Carmella barbotait joyeusement dans l'eau du lac avec les enfants. Élisabeth s'était allongée sur une nappe à l'ombre avec quelques oreillers pour soutenir son dos pendant qu'elle berçait Grace contre sa poitrine.
— Je me demande où est Rory.
— Je crois qu'il est parti faire un tour avec Denise dans le jardin, répondit distraitement Charlotte qui n'avait évidemment pas ses yeux dans ses poches.
Carmella sourit.
Depuis le retour de son frère, Denise et Richard étaient inséparables. Il suffisait de trouver l'un quand on cherchait l'autre.
Bien sûr, Richard était ravi d'avoir enfin retrouvé sa sœur, aussi faisaient-ils souvent les choses tous les trois. Cela était loin de déplaire aux deux jeunes femmes, toujours ravies de passer du temps ensemble.
Et puis, Denise devait avouer que cela l'arrangeait bien. Elle ne voulait pas que Carmella la laisse seule avec son frère. Elle était trop timide pour cela.
Lorsqu'elle se retrouvait seule avec Richard, Denise se sentait soudainement incapable de parler. Ses joues avaient la fâcheuse tendance à se colorer de rose tandis qu'elle s'employait à le fuir du regard. Le rose était suffisant, elle ne voulait pas devenir rouge. Jamais de sa vie un homme ne l'avait à ce point troublée. Et la présence de Carmella apaisait légèrement le trouble qu'elle ressentait auprès de lui.
Néanmoins, Carmella s'arrangeait pour les laisser seuls ensembles de temps à autre, malgré les regards suppliant de son amie. Sans Carmella, son coeur s'affolait face à la perspective de se retrouver seule avec lui. Elle se sentait comme une idiote.
Il suffisait de voir les sourires que Rory jetait à sa sœur pour comprendre, sans l'usage des mots, qu'il lui en était reconnaissant.
De son côté, Carmella avait remarqué tristement qu'elle passait de moins en moins de temps avec le marquis. Il faut dire qu'à chaque fois qu'ils se croisaient tous deux, elle était avec son frère et Denise.
Les enfants s'amusaient à éclabousser la jeune femme qui ne cessait de rire en leur rendant la pareille. Elle plongea de nouveau dans l'eau, entamant quelques longueurs. Mais elle s'arrêta brusquement en portant la main à ses cheveux. Elle ne portait plus le ruban bleu qui les maintenait jusque-là en arrière. Carmella commença à chercher autour d'elle, fouillant l'eau de ses bras, tout en rejetant de temps à autre les mèches qui venaient tomber devant ses yeux.
Charlotte, qui s'était rendu compte que Carmella ne nageait plus, s'approcha d'elle :
— Vous ne jouez plus ?
— Si, mais j'ai perdu mon ruban.
— Oh ! attendez, je vais vous aider à le chercher.
Sur ce, elle commença à son tour à balayer l'eau de ses petits bras. Le petit ruban ne devait pas être très loin, l'eau n'était ni très profonde, ni animée par le courant.
Simon vint rapidement se joindre aux recherches.
Carmella, qui restait infructueuse, s'apprêtait à dire aux enfants d'abandonner quand la voix de Charlotte s'éleva à fort décibel :
— Regarder, papa est rentré !
Se retournant d'un seul coup, Carmella put constater la véracité des propos de l'enfant. Mais ce qu'elle n'avait pas précisé, c'était qu'il n'était pas seul.
Quel besoin avait le marquis de se joindre à eux maintenant.
Et pour ne rien gâcher, elle eut le malheur de constater qu'ils portaient eux aussi des vêtements de bain.
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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...