Chapitre 27

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Jeudi, 12 novembre
La cloche retentit dans l'école, à mon plus grand bonheur. J'en pouvais plus de rester assise à écouter des gens. J'avais envie de bouger, et ce, maintenant.

Je rangeais mes affaires et mis ma chaise sur mon bureau. Je prenais mon temps, ne voulant pas être prise dans le flot d'élèves pressés. Je détestais me retrouver dans des foules. Je me sentais coincée à l'intérieur de celles-ci.

Lorsque je décidais que je pouvais y aller, il n'y restait plus que quelques personnes, sûrement ceux qui ne prenaient pas l'autobus. Je me mis en chemin pour me rendre à mon casier, pensant à la quantité astronomique des devoirs que l'on m'avait donné et du peu de temps que j'avais pour les finir. Sérieusement, les professeurs avaient un vrai problème avec ça. Ils donnaient l'impression de ne pas savoir ce qu'était le temps libre.

-Dis donc, tu en as pris du temps! Fit Ethan en me voyant arriver.

-Si tu veux, je peux y retourner et je reviens dans deux heures, rétorquais-je en le poussant de ma porte, où il s'était appuyé le dos en m'attendant. Ça serait encore plus long!

-Non, ça va. (Il me regarda préparé mon sac et demanda:) Prête pour l'entraînement?

-Je crois que oui.

Je claquais la porte de ma case et me tournais vers lui, mon sac d'école sur l'épaule et celui de sport dans ma main.

-Est-ce qu'il y a un vestiaire où tu m'amènes? L'interrogeais-je en me dirigeant vers la sortie.

-Ne t'inquiète pas, il y en a un. Il y même des toilettes!

-Et j'imagine qu'elles sont aussi les vestiaires? Plaisantais-je.

-Peut-être, répondit-il en se grattant la nuque.

Je levais les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres.

-J'imagine que je vais m'en contenter.

***

Avais-je été surprise de voir l'endroit où j'allais m'entraîner avec l'aide d'Ethan? Oh que oui. Quand il s'était garé en face de chez lui, je m'étais d'abord dit que le terrain d'entraînement devait être dans le sous-sol des Owens. Lorsqu'il se dirigea plutôt vers l'énorme hangar à avions, je ne pus m'empêcher d'être confuse. Une salle de sport, dans cet endroit décrépis?  Le toit avait été rafistolé avec des plaques tôles dépareillées et la peinture orange des murs ne paraissaient quasiment plus. 

-Ne me dis pas qu'on va s'entraîner là-dedans? Demandais-je alors qu'Ethan s'apprêtait à ouvrir une porte de trouvant sur le côté du bâtiment. On dirait que c'est sur le point de tomber en ruine!

Pour seule réponse, il me donna un sourire en coin et poussait la porte. Ce que je vis me donna envie de ravaler mes paroles. À l'extérieur, le hangar avait l'air vieux et endommagé par les intempéries, mais à l'intérieur, c'était tout le contraire. Une grande salle s'étendait devant moi, séparée en plusieurs sections selon l'équipement moderne s'y trouvant. Il y avait une piste de course et, au fond, deux autres pièces. C'était beaucoup plus impressionnant que je l'aurais cru.

-Et elles sont où les toilettes? 

-C'est la porte à gauche, m'indiqua-t-il en pointant l'une des portes des pièces du fond.

-Et qu'est-ce qu'il y a derrière l'autre?

-L'armurerie.

-L'armurerie? Vous avez une armurerie? répétais-je, impressionnée.

-Toutes les familles alphas en ont une. Nous nous en avons besoin pour nous défendre en cas de conflits.

-Oh, je vois. 

J'éprouvais un certain malaise devant ce fait. Je savais que les loups-garous avaient souvent des « guerres », invisibles aux yeux des humains, mais me le faire confirmer par l'un d'eux me faisait bizarre.

-Je vais aller me changer maintenant, annonçais-je après un bref silence.

-D'accord, je t'attends ici!

Je le laissais préparer le terrain et allai me changer, ne souhaitant point creuser ce sujet plus.  

  ***

-Allez, encore deux longueurs! Me cria Ethan, à l'autre bout de la piste.

Je lui aurais bien dit une réplique cinglante, si j'aurais été capable de respirer correctement. Trois longueurs, une seule équivalant à vingt mètre, suffisaient amplement à m'épuiser. Normalement, mon endurance était acceptable, mais depuis mes nuits où je dormais à peine, j'avais l'impression que mes capacités avaient été réduites de moitié.

-Ton temps n'est pas si mal, mais je crois que tu aurais pu faire mieux, affirma Ethan, alors que j'essayais de reprendre mon souffle sur un banc.

Pour seule réponse, je lui fis un doigt d'honneur. Je n'avais pas besoin d'un rappel. Je savais parfaitement que je pouvais faire mieux, j'étais habituellement très endurante.

-Je ne disais pas ça pour t'insulter, Mina. C'est juste que je pense qu'il faudrait peut-être que tu fasses un peu plu d'efforts.

-Un peu plus d'efforts? m'étranglais-je en lui lançant un regard foudroyant. Essaie de ne pas dormir à moitié et tu me diras si t'es capable de faire « un peu plus d'efforts », rétorquais-je en reprenant ses mots.

-Tu pourrais demander à Ayden de te préparer une potion de sommeil. Il est doué pour ça, et puis, ça t'aiderais, me conseilla-t-il en venant s'asseoir à mes côtés.

-Ce n'est pas une mauvaise idée.

Je pris une longue gorgée d'eau de ma bouteille, ayant l'impression que ma gorge était devenue le désert du Sahara, et rajoutai:

-Tu ne devais pas m'enseigner à me battre? Parce que, là, ça ressemble plus à des épreuves d'athlétismes qu'un entraînement au combat, lui fis-je remarquer en me tournant vers lui.

Il ne m'avait pas écouté du tout. Il se débattait avec son chronomètre, tentant de le remettre à zéro, sans y parvenir. Il jurait et semblait près de l'écrabouillé dans ses mains. Cela m'arracha un sourire, le voir tenter de faire une chose si facile avec difficulté étant assez comique.

-Donne-moi ça, ordonnais-je en lui volant des mains.

Nos doigts se frôlèrent, provoquant des frissons agréables traversant tout mon corps en entier. Je cachais mon étonnement en me focalisant sur le chronomètre, ne m'y ayant point attendu. Ce n'était pas la première fois que nous nous touchions, et pourtant, je n'avais pas ressenti cela auparavant. Un truc de plus à rajouter à la liste des choses étranges que j'avais ressentis ces derniers mois.

-Tu n'as jamais utilisé de chrono avant? le narguais-je en lui rendant.

-Si, mais je n'y suis pas habitué, c'est tout, se défendit-il en le prenant. Comment tu as fait? rajouta-t-il en fronçant les sourcils.

-Tu vois le bouton, juste là? Tu dois appuyer dessus et sur celui-ci ensuite.

Il fit un test et n'en fut pas capable. Il tentant un autre essaie, sans réussir encore une fois. Après le quatrième coup, à bout de nerfs, il lança le pauvre chronomètre à l'autre bout de la pièce. Nous l'entendîmes heurter le mur d'en face et se briser en milles morceaux.

-Oups, émit Ethan, tandis que je me tordais de rire.

GarouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant