Le lendemain matin, Carmella apporta le petit déjeuner au marquis sur un plateau d'argent. Elle avait réussi à s'extirper des draps au lever du jour au moyen d'acrobaties pour ne pas le réveiller.
En la voyant entrer, le marquis lui adressa un grand sourire. Elle lui en retourna un, un peu plus réservée.
- Bonjour Carmella. Avez-vous bien dormi ? lui demanda-t-il alors qu'elle posait le plateau sur ses genoux.
Carmella se raidit.
Sans répondre à sa question, elle répliqua :
- Et vous ?
- Parfaitement.
Elle le regarda avec surprise.
S'asseyant au bord du lit pendant qu'il commençait à manger, elle demanda :
- Vraiment ?
Il haussa les épaules.
- Eh bien oui... enfin je pense, puisque je ne suis pas épuisé ce matin.
Ramenant son bras gauche contre sa poitrine et son index droit à demi-plié à ses lèvres, elle demanda, mine de rien, tout en bougeant légèrement sa main droite :
- Et... vous souvenez vous de quelque chose par rapport... à hier soir ?
Le marquis, sa cuillère en suspens au-dessus de son bol, la regarda avec un air surpris tandis que l'un de ses sourcils se levait, interrogateur.
- À propos de quoi ?
Mal à l'aise, Carmella croisa cette fois-ci ces deux bras contre sa poitrine, en poursuivant :
- Vous... vous êtes réveillé pendant la nuit.
Les yeux du marquis s'agrandir.
- Je me suis réveillé ?
- Oui... vous... vous ne vous en souvenez pas ? fit-elle à la fois incrédule et, il fallait bien l'avouer, un peu triste et déçue.
- Non. Je me souviens de m'être couché vers vingt-deux heures et après de m'être réveillé ce matin, c'est tout. Pourquoi ? vous ai-je réveillé ?
- Oh non, je ne dormais pas, dit-elle pour le rassurer.
Il hocha la tête, avala une nouvelle cuillerée, avant de demander tandis qu'il en prenait une nouvelle :
- Que s'est-il passé ?
- Comment ça ? se raidit-elle.
- Hier soir. Je me suis réveillé et que s'est-il passé ?
- Oh, rien de très important, rassurez-vous, fit-elle rapidement en balayant l'air de sa main. Vous avez eu une montée de fièvre.
- C'est tout ?
- Et vous aviez le délire.
- Je vois. J'espère que je n'ai rien dit de désobligeant.
- Oh, non, vous n'avez rien dit du tout.
Mais vous avez fait beaucoup, complétait son esprit.
- Voilà qui me rassure. Il s'est passé autre chose ?
Carmella avala sa salive, puis déclara en regardait ailleurs :
- Non, vous vous êtes endormi.
Le marquis, hocha de nouveau la tête et porta tranquillement sa tasse à ses lèvres.
- Je vais vous laisser prendre votre petit déjeuner tranquillement.
Ayant la bouche pleine, il se contenta de hocher de nouveau la tête. Et alors qu'elle regagnait la porte, elle entendit une petite voix dans sa tête la narguer.
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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...