Chapitre 9: Adrian

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Adrian s'assit sur le lit où s'était endormie Azélie sous l'effet des antidouleurs. Le jeune homme qui l'avait accompagné jusqu'à la chambre de sa petite amie avait gentiment refermé la porte derrière Adrian et était retourné avec les autres élèves conscients. D'ailleurs plusieurs personnes avait dit que cet adolescent était atteint de dysarthrie, un trouble de la parole qui empêche les personnes atteintes de parler facilement.

Azélie poussa un gémissement et se réveilla brusquement. Adrian lui sourit mais ce n'était pas le sourire d'avant. Les images de l'accident lui revenait continuellement en mémoire et empêchaient les moments de joies inespérés à présent. La jeune fille effleura son arcade sourcilière recousue et sa bouche se déforma en un rictus de dégout. La cicatrice était grande et pas belle à voir mais semblait tenir le coups à condition que la jeune femme n'esquisse pas d'expression avec son arcade sourcilière déchiquetée.

Adrian était on ne peut plus fatigué pourtant son évanouissement aurait dû lui procurer du repos. Son regard se promena dans la chambre et tomba sur le portable de sa petite amie.

- T'as encore de la batterie chérie ? Demanda le boxeur.

La jeune femme le regarda, surprise, comme si elle avait oubliée sa présence. Elle attrapa ensuite son portable et l'alluma en s'asseyant. L'écran de verrouillage afficha quelques notifications comme des messages où les cinq pour cent de batterie qu'il restait dans l'appareil. Azélie contempla l'écran brisé du téléphone et entra son code. Le portable d'Adrian, lui, en était réduit à la coque où plutôt ce qu'il en restait... Un téléphone était d'une grande utilité surtout en cette situation. Adrian lut par dessus son épaule les messages envoyés :

" Tu es où ? Est-ce que tu vas bien ma chérie ? " De ses parents.

Un autre de Perle: " Azélie, tu vas bien ? T'es où ? "

Elle appuya sur le contact d'Anna et lui répondit: " Je ne sais pas où on est, il y a une maison et oui ça va "

Azélie allait répondre à Perle quand le portable vibra et s'éteignit en un bip sonore. Adrian soupira et cracha des jurons de toutes sortes avant de se lever, encore une fois qu'avec son bras gauche, et aida sa petite amie qui, une fois debout, se cramponna à Adrian comme à une bouée de secours qui pourrait l'empêcher de se noyer dans ses tourments.  Elle se détacha d'Adrian et posa une main sur son arcade. Ils sortirent de la ' chambre ' et empruntèrent le même couloir qu'il avait traversé pour aller voir son amoureuse. Quand ils arrivèrent dans le 'salon ', les élèves n'étaient plus assis à discuter mais s'effaraient à réunir des choses utiles. Les vitres et la porte qui amenait à l'extérieur étaient maintenant barricadées pour plus de sureté. Azélie s'installa sur le canapé tandis qu'Adrian partit demander si il pouvait apporter son aide.

- Bonjour, je peux aider ?

Les élèves le regardèrent avec bienveillance et l'un d'eux lui répondit.

- Ouais, tu peux aller prendre une bassine dans la pièce qui servira de salle de bain pour ceux qui ont besoin de se nettoyer un peu et aller la remplir avec l'eau de la pluie à l'étage.

Adrian partit aussitôt dans le couloir. Ne sachant pas où était la salle de bain, il commença par ouvrir toutes les portes une par une jusqu'à trouver la fameuse pièce. Il y pénétra et chercha la bassine des yeux. L'odeur était encore plus immonde dans cette pièce où les moisissures semblaient s'être trouvées refuge. Un meuble qui devait, autrefois, être blanc était installé du côté de la porte en face d'un lavabo et d'une baignoire. La fenêtre, elle aussi obstruée se trouvait à l'opposé de l'élève.
Adrian ouvrit le meuble et sortit la bassine qui était étonnamment propre. Elle semblait être en or en raison de sa couleur semblable au pièce de monnaie et de son poids. Ensuite, le boxeur quitta la pièce nauséabonde et parcourut la galerie, le réservoir à la main. Arrivé au bout du couloir, le jeune homme vit des escaliers. Les escaliers de marbre noir était en parfaite harmonie avec le manque de luminosité. Il les grimpa et se retrouva dans un couloir semblable à celui du première étage sauf que celui-ci était d'autant plus lugubre et sombre. Il avança à pas lents en essayant de refouler l'angoisse grandissant de ces lieux. Il n'avait jamais eu peur du noir alors  pourquoi tremblait-il aujourd'hui ? Pourtant, depuis cet accident, Adrian savait que ses souvenirs le hanteraient toujours et que ses peurs grandiraient. Il entra dans la première pièce et avança jusqu'à la fenêtre qui avait, elle aussi, succombé aux vents. La pièce était vaste et semblait être un ancien salon. Encore un salon, il y en avait combien dans cette maison !

Adrian passa la bassine par la fenêtre et la tint pendant qu'elle se remplissait d'eau. Le vent était brutal et manquait d'arracher le récipient des doigts du jeune homme. Le froid le fit frissonner et il pria intérieurement que la bassine se remplisse rapidement. La pluie rentrait dans la pièce et collait les vêtements et les cheveux d'Adrian. Pourtant l'eau qui ruisselait sur le visage du jeune homme lui fit du bien et éclaira ses pensée. La bassine commençait a déborder, Adrian la ramena donc à l'intérieur et la posa sur le sol trempé. Il resta quelque instant à contempler le vide qui lui offrait un moment de répit. La lumière de la pleine lune se refléta sur un miroir casser, gisant sur le parquet. Le boxeur le saisit et se contempla dans les multiples bouts de verre. Il n'était plus le même, sa bouche, son regard, même ses yeux avaient changé. Ce n'était plus l'adolescent charmeur mais un homme effrayé... Ses pupilles le révélaient, ses yeux bleus, avant si enthousiaste, n'avait plus cet éclat de chaleur. Leurs formes avait changés, ils étaient plus ouvert comme un enfant affolé.
Cette vue l'horrifia et il lâcha le miroir qui tomba à terre, faisant virevolter des bouts de verres. Il ramassa l'un d'entre eux et le glissa dans sa poche au cas où cela lui servirait.
Le récipient était extrêmement lourd et procurait une souffrance hors norme aux triceps d'Adrian. Ses muscles se contractèrent sous l'effort et l'eau de pluie ruissela dans son dos déjà meurtris par le verre du bus.

Il descendit les escaliers à pas lents et se retrouva une nouvelle fois dans le couloir lugubre. La galerie était bien trop grande aux yeux du jeune homme qui commençait à haleter. Adrian avait toujours aimé l'effort et l'adrénaline que cela lui procurait. Il entra dans la pièce au bout du couloir, la cheminée sur le mur en face était allumée et fournissait un peu de convivialité dans le ' salon '. Le jeune homme qui lui avait ordonné d'aller prendre cette bassine et de la remplir l'attendait. Il vint vers lui et lui dit:

- Vas la mettre près du feu s'il te plaît.

Adrian allait répondre qu'il était déjà partit dans le couloir. Le boxeur fit ce qu'on lui avait demandé et regarda l'eau troubler par le vent et les mouvements. A quoi pensait sa mère en ce moment ? Et son père ? Étaient-ils en train de le chercher ? Son père, non. Ça aurait déjà été un exploit qu'il soit au courant que son fils est eu un accident de bus et qu'il était maintenant paumé dans une maison super flippante. Une main se posa sur son épaule, son cœur loupa un battement et il se retourna à une vitesse surprenante. La personne qui se trouvait en face de lui était Liao. Il avait l'air exténuer, il ne devait pas s'être reposé.

- Tu vas bien, Liao ? Questionna le boxeur.

- T'inquiète pas, je suis juste fatigué comme tout le monde...

Adrian aurait aimé que Luc soit là pour lui dire une de ses remarques sarcastiques comme " T'as vu la tronche que t'as ! ". Mais non, ce fut le silence qui se montra moqueur cette fois-ci.
Liao alla s'assoir sur le canapé avarié par les années, Adrian le suivit et se posa à sa droite pendant qu'il commençait à parler.

- Je suis allé visiter la maison et j'ai trouvé de quoi nous nourrir, c'est une bonne nouvelle. Je me suis dit que l'on aurait besoin de se laver et c'est pour ça que Tom t'as demandé de remplir cette bassine; on va remplir la baignoire avec et chacun son tour on se douchera. (Il observa Adrian qui hocha la tête puis reprit) Il faut aussi que l'on refasse le toit car je pense que t'as remarqué les fuites et les flaques d'eau sur le sol. On ne sait pas combien de temps cette tempête mettra pour s'en aller.

Effectivement, des mares d'eau s'étaient former sur le sol et le toit gouttait de partout.

- Faut que l'on s'organise car sinon on va tous clamser. Des élèves sont en train de laver la baignoire et les ustensile de cuisine avec des produits trouvés au sous-sol.

Punaise ! Un sous-sol ! La maison était géante...

- Okay. Je suis allé à l'étage. La maison est vraiment immense ! C'est la caverne d'Alibaba ce truc !!! Dit Adrian. 


La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant