Garou

Prologue

PDV de Mina, notre très chère personnage principale

Un déménagement. C'était une chose qui pouvait être vue comme une bénédiction, ou une malédiction. J'hésitais encore entre les deux. Une nouvelle ville, de nouveaux amis, bref, une nouvelle vie. C'était souvent le début d'une histoire, banale la majeur partie du temps. Du moins, dans la réalité. Dans les livres et les films, c'est toujours incroyable, pensais-je en observant le paysage défilé sous mes yeux.

-Voilà, nous sommes arrivés, s'écria ma mère en arrêtant la voiture.

J'ouvris aussitôt la porte de la voiture, incapable d'endurer la chaleur étouffante à l'intérieur de celle-ci. Deux heures dans un espace aussi petit, et je commençais à être irritable. Je n'appréciais guère rester assise durant aussi longtemps sans rien faire. J'avais bien essayer de dessiner un peu pour passer le temps, mais toutes mes tentatives avaient été catastrophiques. Il y avait trop de nid de poules dans les routes pour faire une esquisse digne de ce nom.

-C'est...pas si mal, fit ma mère alors qu'elle débarquait elle aussi, tout en observant notre nouvelle maison.

-Ça serait pas si mal si ça n'était pas au fin fond de nulle part, grommelais-je, rendue de mauvais humeur par le long trajet.

Essayer de passer des heures dans une voiture, en ayant vos règles...C'était très désagréable, je pouvais vous le garantir.

-Bon, les déménageurs devraient bientôt arriver. Mina, si tu veux, rentre visiter, moi et ta mère allons rentrer nos choses à l'intérieur en les attendant, dit mon père en regardant sa montre.

-D'acc'.

J'attrapais les clés que mon père me lançait et me dirigeai vers la porte d'entrée, curieuse de voir l'endroit. Pour l'instant, l'extérieur était joli. L'habitat ressemblait à un chalet et j'aimais bien ce style.

Lorsque j'ouvris la porte, une odeur de renfermé envahit mes narines et pour une bonne raison; la maison n'avait pas été habitée depuis deux ans. Après ce temps, les anciens propriétaires avaient décidé de baisser le prix et c'était à ce moment-là que ma mère avait aperçu l'annonce sur internet. Elle qui voulait changer de paysage, elle avait été folle de joie. C'était différent de la ville.

J'avançai dans le hall et ne pus m'empêcher de sourire. C'était poussiéreux, pourtant, il restait chaleureux.

Le hall s'ouvrait sur une pièce spacieuse à ma droite et à ma gauche se trouvait un mur avec un garde-robe pour les manteaux et souliers. Une grande baie vitrée donnait sur l'extérieur et illuminait ce que devait être le salon. J'avançais et trouvai l'escalier un peu plus loin, près de la cuisine.

Lorsque je fus en haut, je vis quatre portes, chacune s'ouvrant sur une pièce vide. La pièce tout au fond était ma préférée. Bien qu'elle fut petite, ses murs crèmes et la fenêtre la faisait paraître plus grande. J'allai ouvrir la fenêtre pour essayer de faire disparaître l'odeur et pour observer la vue de là. Elle donnait sur la forêt, qui était magnifique à ce temps-ci de l'année. Je soupirai et m'accoudai sur les rebords, voulant m'accoutumer à cette nouvelle vue, tellement différente de celle de mon ancienne maison. C'est un changement radical, notais-je en profitant de la brise automnale sur mes joues.

-Mina! Où es-tu ma chérie? entendis-je ma mère crier.

-En haut! répliquais-je, sans détacher mon regard de la forêt.

Elle était si belle... Je mourrais d'envie d'aller l'explorer.

-Tu viens de trouver ta chambre? demanda de sa voix douce ma mère en arrivant dans la pièce.

-Je crois que oui, répondis-je en lui faisant une place à côté de moi.

Nous ne parlâmes pas pendant un moment, observant toutes les deux la vue. Le spectacle que donnait les arbres, très colorés à ce temps-ci de l'année, m'enchantait. Cela m'inspirait, me donnant plein d'idées pour de nouveaux dessins. C'était mieux que l'autoroute.

-Comment tu trouves la maison? Et la ville? Ils te plaisent?

-C'est beau. Le lac est charmant.

-C'est vrai. C'est dommage que nous le voyons pas d'ici, lâcha ma mère avec un soupir.

Je l'observais un instant. Elle paraissait fatiguée. C'était normal, puisqu'elle était restée debout tard souvent ces temps-ci. Le déménagement l'avait rendu inquiète, avec tous les détails qu'elle et mon père devait régler. Néanmoins, elle restait l'une des plus belles femmes à ma connaissance. Ses cernes et son teint terne lui donnaient peut-être l'air d'être malade, mais peu importe. J'aurais aimé lui ressembler un peu plus. Avoir ses yeux gris, son teint d'albâtre, ses formes... Je la voyais bien dans un magazine de mode.

Mon père nous appela de l'étage d'en dessous:

-Les déménageurs sont arrivés! Descendez et venez aider à placer les meubles!

Je soupirai et regardai la femme à mes côtés, la suppliant de m'épargner cette corvée.

-Allons-y avant qu'il ne les place n'importe où, souffla-t-elle avec un sourire contrit. Je vais commander de la pizza après, d'accord?

La seule mention du mot « pizza » suffisait pour me faire bouger. C'était sans doute l'un de mes aliments préférés et, ça, ma mère le savait.