Chapitre 15: Adrian

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Il venait de passer le seuil de la porte. La chaleur était insupportable et l'air qu'il inspirait était chaud voir brûlant. Heu... C'était pas comme ça avant, non ?

Adrian se tourna vers Azélie qui fixait, ahurie, un point. Il posa lui aussi son regard sur la forme et ses yeux s'agrandirent, sa bouche s'entrouvrit et une étrange sensation d'oppressement crispa tous ses muscles. Le bus où avait eu lieu l'accident était comme neuf. Droit, debout et réparé !
La lumière du soleil se reflétait sur ses vitres, il le regarda plus en détail et essaya de se persuader que s'en était un autre mais non; c'était toujours le même !!!

Il détourna le regard de cette vue déconcertante et observa les alentours. Le sol était plat et rouge mais alors la colline qu'il avait dévalée dans le bus, où était-elle ?
Pourquoi le bus était-il intacte ?
Pourquoi il faisait aussi chaud ?
Pourquoi la terre était rouge ?
Trop de question se bousculait dans sa tête. Le soleil tapa sur le crâne du jeune homme si fort qu'il en eut mal au crâne.

Soudain Tom dit :

- Y a un sacré problème là, non ? Il fait hyper chaud ou c'est moi qui ait de la fièvre ?

Un mini sourire retroussa les lèvres d'Adrian qui répondit.

- Heu ouais, il fait chaud. On est où ?

Des murmures fusèrent de tous les élèves à part quelques uns qui restèrent à contempler le bus. Un élèves s'écria.

- Non mais je rêve ! Heu... On est où ?! On a bien eu un accident alors pourquoi cette bagnole est intacte ?! On a déjà été dans une baraque dégueu et maintenant on sort et qu'est ce qu'on voit ? He ben rien !!! RIEN !

Cette fois,  ce fut Julie qui prit la parole et calma l'élève.

- Bon, c'est bon Bob. Calme toi. On y peut rien ,okay ? C'est pas nous ! Alors si tout le monde s'énerve alors on n'est pas rendu loin !!!

Le prénommé Bob se tut et baissa la tête et s'en suivit un silence de plomb. Enfin Liao sortit de sa torpeur ce qui soulagea Adrian.

-  Rentrons à l'intérieur, on crame dehors.

Tout le monde se rua dans la maison et la fraicheur se posa sur la tête du jeune homme. Il s'assit à même le sol et écouta tous les élèves. Tout le monde se mit à parler en même temps et en quelques secondes un brouhaha total régnait sur les lieux.

- On ne sort pas ! Cria un des lycéen.

- Quoi !! Mais t'es cinglé on va pas rester dans cette baraque ! On va tous clamser !!! Vociféra un autre.

- Parce que tu crois que dehors tu vas vivre avec cette chaleur ! T'as pas de bouffe et pas d'eau ! Donc je pense que la sécurité est plus à l'intérieur qu'à l'extérieur !!!

Il avait raison, mais rester dans cette maison prévoyait aussi une mort certaine. Un horrible dilemme s'opposait à eux. Il se surprit à penser à ceux qu'il ferait s'il allait dehors. Soudain, Adrian eut une sorte de révélation. Il se leva alors que le regard d'une quarantaine de lycéens se braquait sur lui et commença à parler.

- Faut pas qu'on reste ici ! Dehors on retrouvera notre famille ! Et qu'est-ce qu'on va faire ici ? Il n'y a plus la tempête autant sortir !

Quelques élèves approuvèrent mais le même élève qui venait de parler avant Adrian se retourna rapidement vers lui.

- Quelle bonne idée ! Il fait trop chaud dehors, on tiendra même pas dix minutes avant d'être réduit de la même couleur que le sol ! On s'est organisé pour notre survie jusqu'ici s'est pas le moment de tous foirer ! On a pas d'eau là donc comment tenir quand il fait cinquante degrés !

- Oui mais la tempête s'est arrêtée ! Les policiers vont pas tardé à venir.

Julie se leva à son tour coupant court la discussion entre les deux. Son ton autoritaire emplit la salle pendant que Adrian se rasseyait.

- Cette aprèm on reste ici et on part ce soir; la température aura baissé. On prépare des affaires, et après on sortira. Comme ça? on se repose et on s'organise. Okay ?

Adrian était d'accord, c'était la meilleurE chose à faire. Il se leva à nouveau et cette fois, il prit des initiatives et pensa d'abord à remplir des gourdes d'eau mais il n'avait pas de ces récipients. Attends, mais si !!! Il en avait toujours une pendant les cours, alors normalement elle serait dans son sac. Il se précipita vers la porte avant Liao n'arrive devant lui, lui bloquant l'accès.

- Adrian, tu vas où ?

- T'inquiète, je vais chercher une gourde dans mon sac qui est dans le bus.

Une fois que le futur médecin se soit écarté, le boxeur attrapa la porte et se faufila derrière. Il marcha lentement jusqu'au bus pour ne pas tomber puisque le soleil l'étourdissait et que sa tête commençait déjà à tourner. Il était a deux pas du bus quand le doute l'envahit. Son corps ne bougea plus et ses yeux continuèrent à fixer le bus, ce bus.
Il comprit alors qu'il ne pourrait plus revenir en arrière et que l'accident resterait à jamais ancré dans sa conscience. Pourtant il se disait et se répétait qu'il y avait pire et qu'il s'apitoyait trop sur son sort. Il se maudit intérieurement de sa faiblesse, qu'aurait dit son père, qu'il était lâche et faible.
Mais pourquoi pensait-il à lui ? Il ne le faisait jamais normalement et heureusement!. Son pied se décolla du sol et il grimpa dans le bus. L'air n'était pas moins chaud au contraire. Une boule se forma dans sa gorge, ses respirations se firent plus courtes mais il réussit cette fois à garder son calme. Ses yeux se posèrent sur le sol en espérant y trouver quelque chose de précis mais non... En vérité Adrian voulait profiter de cette occasion pour revoir cette personne qu' il avait tant aimée. Seulement le vide n'était pas la personne attendu, alors que le monde continuait sa route Adrian s'arrêta mais pas ses pensées. Il dût s'assoir sur l'un des sièges propres, le métal de la ceinture de sécurité brûlant sa peau. Ses mains entourèrent sa tête et le jeune homme ferma ses yeux laissant couler des larmes sur ses joues crasseuses.

Après quelques minutes, il se reprit en main et se remit debout. Peut être est-ce mieux de ne pas le voir. Il promena son regard à travers le bus. Bizarrement les sacs étaient encore là. D'ailleurs, les corps avaient littéralement disparu !!! Il n'avait pas réagi sur le moment mais maintenant cette révélation le choqua. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage car la chaleur commençait à être suffocante. Il avança jusqu'à son sac et prit sa gourde. A peine avait-il sorti celle-ci que le sac fut tiré comme par une personne invisible. Sous le coup de la surprise, il le lâcha et le regarda disparaître devant ses yeux. Il sortit rapidement du car, la chaleur lui faisait avoir des hallucinations. Il rentra dans la maison, rouge comme une écrevisse et inspira une grande bouffée d'air poussiéreux qui le fit tousser. Il n'y avait presque plus personne dans le salon à part quelques adolescents qui le regardaient bizarrement et même avec une pointe d'amusement dans le regard. Adrian se redressa et déglutit pendant que les élèves serraient les dents pour s'empêcher de rire. Le boxeur partit dans le couloir en gardant la tête haute. Il lui restait comme même un minimum de dignité !

Il marcha rapidement vers " la salle de bain" et y entra. Il savait, d'après ce que Liao lui avait dit que des bassines d'eau dessalées y étaient entreposées. Il fut ravi quand il les vit, il ne tarda pas à s'approcher et à remplir sa gourde. Il en but une gorgée, il sentit l'eau descendre dans sa gorge et rafraichir son corps brûlant.

Il sortit rejoindre les autres élèves dans le ' salon'. Après qu'il ait averti Liao de la gourde, il rentra dans sa soi-disant ' chambre ' et s'allongea sur le dos. Il ne tarda pas à s'endormir dans un sommeil plus dérangé que d'habitude non sans une certitude: demain, il reverrait sa mère et sa sœur !

La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant