Chapitre 24

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Mardi, 10 novembre
Mon souffle formait un nuage de fumée blanche devant moi, dû au froid s'étant rapidement installé à Blue Lake. Il n'avait pas encore neigé, mais ça ne devait plus tarder. Peut-être dans Quelques jours, tout au plus.

-Il fait froid merde!

On aurait pu croire que j'étais habituée à cet air glacé, mais c'était en réalité tout le contraire. Je faisais partie de ces personnes qui préféraient la plage et la chaleur, à la neige et au froid. Sentir le sable chaud et fin sous mes pieds... Je ne pus empêcher un léger sourire prendre place sur mon visage face à cette pensée. Malheureusement, il fut rapidement balayé puisque ma mère n'arrivait toujours pas, même si cela devait faire une dizaine de minutes qu'elle aurait dû arriver. Je l'attendais depuis un long moment dans le stationnement derrière l'école, le parcourant du regard à la rechercher de sa voiture, mais non. Toujours rien.

J'allai m'asseoir sur un banc, près de l'entrée d'en arrière, guettant toujours son arrivée. Je lui envoyai même un message, essayai de l'appeler, mais aucuns signes d'elle. Pourtant, il était marqué qu'elle avait été connectée il y a environ vingt minutes, alors pourquoi elle ne me répondait pas? J'avais froid, j'avais une tonne de devoirs et j'avais faim. Je voulais rentrée chez moi maintenant, pas dans deux heures.

Le pire là-dedans, c'était probablement que tout les autobus étaient partis et le prochain allait être que celui pour l'aide aux devoirs, à 18h. Il était 16h. L'attente allait être longue et je n'allais sûrement pas la passer à l'extérieur, au froid. Je me levai et avançai de quelques pas pour vérifier une dernière fois le stationnement, voulant rentrer au chaud par la suite, mon téléphone dans les mains.

Tandis que je regardais au loin, l'impatience grandissant en moi, un son retentit derrière moi. Je me figeais. Il n'y avait personne quand j'étais assise. Et si quelqu'un aurait sorti de l'école, j'aurais entendu les portes claquer. Alors, il restait peu d'options et je ne les aimais pas. Ma mésaventure du soir d'Halloween étant encore fraîche dans ma mémoire, j'eus un petit moment de paralysie avant de savoir quoi faire. J'essayais d'agir normalement, voulant donner l'air de n'avoir rien remarqué.

Je me dirigeais vers l'intérieur, non sans jeter un coup d'œil autour de moi avec ma vision spéciale. Elle était très pratique pour détecter des personnes cachées ou invisibles. Un éclat noir anormal attira mon attention, près d'un coin de mur.

Je ralentis ma marche avant de m'arrêter complètement, mes battements de cœur allant plus vite. À ma connaissance, les murs n'avaient pas d'auras, alors pourquoi celui-ci en avait une? J'abandonnais toute prudence, étant donné que j'étais déjà grillée, et m'approchais tranquillement. L'aura, qui avait l'air d'une ombre humaine, commença à légèrement vaciller au gré de mes pas.

Tout d'un coup, les portes de l'école s'ouvrirent avec bruit et des adolescents sortirent en riant. Je quittais des yeux l'ombre pendant quelques secondes à peine, surprise. Lorsque je me tournais de nouveau vers le coin, elle avait complètement disparu. Je soupirais, peu joyeuse de savoir qu'un truc pouvant être à la solde de ceux ayant essayé de m'enlever avait été là, m'observant.

Je me dirigeai vers mon sac que j'avais laissé près du banc, tandis que les jeunes passèrent à côté de moi. Ils me jetèrent un coup d'œil et s'en allèrent à une voiture, ne prêtant pas plus d'attention qu'il ne le fallait.

Je regardais mon téléphone pour savoir si ma mère m'avait répondu et  je murmurais, frustrée:

-Mais elle est où?

Je commençais à avoir mal aux doigts à cause du froid et mon impatience grandissait. Je décidais de rentrer à l'intérieur et, tant pis si ma mère arrivait dans une ou deux minutes. Elle n'avait qu'à arriver à l'heure. Je mis mon sac sur mon épaule et me penchai pour ramasser ma boîte à lunch, mais fut prise au dépourvu une autre fois par une personne:

-Mina? Tu n'es pas encore partie?

Je me relevais à l'entente de la voix d'Ayden, ma boîte à lunch dans en main. Il était à quelques mètres de moi, près des portes.

-Non, ma mère est en retard, et, honnêtement, je ne crois pas qu'elle va arriver bientôt.

-Oh... Eh bien, je pourrais t'amener si tu veux? Proposa-t-il en s'approchant plus près.

Je secouais la tête et lui souris avant de lui répondre:

-Tu es gentil, mais je crois que je vais l'attendre.

-Tu es sûre?

-Oui, ne t'inquiète pas. Je vais essayer d'être patiente, c'est tout.

Il hocha sa tête blonde, mais il ne s'en alla pas immédiatement. Il semblait dubitatif, l'air de vouloir me poser une question sans vraiment oser.

-Qu'est-ce qu'il y a, Ayden? Demandais-je en penchant la tête sur le côté.

-Tu es vraiment certaine que tu ne vas pas que je te raccompagne? Avec ce qui c'est passé...

-Donc, Ethan t'en a parlé, constatais-je en remettant ma tête droite.

-Oui, effectivement. Il m'a aussi dit que maintenant tu savais à propos de notre... nature, dit-il en hésitant sur le mot à employer.

-Ah, ouais. Je sais que la famille d'Ethan et George sont des loups-garous, mais je ne sais pas plus que ça.

Mon cœur se serra. Je détestais mentir autant à ces gens, surtout qu'ils étaient bienveillants envers moi. J'avais l'impression de n'être qu'une actrice dans un film. Le pire là-dedans, c'était que je jouais à merveille.

-Donc, tu ne sais pas ce que je suis? Avança-t-il en levant un seul de ses sourcils.

-Non, mais je suis-

Mon téléphone sonna dans ma main pratiquement gelée, me coupa net dans ma phrase.

-C'est ma mère.

-Alors, tu devrais répondre, non?

-Mais je veux savoir ce que tu es! Je ne pourrais pas dormir de la nuit si je ne le sais pas! Dis-je, la sonnerie de mon téléphone s'interrompant, laissant place à ma messagerie vocale.

-Tu devrais répondre, ta mère va s'inquiéter.

-Oui oui, mais-

-Alors, répond! Quant à moi, je vais y aller!

Il commença à s'éloigner en m'envoyant la main.

-Eh, reviens ici! Je n'ai pas fini de te parler, criais-je.

Je le laissais partir quand même, la gorge serrée. Il n'avait rien capté à mes mensonges. J'aurais préféré le contraire, juste pour avoir quelqu'un à qui me confier quand j'en pouvais plus. J'imagine que je vais vivre avec ça pour le reste de mes jours, pensais-je tristement en baissant la tête vers mon cellulaire, vibrant de nouveau. Je décrochais enfin, demandant:

-Maman? T'es où? Je t'attends depuis un bon moment.

-Je sais, je suis désolé ma chérie, j'avais beaucoup de travail au bureau et je n'ai pas vu le temps passé... Je devrais arriver dans pas trop longtemps, m'affirma-t-elle presque en criant dans mes oreilles.

Elle devait être en Bluetooth pour parler aussi fort. Elle pensait qu'elle devait crier pour se faire entendre, alors qu'elle n'avait qu'à parler un peu plus fort. Ça me faisait bien rire en temps normal, malgré que je devais éloigner le téléphone de mon oreille pour garder mon ouïe. Sauf qu'aujourd'hui, ou tout les jours ces temps-ci, ça m'irritait plus que cela m'amusait.

-D'accord, à tout à l'heure, je t'aime, répondis-je sans entrain.

-Je t'aime aussi, ma chérie!

Je raccrochais et fourrais mon cellulaire dans ma poche, avec un soupir. Après des dizaines de minutes d'attente, j'allais enfin pouvoir rentrer chez moi.

GarouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant