Assise au pied de son lit, Carmella observait l'enveloppe dans ses mains. Elle détaillait son nom écrit par la marquise. La première lettre depuis son départ.
Elle prit une grande inspiration.
Ouvrant la lettre, elle la parcourut rapidement. Et elle ne put retenir les larmes qui lui brouillaient peu à peu la vue. Une phrase restait imprimée en lettres de feu dans sa mémoire, qui lui déchirait le cœur.
« La maison semble bien vide depuis ton départ et celui de Charles pour la capitale. »
Elle s'écroula en sanglotant sur le lit rien qu'à l'idée que l'homme qu'elle aimait était parti rejoindre les belles dames de Londres.
Et pourtant, tout ce qu'elle avait souhaité avant sa rencontre avec le marquis s'était réalisé : elle avait retrouvé son frère, repris sa vraie place dans sa maison, son oncle ne porterait jamais plus la main sur elle. Alors pourquoi n'était-elle pas comblée ?
Elle se traitait d'égoïste pour ne pas se satisfaire de tout ce qu'elle avait voulu et qu'elle avait finalement obtenue. Mais bien que cette maison soit celle de son enfance, elle ne s'y sentait plus chez elle. Son vrai foyer, il était à Danwick Park. Auprès de la marquise et de son fils. C'était là-bas qu'elle avait guéri, appris de nouveau à rire et à sourire, à être libre, à être... soi-même !
À Danwick Park, tout le monde avait été gentil avec elle. Et Black King, son bel étalon, comme il lui manquait ! Quand la veille elle avait monté l'étalon de son frère, elle avait senti comme un vide. Ce n'était pas pareil sans l'étalon noir. Quant à Brume de Nuit et sa douceur, elle aurait tant aimé la garder avec elle, cette jument qui lui avait accordé sa confiance et son affection.
La marquise douairière lui manquait elle aussi énormément. Carmella avait trouvé en elle une seconde mère, prête à l'épauler, la conseiller. Elle avait comblé le vide d'amour maternel que ressentait alors la jeune femme. Mais elle savait confusément qu'à présent, c'était une tout autre forme d'amour qui lui manquait, celui qui habitait deux êtres se chérissant au plus profond de leurs cœurs.
Et le marquis ? Il n'y avait rien à dire. Il suffisait de regarder les larmes qui faisaient miroiter ses yeux comme la surface d'un lac tandis que son cœur prenait un rythme de battement par trop singulier.
***
Le grand jour était arrivé. Le mariage de Rory avec Denise. Cette dernière tentait tant bien que mal de rester calme tandis qu'elle se préparait avec Carmella. Elle venait justement d'enfiler sa robe et se tenait devant Carmella, attendant son verdict.- Denise, tu es sublime ! On croirait voir une princesse !
- Merci Carmella, remercia la future mariée avant de la prendre dans ses bras. Tu n'imagines même pas à quel point je suis contente que tu sois là avec moi aujourd'hui. Tu es la meilleure amie qui soit, et la belle-sœur rêvée.
Comme Carmella avait les larmes qui commençaient à lui monter aux yeux, elle s'empressa d'ajouter :
- Bon, trêve de bavardage. Va enfiler ta robe. Dès que Sophie aura fini de me coiffer elle s'occupera de toi.
Séchant rapidement ses larmes du revers de sa main, Carmella hocha la tête.
Pendant qu'on l'habillait, Carmella repensait à la lettre de la marquise lui annonçant qu'elle ne pourrait malheureusement pas être présente ainsi que son fils à la cérémonie. Elle avait été profondément déçue de ne pouvoir revoir la marquise. Mais il était peut-être préférable qu'elle ne revoie pas Charles pour le moment. Trop peu d'eau avait passé sous les ponts pour qu'elle ait le temps détourner la page.
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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...