Chapitre 9

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-Salut Vic, on se revoie lundi! dis-je à mon amie tout en lui envoyant la main et en m'éloignant vers la voiture de ma mère.

-Bye Mina! À lundi!

Je monta à l'intérieur de l'automobile et fit un sourire fatigué à ma mère, totalement exténuée de ma soirée. Passer la fin de la journée à essayer de résoudre des problèmes de mathématiques sans rien comprendre n'était pas reposant. Surtout un vendredi après l'école.

-Bonsoir ma chérie, comment c'est passé ta soirée? Demanda ma mère tandis que l'on démarrait pour quitter la cour de la famille de Victoria.

-Plutôt bien... Vic m'a aidé à comprendre quelques numéros, donc je suppose que cela c'est bien passé, répondis-je en mettant ma tête sur la fenêtre pour regarder à l'extérieur.

Je ne lui demanda pas comment c'était passé la sienne, trop préoccupée à penser à d'autres choses comme dormir. J'observais l'extérieur tandis que l'on avançait sur le petit chemin de terre, me reposant un peu grâce au silence. La noirceur habillait la forêt autour de nous, la rendant sombre et inquiétante. Au moins, il y avait la lune qui brillait dans le ciel, permettant de voir un peu ce qui se passait dehors. Autrement dit, la nuit parfaite pour aller se promener. Surtout pour un loup. Victoria allait sûrement faire un tour maintenant que j'étais partie. Ou Ethan.

Je retins un soupir, n'en pouvant franchement plus de mon esprit qui n'arrêtais pas de revenir à lui. Même durant ma rencontre avec mon amie, j'avais eu beaucoup de peine à me concentrer à cause de cela. J'avais beau ne pas vouloir de lien avec cet idiot, mon corps entier me rappelait sans cesse que je n'avais aucuns choix là-dessus. Cela m'énervait, moi qui était habituée à ne pas avoir à dépendre d'une personne extérieur à ma famille et moi-même. Ça ne m'aurait pas dérangé de ne jamais le rencontrer et d'avoir jamais eu d'âme sœur.

-Mina?

-Oui?

Je tourna ma tête vers ma mère un peu surprise, ayant totalement oublié qu'elle était là.

-Ça va? Tu as l'air contrariée, dit-elle en jetant de brefs regards inquiets dans ma direction.

-Oui, oui, je suis juste un peu fatiguée, mentis-je tout en ayant connaissance qu'elle saurait que c'était des bobards.

-D'accord...

Elle fit une moue déçu, ce qui me fit déplorer mon mensonge. Il était vrai que je ne lui mentais que très peu et que je me confiais souvent à elle, mais je ne préférais rien lui dire à propos de mon âme sœur et du monde des surnaturels. Elle m'enverrait à coup sûr chez un psychologue, convaincue que cela serait une bonne chose. Ma mère m'aimait beaucoup et s'assurait toujours que j'allais bien et que j'étais en santé. Son attitude protectrice me faisait souvent regretter de ne pas avoir de frères ou de sœurs, histoire qu'elle me lâche au moins deux minutes et qu'elle ait d'autres personnes à s'inquiéter pour. Bref, pour en revenir à sa déception, je pouvais la comprendre, puisque je n'aurais pas aimé être à sa place. C'était toujours agréable de n'avoir aucuns secrets avec sa famille, mais il y avait certaines choses qui étaient nécessaires à garder sous silence.

10 minutes plus tard
Je sortis de la voiture quelques secondes après que ma mère ait arrêté la voiture, la fatigue me poussant à vite rentrer et me coucher. Aucune de nous deux avait rajouté quoique ce soit après notre discussion, chacune plongée dans ses propres pensées. Et à présent que nous étions arrivées, j'étais trop épuisée pour parler de ma journée.

Je traîna des pieds jusqu'à ma chambre, regarda l'heure; 8h25; et décida de ne pas aller me doucher avant de mettre mon pyjama. J'aurais le temps le lendemain et je n'avais pas assez d'énergie pour faire ça.

Ce fut avec les couvertures au-dessus de mes épaules et un dernier regard au ciel étoilé que je m'endormis, me glissant ainsi dans le monde  pas tant merveilleux des rêves.

J'ouvris mes yeux et fus surprise de ne pas voir le plafond de ma chambre comme il devrait, mais plutôt un ciel nuageux et déprimant. Je me leva doucement, vérifiant qu'il n'y avait aucuns dangers aux alentours. Je ne fus qu'encore plus confuse. Je n'étais pas dans un endroit familier, mais dans une plaine très étrange. En effet, à la place de l'herbe verte, des brins d'un gris écœurant recouvraient toute la plaine et l'horizon, ne laissant rien de verts, s'il y avait dans cet région, transparaître. Je commença à marcher, ne sachant pas quoi faire d'autre, des frissons  me parcourant sans arrêt. Cet endroit me faisait tellement peur, comme si mon être savait que cette plaine était maudite. Soudain, sortis de nulle part, un cri  de corbeau retentit dans ce lieu que je croyais inhabité, me faisant ainsi sursauter. Je m'arrêtais pour regarder de nouveau autour de moi. Un autre cri résonna et je me rendis compte que ce n'était pas du tout un corbeau. Le bruit s'apparentait plus à l'homme qu'à l'animal. De plus, cela ressemblait beaucoup à un cri de détresse. Je me mis à courir dans sa direction, inquiète pour la personne ayant crié.

Au bout d'une minute environ, une colline se profila à l'horizon, se rapprochant de plus en plus à chacun de mes pas. La même herbe la tapissait, mais autre chose, rouge et liquide tachait l'herbe grise. Je déglutis et essaya de m'arrêter, me doutant de ce que c'était. J'en fus toutefois incapable, mes jambes continuant leur course effrénée vers la source du hurlement qui avait retenti plus tôt. Lorsque je fus à la moitié de la butte, j'eus l'impression que des milliers de chaînes me retenais de faire un seul pas de plus et, lorsque je baissais les yeux, je me rendis compte que c'était bel et bien le cas. Des chaînes dorées et chaudes s'enroulaient autour de moi, m'empêchant d'avancer plus loin. Je commençais à me débattre, le sentiment de panique montant en flèche et tordant mon estomac. Malgré mes efforts désespérés pour m'en débarrasser, le métal continuait de se resserrer, même qu'une d'entre elles se mit autour de mon cou pour m'étouffer. Je continuais à me débattre pour me libérer de leurs prises maléfiques, mais devient bien vite fatiguée et étourdie.

-Lâchez-moi sales merdes! Criais-je dans un ultime effort désespéré.

Leur réponse fut une compression sur ma gorge, rendant la respiration presque impossible. Mes poumons me brûlaient et des larmes coulaient sur mes joues, l'air me manquant cruellement. Ma vue devint trouble et je me sentis peu à peu faiblir et à tomber dans l'inconscience, un sentiment de défaite poignant au cœur.

Je me réveilla en sueur et avec des tremblements qui me secouaient entièrement. Mon cœur battait à mille à l'heure et mon souffle était saccadé dût à mon besoin d'oxygène présent. Je regarda autour de moi, réalisant petit à petit ce qui venait de se passer. Je n'étais pas en train de me faire tuer par des bouts de métal doués d'une volonté propre, mais je venais de faire un rêve. Un rire nerveux traversa mes lèvres face à cette évidence. Qu'un simple rêve qui avait l'air réel. Et pourtant, j'avais eu si peur! J'avais vraiment eus l'impression d'étouffer et cela m'avait totalement fait paniquer. Je ramena mes genoux vers ma poitrine et massa mon coup à l'endroit où les chaînes avaient serré pour tenter de me rassurer.

Je ne me rendis compte de l'heure que quand je fus complètement calmée quelques minutes plus tard. Une heure du matin. J'avais tellement eu la frousse que je n'avais même pas remarqué ce détail important. Une chance que nous étions vendredi; ou samedi plutôt; car je ne pourrais sûrement pas me rendormir suite à ce cauchemar. J'espère que c'était la dernière fois que je rêvais à ça, car, aussi non, je vais totalement être crevée pour l'école, pensais-je avant de me lever pour prendre une bouteille dans le frigo tout en prenant soi de ne pas réveiller mes parents.

Certaine que je ne pourrais plus dormir, je pris mon téléphone et me mit un peu de musique, avant de prendre mon carnet à croquis et à commencer de dessiner tout ce qui me passait par la tête. J'espérais vraiment que cela serait le dernier rêve de ce genre que je faisais. Il le fallait ou je ne pourrais plus jamais dormir.

GarouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant