Chapitre 42: Inconnue

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Elle regarda son planning, sa prochaine visite serait au rez-de-chaussée pour voir un certain Adrian Vel, victime d'un accident de bus et disparu pendants plus de deux semaines. La dernière fois qu'elle l'avait questionné, il avait prétendu être trop fatigué pour répondre. Après ça, un psychologue était venu le voir mais il était resté silencieux pourtant il devrait parler à un moment ou à un autre. Elle toqua à sa porte et attendit patiemment l'accord pour rentrer.
Quand elle pénétra dans la pièce, elle revêtit un masque de bienveillance préparé à cette occasion. Adrian n'avait pas changé depuis sa dernière visite à part qu'il n'avait plus de tube l'aidant à respirer, il avait repris un peu de poids et son teint était moins terne. Il devrait bientôt pouvoir quitter le service de réanimation même si son mental s'était dégradé durant ces mois à l'hôpital.

Elle prit une chaise et la traîna à côté du lit, quand elle s'assit dessus Adrian ne l'avait toujours pas regarder, il semblait ailleurs. Ses yeux étaient dans le vide, ses yeux étaient remplis de tristesse alors que son visage restait sans cesse impassible, c'est ce qui inquiétait son psychologue, apparemment il se renfermait sur lui-même.


Elle se racla la gorge et commença à parler:

- Bonjour Adrian. C'est l'agent Rosy.

Il tourna enfin son visage vers la femme mais ne dit rien.

- Je sais que je suis déjà venu te voir mais j'ai besoin que tu me renseignes. Apparemment tu étais la personne la plus proche d'Azélie Blom qui n'a pas été retrouvé.

Il baissa la tête et attendit que l'agent continue.

- Peux-tu me dire qui était Azélie pour toi ? Commença la policière

- Ma petite amie. Lâcha-t-il du bout des lèvres.

- Très bien, quand l'as tu vu la dernière fois ? Continua-t-elle.

Il tourna la tête et observa la vue que donnait sa fenêtre sans répondre. Essayant de cacher son air exaspéré, l'agent repris d'une voix calme:

- Je sais que ça doit être dur pour toi mais répond à la question s'il te plaît. Grâce à toi, on pourra la retrouver.

Elle observa attentivement ses expressions; la mâchoire carrée du jeune homme se resserra, ses yeux semblèrent se voiler de tristesse et il déglutit difficilement. Quand il se retourna, il toma nez à nez avec la policière:

- Vous avez fini d'essayer de me décrypter ? Je suis pas une énigme comme vous aimez tant résoudre. Cingla-t-il.

Cette fois ce fut elle qui baissa la tête en rêvant de lui sortir une remarque cinglante qu'elle regretterait plus tard.

- Je suis désolée Adrian mais je suis obligé de faire ça car tu t'obstines à garder le silence.

- donc vous êtes là pour me soutirer des informations ? Rétorqua-t-il.

Sur son visage se lisait de l'énervement mais aussi de la tristesse, il semblait être agressif comme pour se protéger des autres et de lui-même.

- Adrian, tu sais très bien que je ne suis pas là juste pour te faire cracher des informations. Certes j'aimerais que tu m'aides mais je ne veux pas te brusquer, tu as traversé des... Choses que je n'imagine pas et c'est pour cette raison qu'un psychologue est venu de voir, pour t'aider. Moi, je suis là pour aider tes amis, si je n'étais pas obligé d'avoir des informations, je ne te ferais pas revivre ses souvenirs, mais la vie d'une trentaine d'adolescents sont entre vos mains, à toi et aux autres personnes retrouvées.

- Alors allez leur demander à eux. Soupira-t-il.

Apparemment, le discours de l'agent ne l'avait pas le moins du monde ouvert à elle. Elle commençait à perdre patiente mais continua à contrer ses paroles pour le mener dans ses retranchements et qu'il se décide enfin à parler.

- Je leur ai demandé, mais ils racontent chacun des versions différentes ou insensées. Je ne peux pas me contenter de ça. C'est pour cette raison que je suis là...

- Et si je sors une version encore différente, que ferez-vous ? Le défia-t-elle.

- Bon Adrian, je ne suis pas venue ici pour t'écouter m'insulter ou me défier. Donc si tu n'es pas capable de parler et d'aider ta petite amie, je ne reste pas plus longtemps à tes côtés. Je suis déjà venu deux fois et j'ai essayé de t'aider mais apparemment tu ne le comprends pas.

Elle se leva et le toisa de haut en bas. Il ne prit pas la peine de la regarder et fixa le mur en face de lui. Elle soupira et en traversant le pas de la porte, le salua:

- Au revoir et bon rétablissement.

Après qu'elle eut fermé la porte, la policière s'adossa contre le mur en soupirant. Cet homme l'avait sorti de ses gonds, elle avait perdu tout professionnalisme et s'était énervée contre lui. Elle se redressa et regarda dans le hublot de la porte; Adrian avait posé sa tête sur le coussin et regardait le plafond, sur ses joues des larmes roulaient pour finir par s'échouer sur le bord de sa chemise d'hôpital. Elle soupira et dû se faire violence pour ne pas rentrer dans la chambre une nouvelle fois et le prendre dans ses bras. Comme ça , il ressemblait à un enfant traumatisé à qui on aurait fait revivre des événements qu'il aurait voulu oublier. Comme cette descriptions lui ressemblait bien... Elle décolla son visage de la vitre et partit dans le couloir. 

La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant