Chapitre 41

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Étendue sur le lit de ma cellule, j'observais fixement le plafond. Je mentirais si je disais que je ne pensais pas aux choses s'étant passé il y a deux jours. Il m'était impossible de ne pas y penser. Si je devais comparer la sensation que me donnait ces images, je les dirais semblables aux rares maladies que j'avais attrapé, plus jeune. J'en avais presque jamais, mais c'était si horrible que je peinais à sortir du lit.

Heureusement, ou malheureusement, tout dépendant du point de vue, j'avais autre chose à penser. Je devais mettre le plan conçus avec Aki à exécution ce soir. Ça va pas être de la tarte, vu le nombre de personnes sur le navire, pensais-je, sentant le découragement poindre. De plus, je ne suis même pas certaine qu'Aki puisse s'évader après son passage à tabac par les vampires... Car, oui, il s'était "juste" fait frapper plusieurs fois par ces deux bouses. Je m'étais imaginé pire, comme une sorte de torture perverse, ou autres. Pas besoin d'en rajouter, pas vrai? 

Je me donnais une claque mentalement pour me débarrasser du désespoir s'emparant de moi. C'était ni le temps, ni l'endroit. J'examinais l'heure, vérifiant qu'il était assez tard, et constatait qu'il était près de dix heures. C'était maintenant, j'allais mettre le plan en route. Le garde de nuit était sûrement en poste et allait rester seul pour les prochaines heures. Je devais le neutraliser pour m'enfuir rejoindre mon ami. Rassemblant mon courage, je me levais difficilement et cognais à la porte pour attirer l'attention du garde de l'autre côté.

-Qu'y a-t-il? Pourquoi t'es pas encore couchée?

Sa voix me parvint étouffée. Je devais le faire ouvrir la porte pour savoir sa nature. S'il était vampire, cela allait être plus difficile pour moi de le neutraliser.

-Je me sens pas bien, je crois que j'ai le mal de me-

Je prétendis retenir un vomissement. Étant habituée à mentir, prétendre être nauséeuse ne devrait pas être trop compliqué.

-Vraiment? Et pourquoi tu ne l'as pas dit avant? lâcha-t-il, suspicieux.

-Les autres soirs, la mer n'était pas aussi agitée. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être dans une machine à laver!

J'entendis un soupir, puis des clés s'entrechoquer. J'avais réussi! Il ouvrait la porte! Si je ne devais pas continuer à feindre une maladie, j'aurais fait une danse de la victoire. 

-Je t'amène à la toilette, cinq minutes. Pigé?

Son aura était celle d'un loup-garou. Je l'observais avec gratitude une trentaine de secondes en me tenant le ventre pour renforcer mon mensonge. Je remarquais une dague et un pistolet étaient accrochée à sa hanche. Allez, la partie dangereuse est enclenchée à présent. Il n'y a pas de retour en arrière.

Je titubais jusqu'au garde, réellement déséquilibrée par les remous du bateau. Quel fut son étonnement quand mes pieds s'accrochèrent, me faisant tomber sur lui! J'eus le temps de voir sa surprise, son dégout, puis sa colère se peindre sur ses traits avant de me faire repousser. Il me fit heurter la paroi de métal derrière moi, avant de cracher:

-Non, mais tu fous quoi? Je t'ai pas fait sortir pour que tu fasses n'importe quoi!

-C'est vrai, fit en relevant la tête, vous m'avez fait sortir parce que je vous l'ai demandé.

Il eut à peine le temps de prendre conscience de son erreur que je me jetais sur lui dans le but de l'assommer pour deux bonnes heures.

***

Je regardais le pistolet à fléchettes d'ensommeillement et la dague dans mes mains et les serrais contre mon cœur. J'étais sur la route de la cellule d'Aki, que j'avais difficilement mémorisé en une fois. Malencontreusement, j'avais dû tomber sur deux subordonnées gardant le couloir de la prison d'Aki. Je me cachais, mais je savais qu'elles allaient me découvrir d'une minute à l'autre. J'étais incertaine de la démarche à suivre. Passer devant elles en espérant ne pas me faire remarquer? Les attaquer? Continuer à me cacher jusqu'à ce soit trop tard? Ou peut-être...les envoyer dans le pays des rêves comme l'autre? songeais-je en jetant un coup d'œil au pistolet. 

GarouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant