les souvenirs le traversaient. Liao vint vers lui et lui proposa sa main pour l'aider mais le lycéen ne le regardait même pas. Liao dit d'une voix où suintait la douceur aux autres adolescents:

- Il faut lui laisser le temps, venez.

Ils sortirent de la pièce le laissant seul dans la chambre. Quand il fut seul, le déni le submergea violemment. Pour lui ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas se passer comme ça. C'était trop, il avait déjà été dans le futur, il avait des gens mourir devant ses yeux, il avait vu des cadavres, il avait marché des jours et des nuits pour perdre ce qu'il avait de plus cher, ce qu'il le permettait de se raccrocher au monde réel ! Il se roula en boule sur le sol, s'abandonnant au désespoir.

Après quelques minutes en position fœtale, ses muscles étaient déjà engourdis. Il se releva doucement, et grimpa sur le lit où avait dormit sa petite amie il n'y a même pas deux semaines. Il s'allongea mais quelque chose sous son dos le dérangea. Il attrapa l'objet en question et retira le livre ouvert à la première page, il allait le poser par terre mais son titre l'interpella: " Hypothèse d'un futur probable". Il se releva sur le lit et feuilleta le livre alors que Julie arrivait dans la chambre pour vérifier l'état de son ami. Alors qu'Adrian tombait sur la dernière page, la dernière phrase retint son attention: " Et voilà maintenant vous retournez à votre époque et vous savez déjà le futur et ce qu'il va se passer; frustrant non ? "
Il s'apprêtait à refermer le livre alors qu'un cri l'interrompit:

- Ho my god !!! Putain ! On est de retour !

Julie sortit de la chambre en trombe, Adrian laissa tomber le livre à la première page et courut rejoindre ses amis alors qu'un nouveau cri de la part de Marissa retentit:

- Quoi ?! Mais on est de retour dans ça...

Il arriva à la hauteur de ses amis et posa ses yeux sur le désert rouge qu'il lui faisait face. Julie brisa le silence:

- Vous êtes sûr qu'on était de retour ?

Liao acquiesça alors que Marissa cria, hystérique :

- Oui ! C'est bon on n'est pas barjo !!!! C'était là il y a une second et puis c'est revenu comme ça !

Elle se laissa tomber sur les genoux alors qu'une ampoule dans la tête d'Adrian venait de s'allumer, il murmura:

- Attendez....

Il bondit jusqu'à sa chambre et reprit le livre l'ouvrant une nouvelle fois à la page 1, aucun cri, rien. Il demanda:

- Il ne se passe rien ?

- Non et si tu veux mon avis, le paysage ne changera pas à la force de ta pensée. Cria Julie.

Il l'ignora et rouvrit le livre à la dernière page. Alors qu'il pensait que son hypothèse était juste insensée et débile, il distingua un nouveau cri suraigu suivi d'une phrase de Julie :

- Comment t'as fais ça !? Bordel on est revenu !

Il retourna près de ses amis et aperçu le ciel bleu et le bus retourné. De nouvelles larmes dévalèrent sur ses joues alors qu'ils se laissaient lui aussi tomber sur les genoux. Julie tituba jusqu'à la porte et l'ouvrit. Une rafale d'air frais souleva la poussière et rafraîchit les visages des adolescents sous le choc. Julie toucha l'herbe du bout des doigts puis en arracha une poignée. Liao avança jusqu'à l'embrasure de la porte et sortit dehors en soupirant. Soudain des hommes habillés en policier arrivèrent les yeux ronds de stupeur, ils dévisagèrent les quatre adolescents puis l'un d'eux s'avança et dit:

- Bonjour je m'appelle Quentin Touchet. Ne vous inquiétez pas on ne va pas vous faire de mal. Pour l'instant ne bougez pas, vous n'avez pas l'air bien.

Il se retourna vers ses collègues et ordonna :

- Toi, appel les ambulances. Bryan tu inspectes la maison et les alentours et nous on va sortir les adolescents de là. Compris ?

Les policiers acquiescèrent en silence et partirent à leur mission. Le certain Quentin avança vers Julie et arrivé à sa hauteur lui dit:

- Bonjour mademoiselle, vous allez bien ? On va juste vous demander de vous asseoir près de mes collègues. Ça ne vous dérange pas ?

Il ne lui laissa pas le temps de répondre et partit vers Liao alors qu'un autre agent guidait Julie vers là où elle devait s'assoir. Quentin dit la même chose à Liao qui accepta en silence. L'agent Touchet s'accroupit à la hauteur d'Adrian et le questionna :

- monsieur, calmez-vous. Ca va aller on est là maintenant, tout va bien se passer. Respire lentement et profondément et quand vous vous en sentirez capable de marcher vous irez vous installer près de vos amis là-bas. Okay ?

Adrian n'eut pas la force de répondre et Quentin passa à Marissa. Le dénommé Bryan revint vers Quentin en lui disant :

- Personne dans la maison, ils sont que quatre.

Quelque chose s'anima dans le cerveau d'Adrian qui bondit sur ses pieds et cria d'une voix cassé par les pleurs en essayant de courir vers le couloir, vers le livre:

- Non ! Il faut y retourner ! Il y a encore quelqu'un !

A peine avait-il fait deux pas de course que l'agent Bryan le retint par le bras et disant d'une voix où perçait l'exaspération :

- Non, il n'y a personne. Maintenant calmez vous et allez vous assoir.

Adrian ne l'écouta pas et essaya de se débattre de la poigne de fer que le policier exerçait sur son bras. Les larmes redoublèrent d'intensité tandis qu'il continua à hurler. Quentin vint en renfort à Bryan et prit le deuxième bras d'Adrian en l'obligeant à se mettre à genoux. Le boxeur n'avait plus la force de se débattre et se contentait de hurler:

- Lâchez moi ! Il faut aller la chercher ! Il faut la sauver... S'il vous plaît... (Sa vois se cassa et devint une imploration) Je vous en supplie... Lâchez moi...

Sous l'ordre d'un policier, un ambulancier venant d'arriver, injecta une dose de sédatif à Adrian qui sous le pique de la piqûre cria une dernière fois:

- Non !!! AZELIE !!!

Puis il sombra sous la drogue.

Noir.


La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant