Chapitre 38: Azélie

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Elle était allongée sur le dos sur les racines de cet arbre qu'elle ne faisait qu'observer. Bob était à côté d'elle, encore et pour toujours depuis maintenant trois jours.

Trois jours ! Trois jours où elle n'avait pas bougé, étendue sur le sol comme un cadavre. Chaque respiration était plus compliqué que la précédente, chaque clignement de ses yeux étaient douloureux mais elle n'osait pas les fermer se prouvant à elle-même que tant que ses yeux étaient ouverts, elle était vivante.


Le soleil ne la brûlait même plus, elle ne le sentait pas en réalité mais la dernière fois qu'elle avait regardé sa main, elle était presque noire comme si elle était nécrosée, le reste de son corps devait être pareil.


La douleur revenait en vague depuis quelques jours, sa gorge sèche ne faisait que la brûler à chaque inspiration, ses yeux semblait rempli de sable. Des fois, pendants quelques minutes ou heures, elle ne savait plus, elle ne voyait plus rien. Ses rétines étaient brûlées par le Soleil qui ne semblait jamais se calmer.


Pour arrêter cette torture, Azélie avait eu le temps d'y réfléchir. Elle aurait pu manger le reste du fruit qui avait tué Bob, où même le manger lui mais non, le manque de force la clouait par terre. Elle avait choisi l'option la plus douloureuse, rester ici sans se battre, sans bouger. Maintenant c'était trop tard, elle ne sentait même plus ses membres.


Durant ces jours, elle avait eu le temps de réfléchir. L'un des sujets ne la laissait pas de marbre: Adrian. Oui, elle s'était promis de l'oublier mais elle ne pouvait pas, c'était au-dessus de ses forces. Plus elle y réfléchissait plus elle se sentait coupable: si elle n'avait pas fait sa jalouse avec Marissa, Adrian et elle ne se saurait jamais disputé et il serait sûrement avec elle à ce moment-là et elle, elle ne serait pas là à rester allongé sur le sol. Si seulement elle pouvait remonter le temps et aller s'excuser, elle savait qu'il la pardonnerait.


Elle se voyait se relever avec comme force que l'amour et courir, courir, courir. Courir jusqu'à le retrouver, enfin devant lui elle lui sauterait au cou en l'embrassant, il lui rendrait son baiser et une nouvelle fois leurs langues s'emboîteraient comme les pièces d'un puzzle. Alors, les mains de son amour se poseraient sur ses hanches alors que ses mains à elle, se poseraient sur son visage sans cesser de l'embrasser. Quand leurs lèvres se seraient décollées, ils souriraient. Ils seraient heureux de s'être retrouvés et alors, plus personne ne pourraient les séparer. Tous leurs gestes seraient remplis d'amour même leur dispute le seraient aussi. Tout serait parfait, tellement parfait !

Alors qu'elle s'imaginait ça, elle sourit sincèrement pour la première fois depuis qu'elle avait pris un autre chemin que lui. Ce sourire était rempli de mélancolie, de joie mais aussi de tristesse. Une dernière larme coula le long de sa tempe en la brûlant, elle laissa retomber son sourire et tourna son regard vers Bob pour un dernier au revoir.
Il n'avait pas changé à part que son visage ressemblait plus à celui d'un zombie qu'à celui de Bob. Sa tête semblait prête à se détacher de son corps.


Elle ouvrit la bouche et murmura en silence:


- Je suis désolé mais on s'excusera là-haut.


Elle reporta son regard vers le ciel, son corps sembla se relâcher et elle se sentit sombrer sans douleur. Elle ferma alors ses yeux et laissa son corps le libre contrôle. La sensation était comme si elle la terre l'engloutissait. Elle se demanda si Bob avait aussi ressentit ça.


Ses respirations se firent moins régulières et plus petites, mais elle n'y fit pas attention. Alors qu'elle sombrait, elle entendit la voix d'Adrian dire : je t'aime.
Elle savait que ce n'était qu'un tour de son cerveau mais entendre sa voix la fit sourire pour la dernière fois et dans son esprit elle répondit qu'elle aussi. Alors que son cœur ralentissait déjà elle espéra que là-haut elle ne le verrait pas et qu'il continuerait sa vie avec Marissa si elle pouvait le rendre heureux ou quelqu'un d'autre mais qu'il soit heureux, juste heureux...

Puis elle sombra définitivement, son cerveau arrêta de réfléchir, son cœur fit un dernier battement et son corps s'endormit pour de bons laissant un infime sourire sur le bord de ses lèvres.


Noir

La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant