- Eh bien, ce serait avec le plus grand plaisir ! Laissez-moi juste le temps d'aller chercher un chapeau, et je suis à vous.
Le marquis leva un sourcil, amusé en la voyant rougir lorsqu'elle réalisa ce qu'elle venait de dire.
« Et je suis à vous... ». Cela pouvait porter à confusion.
___________Néanmoins, il eut le tact de ne pas relever.
- Parfait, cela laissera le temps aux écuyers de préparer l'attelage.
En descendant le perron, vêtue d'une robe en simple tulle blanc, Carmella ne put retenir un cri d'émerveillement.
Attelé à une splendide calèche, un magnifique étalon noir à la crinière de jais piaffait d'impatience. Le marquis n'étant pas encore là, elle s'empressa de dévaler les marches pour caresser l'animal.
Lorsqu'elle s'approcha, il releva brusquement la tête, les oreilles en alerte. Aussi, avança-t-elle sa main droite vers ses naseaux avec une lenteur délibérée pour ne pas brusquer l'étalon. Quand enfin ses doigts touchèrent la tête soyeuse du bel étalon, il sembla se détendre, comme s'il était en permanente tension.
Lorsque le marquis arriva, il fut assez étonné de voir Carmella offrir de tendres caresses au cheval.
L'entendant derrière elle, Carmella se retourna et lui sourit en l'apercevant.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Black King.
Carmella reporta son attention sur le splendide étalon.
- Un vrai nom de roi qui lui va à ravir. C'est un nouveau cheval, je ne l'ai encore jamais vu dans vos écuries.
Ce n'était visiblement pas une question. Connaissait-elle donc toutes ses montures sur le bout des doigts ?
- Je l'ai ramené hier de Londres.
- Il est vraiment de toute beauté. Je trouve cependant dommage de faire d'un étalon de cet acabit un simple cheval d'attelage. Il est vif et je suis persuadée qu'il ferait un bien meilleur cheval de monte.
- Je le pense aussi, mais voyez-vous, le problème c'est que ce cheval ne permet à aucun cavalier de le monter. Son ancien propriétaire comptait le vendre à la boucherie, aucun acheteur ne voulant d'un cheval qui ne se laisse pas monter.
Carmella resta silencieuse pendant un instant, avant de demander :
- Avez-vous déjà essayé de mettre une femme sur son dos ?
Le marquis sursauta.
- Une femme sur Black King ! Je crois que vous ne vous rendez pas compte Carmella que ce cheval a du caractère et est bien trop vif pour être monté par une femme.
- Je ne vois pas en quoi un homme pourrait monter ce cheval et pas une femme.
- Pour la simple et bonne raison que Black King est bien trop difficile à tenir en main.
- Si vous le dites..., répondit finalement Carmella. Il n'empêche que c'est bien dommage. Il déborde d'énergie. Regardez comme sa queue se lève, comme ses naseaux se gonflent.
- Mon entraîneur a déjà essayé de le dresser, mais il n'a rien pu tirer de ce cheval. C'est pourquoi nous l'avons relayé à tirer de petites calèches, car s'il est immontable, il n'en reste pas moins rapide et puissant. Et puis, il tient bien les longues distances. Le seul problème, c'est que je ne possède pas d'étalon semblable à celui-ci pour faire au moins un attelage de deux chevaux. Alors, en attendant que j'en déniche un, Black King me sert pour la calèche à cheval unique.
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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...