Chapitre 43: Adrian

4 0 0
                                    

Aujourd'hui, enfin, il allait pouvoir rentrer chez lui. Voilà déjà quatre mois qu'il était dans cet hôpital, entre les séances de rééducation et les changements fréquents de chambre: il n'en pouvait plus.

Au début de la rééducation, il n'arrivait pas à faire plus de trois pas sans tomber de fatigue mais séance après séance, semaines après semaines il avait doucement progressé. Maintenant, il pouvait tenir deux heures debout.

Physiquement il allait mieux mais son esprit était torturé par Azélie et tous ces gens qu'il avait laissé là-bas...

Sa mère toqua à la porte de sa chambre d'hôpital et entra avec un grand sourire, sûrement le plus sincère qu'il avait vu depuis quatre mois. Il prit ses affaires et traversa les longs couloirs immaculés pour arriver jusqu'à l'accueil où sa mère avait déjà fait ses papiers pour attester de son départ. Quand il sortit dehors, une rafale d'air frais le gifla. Il reçut une bouffée d'angoisse au même moment, il s'arrêta comme en transe. Sa mère se retourna vers lui en jetant un regard inquiet à son fils qui ressemblait à un fantôme.

- Heu... Adrian, ça va ?

Il sembla reprendre contact avec la réalité et par un effort considérable commença à marcher vers la voiture sur le parking. Il déglutit difficilement et essaya de contrôler sa respiration.

Le trajet jusqu'à chez lui se déroula dans un silence inquiétant où les coups d'œil à la dérobé de Lou était très peu discret. Adrian regardait la route comme vidé de toutes émotions, ses pensées vagabondaient vers des contrées dangereusement désespérantes: Azélie...

Après que la voiture se soit garée, Lou fit entrer son fils qui se dirigea lentement vers sa chambre. Quand il entra, il ne se sentit pas comme de retour chez soi, voire même il se sentait étranger. Ses yeux vagabondaient sur ses posters et s'arrêtèrent sur une de ses nombreuses photos accrochées sur son mur. Il tendit la main pour décrocher la photographie et l'observa. C'était l'une de ses plus belles photos: sa silhouette et celle d'Azélie s'embrassant devant un coucher de soleil. Une larme glissa le long de sa joue alors qu'il relevait la tête et ce fut comme si tous les objets lui rappelant sa petite amie s'illuminaient. Tout autour de lui des photos, des figurines, des cadeaux, tout scintillait ! Il ferma les yeux très fort pour se cacher de toute cette tristesse que lui apportait ces souvenirs . Il tituba avant de s'asseoir sur son lit, ses mains appuyèrent sur son crâne dans une vaine tentative de faire disparaître ses émotions. Sa tristesse l'emporta comme dans un autre monde où il était le spectateur de ses moments passés avec Azélie.

Soudain sa mère toqua à sa porte le sortant brutalement de ses pensées avant d'entrer un plateau à la main dans la chambre du jeune homme. Adrian releva la tête et observa avec dégoût les aliments disposés sur le plat. Sa mère s'assit sur le lit en posant le repas entre lui et elle.

- Il faut que tu manges, le médecin l'a dit. Dit-elle.

- Je sais. Répondit-il.

Adrian tourna lentement ses yeux vers sa mère et l'observa avant qu'elle ne brise le silence :

- Adrian, il faut vraiment que tu manges. Si tu veux revenir au lycée et revoir tes amis, il faut que tu te remettes sur pied.

- Et si je n'en ai pas envie ? Murmura-t-il.

- Tu en auras envie dans quelque temps, c'est normal c'est le début.

"Le début de quoi ? " Pensa-t-il.
D'une nouvelle vie ? Mais n'en voulait pas de cette vie, son ancienne vie lui allait très bien mais pourtant elle était terminée. Plus rien ne serait jamais comme avant, il n'avait pas envie d'essayer de se reconstruire une vie, il n'avait plus envie de rien. À quoi servait sa vie, s'il ne voulait pas la vivre ?

Lou le tira de ses pensées en soupirant:

- Allez Adrian, s'il te plaît...

Chaque bouchée lui était plus difficile à avaler et l'envie de vomir grandissait, quand elle fut plus soutenable, il posa brusquement ses couverts et repoussa le plateau. Chaque bouchée lui était plus difficile à avaler et l'envie de vomir grandissait, quand elle fut plus soutenable, il posa brusquement ses couverts et repoussa le plateau. Sa mère le regardait puis posa ses yeux sur le plateau et sourit en le reprenant.

- Merci. Je t'aime.

Elle l'embrassa sur le sommet du crâne, il s'afficha d'un sourire et lui répondit qu'il l'aimait aussi en la regardant traverser le pas de la porte.

Son ventre gronda alors qu'il s'apprêtait à s'allonger, il se releva et courut vers sa salle de bains où vomit ce qu'il venait de manger dans les toilettes. Il se releva en tremblant, se rinça et pris l'initiative de se doucher.
Il regarda son torse dans le miroir, ses côtes n'avaient jamais été aussi saillantes et des cicatrices apparentes semblaient vouloir lui rappeler de ce souvenir qu'il aurait préféré oublier. Il entra dans sa douche, l'eau qui se mit à ruisseler sur son corps ne réussit pas à emporter son chagrin avec elle. Il laissa l'eau couler sur lui et ferma les yeux, ses muscles se décrispèrent petit à petit et ses larmes se mélangèrent avec l'eau de la douche. 

Quand il sortit de sa salle de bain, une serviette sur la taille, il entendit son téléphone sonner. Il le prit et décrocha. La voix de Luc se fit entendre de l'autre côté;


- Hey mec !!! Alors comme ça, tu es rentré chez toi ? C'est cool ! Ca va ?

Un mini sourire fleurit sur les lèvres d'Adrian qui répondit:

- Ouais, ça va et toi ?

- Ben ouais mec ! En vrai, on va pouvoir se revoir donc ça me remonte le moral !

Les souvenirs de leur bande d'amis lui remontèrent en mémoire et se focalisèrent sur le fait qu'une personne ne répondrait pas à l'appel.

- Heho mec, t'es là ? S'inquiéta Luc.

- Oui, excuse moi. J'étais dans mes pensées...

Il y eut un silence puis Luc reprit:

- Bon je vais devoir te laisser, faut que j'aille voir Perle. Bye !

- Okay, bye ! Merci de m'avoir appelé.

- De rien mec ! Finit Luc.

Il raccrocha et alla s'habiller, sa mère lui cria de venir. Il sortit de la chambre et trouva sa mère et Marissa devant la porte d'entrer. Il la salua et l'invita à venir dans sa chambre. Elle paraissait soucieuse et ne faisait que de tripoter le bord de son tee-shirt.
Elle avait beaucoup maigri, c'était indéniable et avait l'air de ne plus prendre soin d'elle: ses cheveux étaient attaché en un chignon négligé, elle ne semblait pas s'être maquillé et de grosse cernes ornaient son visage. Elle était sortie de l'hôpital une semaine avant lui mais sa peau blanche disait qu'elle n'était pas sortie dehors.

Elle s'assit sur le lit et commença d'une voix chevrotante:

- Comment on fait ?

- Heu... Je ne comprends pas. Rétorqua-t-il.

- Ce qui s'est passé pendant qu'on était là-bas, j'en ai parlé aux policiers, à mes parents mais tous me prennent pour une folle. J'ai demandé ou étais le livre sur "l'hypothèse d'un futur proche "ou quelques chose comme ça pour savoir mais... Mais les policiers l'ont brûlés car apparemment il... Il, heu, ne servait à rien .

- Ho non ! Putain non !

Il s'assit sur le lit en tremblant, un précipice venait de s'ouvrir sous lui. Le livre avait été brûlé, il n'avait aucun moyen de retrouver sa petite amie. Depuis son réveil en réanimation, il s'était promis d'aller la chercher, la sauver mais maintenant il ne pouvait plus. Il l'avait oublié, emmener à la mort, il avait provoqué la mort d'elle et de ses amis ! Il était un... Un meurtrier !

- Non non non non...

Marissa se tenait là, venant de réaliser l'énormité de la chose. Une larme glissa le long de sa joue alors que sa respiration se faisait plus saccadée. Elle balbutia:

- Putain, qu'est ce qu'on va faire ?!

Les poings d'Adrian se serrèrent alors qu'il se levait, son désespoir venait de se transformer en une colère incontrôlable. Il fit les cent pas dans la pièce en répétant ces mots:

- Qu'est-ce que j'ai fait ?

Son poing atterrit dans le mur en provoquant un bruit sourd, il frappa une nouvelle fois avant de poser son front contre le mur en laissant ses larmes couler. Ses genoux se dérobèrent sous lui et il tomba mollement assis sur le sol. Marissa s'avança prudemment et dit d'une voix douce:

- Adrian, ça va ?

Il se tourna vers elle, ses yeux rougis par les pleurs étaient emplis d'une douleur incomparable. Il murmura:

- Je l'ai laissé mourir, je les ai tous laissés mourir...

À cet instant, sa mère fit éruption dans la pièce, affolée par les coups. Lorsqu'elle vit Adrian à terre, les poings saignants, elle regarda Marissa qui paraissait aussi apeurée qu'elle. 

La tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant