Chapitre 4

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PDV d'une Mina en panique
Non. Non non non. Cela ne pouvait pas arriver. Je ne voulais pas ça. Je n'avais jamais voulu me retrouver avec un âme sœur, surtout un qui me bavait dessus. Sans blagues, son filet de bave était à deux doigts de tomber sur mon visage, ce qui était dégoûtant. Cela me fit même sortir de ma contemplation de ses yeux orangés et, je devais l'avouer, magnifiques.

Je le poussai pour me débarrasser de lui, l'adrénaline me donnant assez de force pour l'ôter de moi. Je ne fus pas la seule à être surprise par ma force soudaine, d'après la réaction du loup. Un gémissement provint de lui, me provoquant un pincement au cœur. Non, ne culpabilise pas. C'est lui qui a sauté sur toi sans scrupule, pensais-je en me levant. Je m'éloignais de lui en courant en direction de ma maison, ne voyant pas quoi faire d'autre.

Je pouvais entendre le lycanthrope me pourchasser certains mètres derrière. Heureusement pour moi, il était lent. Il devait être réellement blessé pour ne pas me rattraper.

 Les branches me griffaient le visage et les mains quand je les écartais. Je fus près de trébucher à plusieurs reprises à cause des racines et des pierres dans le sentier accidenté. Rapidement, j'eus l'impression que mes jambes étaient devenus du coton. Par chance, j'aperçus ma maison entre les arbres une fraction de secondes plus tard. Je redoublais d'efforts, espérant arriver au plus vite. Je pris vaguement conscience à la sortie du chemin que je n'étais plus suivie, cependant, je ne m'arrêtais pas de courir pour autant. Je le fis rendue sur le porche, essoufflée et rouge de par la course-poursuite. J'observais le sentier en me reposant. Maintenant que je le regardais mieux, il me faisait peur. Il s'enfonçait dans la forêt et par les endroits les plus denses, c'était sombre. De plus, il était extrêmement mal entretenu. Je doutais y retourner un jour.

 Je me secouais pour ôter la crasse sur moi et rentrais à l'intérieur, un petit sourire sur le visage dû au soulagement. J'avais réussi à échapper à ce fou.

-Mina Falls, où étais-tu...passé...

Ma mère se tenait devant moi, les bras sur les hanches avec une expression ahurie. Oupsi. Elle va pas me disputer j'espère?

-Dans les bois? Je vous avais dit que j'allais me promener.

Elle m'examinais toujours avec les yeux ronds, tandis que je me demandais si je devais monter dans ma chambre ou rester planter là. Au bout d'une minute, ma mère était toujours en face de moi, la bouche entrouverte, sans avoir dit un seul mot. Et moi, j'espérais qu'elle ne se fâche pas.

-Bon, je vais aller me laver moi, déclarais-je en me grattant le crâne.

Je passais à côté d'elle en retenant mon souffle, de peur qu'elle m'arrête pour me passer un savon. Au contraire, elle ne fit rien, se contentant de me suivre du regard, ce qui fit accroître mon malaise.

-Mina? m'appela-t-elle lorsque je fis rendu au pied des escaliers.

-Oui? répondis-je d'une petite voix aigue.

-N'y retourne plus.

Je laissai l'air passer de nouveau dans mes poumons, heureuse qu'elle ne me dispute pas plus que ça.

-Je ne crois pas que je vais y retourner de sitôt, la rassurais-je en souriant, avant de continuer d'aller à ma chambre.

Rendue, je cherchai un pyjama tout en réfléchissant aux récents évènements. Donc, pour résumé, un loup-garou m'avait sauté dessus et il s'est avéré que cet impoli était mon âme sœur, songeais-je en soupirant. Je rentrai dans la salle de bain, espérant que l'eau brûlante de la douche pourrait m'aider et, accessoirement, à nettoyer la terre et autres choses sur ma peau.

Par chance, je connaissais un peu les croyances et la culture des loups-garous, puisque j'avais déjà consulté l'un des livres de mon ancien meilleur ami. Les loups vénéraient la lune et la terre et avaient toutes sortes de rituels, incluant le fameux rituel de la pleine lune. Toutefois, la croyance la plus importante à leurs yeux était sans doute celle des âmes sœurs. Il avait peu d'informations à ce sujet, puisque c'était arrivé très peu de fois. 

J'avais lue une information très importante à mes yeux; les âmes sœurs pouvaient difficilement vivre éloignés. Ce qui voulait dire que je devais rester à ses côtés le reste de ma vie. Cela me faisait pas du tout envie. Je ne voulais pas devenir dépendante de quelqu'un. J'avais prévu de me faire une vie après l'école, de voyager, découvrir des cultures différentes à la mienne et j'en passe. Seulement, la présence d'un âme sœur gâchait mes plans d'avenir.

D'où ma réaction de tout à l'heure. Je m'étais enfuie, car je ne savais pas que quoi faire d'autre. De plus, je devais l'avouer, cela m'avait effrayée, bien plus que je voulais l'admettre.

J'arrêtais l'eau, mes pensées encore plus en désordre qu'avant d'avoir été sous la douche. Après avoir mis mon pyjama, qui consistait en un t-shirt trop grand et des pantalons courts, je montai dans ma chambre en prenant soin d'éviter le salon, d'où je pouvais entendre la télévision jouer. Mes parents devaient regarder leur programme favori, un documentaire sur l'histoire, comme d'habitude.  S'ils me voyaient, ils ne manqueraient sûrement pas de me disputer pour avoir été dans la forêt seule et sans rien pour me défendre. En pensant à cela, ma mère ne m'avaient ni questionner, ni chicaner. C'était très surprenant, surtout d'elle.

La première chose que je fis en arrivant dans ma chambre fut de me jeter sur mon lit et de mettre mes mains sur mes yeux. De cette manière, je réessayais de mettre de l'ordre dans mes pensées une nouvelle fois.

-Bon, résumons une nouvelle fois, murmurais-je en me levant pour aller à mon bureau, j'ai trouvé mon âme sœur qui est un loup-garou très stupide, malgré le fait que j'en ai jamais voulu. Je ne connais rien sur lui et je ne sais pas comment est son aura, car j'ai encore oublié de regarder. Qu'est-ce que je fait? continuais-je en faisant tourner la chaise, le regard fixé au plafond.

J'inspirais et expirais de dépit, rien me venant à l'esprit. Je jetai un coup d'œil distrait à mon miroir, tout en cherchant un plan. Je me redressai légèrement à la vue de mon reflet et touchai mes joues, mes yeux verts écarquillés.

-Purée.

Il y avait des lignes rouges dont je n'avais pas remarqué l'existence tout à l'heure. À cause de ça, on allait me poser toutes sortes de questions et me regarder de travers à l'école. Je doutais que le maquillage pouvait aider à cacher ça, même si elles étaient petites.

Je poussais un nouveau soupir et allais me coucher sur mon lit, exténuée de cette première journée d'école.

GarouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant