Chapitre 11 - partie 1/3

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Assise dans le grand salon de réception, Carmella écoutait la conversation qui animait la marquise et sa fille d'une oreille distraite.

Elle n'arrivait pas à se concentrer.

Les invités n'allaient pas tarder à arriver. Et, rien qu'à l'idée qu'elle ferait dans quelques instants la connaissance de la fiancée du marquis, elle se sentait mal.

Tournant la tête légèrement, elle contempla le marquis qui parlait avec William de la course qui aurait lieu le lendemain.

S'il y avait bien une chose qu'il soit impossible de supporter, c'était bien de voir l'homme que l'on aimait à la fois si près et pourtant si loin de vous, séparé par un mur invisible, infranchissable. Il se tenait tout proche, mais appartenait à une autre.

Le monde était vraiment injuste.

Mais après tout, que le marquis fut libre ou non, cela n'aurait rien changé quant au fait qu'il ne l'aimait pas. Pire, il semblait l'éviter depuis plusieurs jours. Plus précisément depuis qu'elle avait fait son malaise.

Bien sûr, Carmella ignorait ce qui s'était passé après que Charles et sa mère eurent quitté sa chambre...



La marquise marchait derrière son fils qui la devançait de plusieurs mètres. Il faut dire qu'avec ses longues foulées il avançait beaucoup plus vite qu'elle. Et la marquise avait bien du mal à suivre.

Il pourrait m'attendre tout de même !

La marquise tenta bien de se remettre à sa hauteur, mais elle dut se rendre à l'évidence que, si le haut de son corps voulait avancer rapidement, ses jambes n'allaient pas beaucoup plus vite. Imaginez, quand elle faisait un pas, ses bras faisaient au moins trois allers-retours ! Et ce n'est pas ça qui allait l'aider, loin de là. Aussi arriva-t-elle dans le salon qu'ils avaient quitté un peu plus tôt, un peu essoufflée.

La marquise trouva son fils face à la fenêtre. Bien droit, les mains derrière le dos, il fixait le jardin, sans bouger. Derrière les traits fermés, Allison remarqua ce qu'elle seule pouvait remarquer étant sa mère : une infinie tristesse.

Oubliant déjà qu'il ne l'avait pas attendu, elle s'approcha de lui.

— Charles ?

Il ne répondit pas, mais en le voyant cligner des yeux, elle comprit qu'il avait entendu.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux en parler ?

Il soupira bruyamment.

— C'est à cause de Carmella ?

Il acquiesça silencieusement.

— Elle m'a fait peur... Vraiment peur, parvint-il à articuler d'une voix rauque qui trahissait à quel point il avait craint le pire.

Et c'est la voix enrouée par l'émotion, les yeux légèrement humides, qu'il ajouta :

— Quand je suis entré dans le salon, j'ai cru... j'ai cru qu'elle était morte.

— Eh bien, tu sais à présent qu'elle se porte mieux...

— Vous ne comprenez pas, ce n'est pas ça le problème. La simple perspective de la perdre... me rend fou, termina-t-il en avalant sa salive.

La marquise garda un instant le silence, avant de dire doucement :

— Tu l'aimes.

— Quoi ? N'importe quoi !

— Ce n'était pas une question.

— Carmella ne voit en moi qu'un frère pour la protéger, veiller sur elle.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant