Chapitre 15 - partie 2/2

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Le marquis se réveilla en sursaut et son premier geste fut de regarder par la fenêtre. Il soupira, rassuré de voir que le soleil était encore noyé dans les couleurs pastel de l'aube. Personne n'avait dû se rendre compte de sa présence dans la chambre de Carmella.

Réveillé en sursaut, il n'avait pas réalisé immédiatement à quel point il était fatigué. Mais en touchant son visage et en sentant les cernes qui pointaient sous ses yeux, il maugréa. Quelques heures de sommeil supplémentaires ne lui auraient pas fait de mal. Heureusement pour lui, quand il le voulait vraiment, il était capable de se réveiller en un tour de main au moment qu'il aurait décidé la veille.

Se levant, Charles avança à tâtons vers la porte de communication qu'il insulta en son for intérieur en passant. Cette satanée porte l'avait tourmenté toute la nuit ! Pour un peu, il serait capable de l'arracher de ses gonds et de la jeter par la fenêtre avec un grand sourire de satisfaction. Mais une petite voix dans sa tête lui rappela qu'au lieu d'en vouloir à la porte maudite, il devrait plutôt la remercier pour ne pas lui avoir permis de commettre un acte de folie, qu'il aurait par la suite regretté.

La main sur la poignée, il hésita un instant. Puis, prenant une grande inspiration, il ouvrit doucement la porte... et ce qu'il vit lui fendit ses lèvres d'un tendre sourire.

Carmella dormait profondément, couchée sur le ventre, la tête enfoncée dans son oreiller.

Il la contempla sans mot dire pendant plusieurs minutes avant de s'approcher. Sa première intention avait été de la réveiller pour qu'elle regagne son lit. Mais en la voyant si paisiblement endormie, il n'en eut pas le cœur.

Et s'il l'éveillait d'un baiser comme la belle aux bois dormants ? Ses lèvres étaient là, lui faisant face, gonfler de sommeil. Il se reprit. Il y a des moments où il se mettrait des baffes. Jamais il ne s'abaisserait à profiter de la situation, quelle qu'en soit la tentation.

On inspire, on expire, et on garde son calme. Que diable, il n'était plus un enfant !

La dégageant délicatement de sa couverture, il suspendit un instant sa respiration face au tableau que lui offrait la jeune femme. Totalement délaissée dans son lit, on aurait dit une déesse descendue du ciel pour se reposer chez les mortels.

Se faisant violence, le marquis reprit contenance et retourna doucement Carmella sur elle-même. Elle devait être épuisée car elle ne broncha pas d'un cil. Alors, il passa ses bras sous elle et la souleva. Le marquis se sentit parcouru d'un étrange frison en se voyant les bras chargés de la jeune endormie.

Ça n'allait pas recommencer ! Elle lui avait assez torturé l'esprit hier comme ça !

Alors, à la hâte, non sans tout de même prendre garde à ne pas faire de mouvement brusque, il la ramena dans l'autre chambre. Là, il la déposa avant de recouvrir rapidement son corps de la couverture. Mieux valait cacher immédiatement son corps gracile à ses yeux trop faibles pour le moment. Mais rien qu'en pensant qu'il avait occupé il y a encore de cela moins de dix minutes ce lit, la tête contre ce même oreiller, son propre corps recouvert de cette couverture qui à présent masquait la jeune femme face à ses yeux, il était troublé. Infiniment troublé. Alors il s'en retourna, effaçant cette vision par trop déconcertante.

Avant de refermer la porte derrière lui, il regarda néanmoins une dernière fois Carmella. Dieu, qu'elle était belle.

C'est décidé, il ne pourrait supporter plus longtemps ce mur invisible qui les séparait. À ce rythme-là il finirait par perdre la tête. Jamais une femme n'avait su à ce point le troubler, lui faire perdre la tête. C'était assez étrange comme sensation : il avait à la fois envie de l'aimer comme un fou, mais aussi de la protéger. Car il le savait à présent, elle était ce qu'il possédait de plus précieux avec sa famille. Devait-il y voir un signe du destin ? Carmella pourrait-elle réellement faire un jour partie de sa famille ?

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant