Un peu plus tard dans la soirée, Charlotte pénétra timidement dans la grande salle de bal.
Intimidée par le monde qui s'y trouvait réuni, elle resta sur le seuil, cherchant un regard familier. Un grand sourire vint étirer ses lèvres lorsqu'elle vit Carmella qui s'approchait. Charlotte courut à sa rencontre.
— Mais qu'est-ce que tu fais encore debout à cette heure-là ? s'exclama Carmella.
— Je voulais que maman vienne me border, répondit candidement l'enfant.
— Et ta nurse t'a laissée descendre ?
— Bah, elle ne sait pas que je suis levée, fit Charlotte en haussant les épaules.
Puis apercevant le piano, elle s'exclama en joignant ses mains :
— Oh ! s'il vous plaît, puis-je jouer du piano pour tout le monde ? Je sais bien jouer maintenant !
— Charlotte, il faut que tu ailles te coucher, répondit gentiment Carmella.
— Peut-être pourrions-nous laisser cette jeune demoiselle nous montrer son talent, fit de manière indulgente Romney qui s'avançait vers elles. Il me semble qu'elle a exposé sa requête de manière très convenable, termina-t-il en adressant un petit clin d'œil de connivence à la petite fille.
Charlotte lui accorda alors l'un de ces sourires d'enfant irrésistible. Même Carmella ne pouvait résister à ces sourires enfantins.
Et, visiblement, il en était de même pour Élisabeth qui s'approchait avec son époux tout en déclarant :
— D'accord pour cette fois. Mais c'est tout de même très mal de t'être levée Charlotte.
— Oui Charlotte. Les jeunes demoiselles de ton âge restent dans leur chambre à cette heure du soir, fit William la mine faussement sévère.
Puis, se penchant, il la prit dans ses bras pour la ramener sur le tabouret qui faisait face au piano. Charlotte regarda les touches, puis les invités, les fouillant du regard.
Ayant trouvé ce qu'elle cherchait, elle fit signe à Carmella de venir. Et lorsque Carmella se pencha sur l'enfant, celle-ci lui murmura tout bas :
— Pourriez-vous jouer avec moi... S'il vous plaît ? C'est finalement très intimidant de jouer devant un public.
Carmella hésita... pour finalement lui sourire. Se détournant, elle se dirigea vers un coin de la salle. Différents instruments de musique à l'intention d'éventuels musiciens y étaient disposés.
Carmella prit un violon, en vérifia les accords, puis se rapprocha de Charlotte qui la regardait avec des yeux ronds. Carmella lui sourit de nouveau, approcha l'archer des cordes et commença à tirer de l'instrument quelques notes. Toute l'assistance regardait en silence.
C'était la mélodie que Carmella avait apprise à Charlotte.
Carmella s'arrêta, donna le signal à Charlotte, et toutes deux commencèrent à jouer ensemble. Le son du piano et du violon s'harmonisaient à merveille.
Plongé dans leur musique, personne ne vit le marquis sortir de l'ombre du jardin et s'approcher de la grande porte-fenêtre. Il s'y adossa, contemplant de loin le spectacle.
Quand le morceau fut terminé, les invités applaudirent vivement les deux musiciennes, les félicitant pour cette très belle performance. Élisabeth complimenta sa fille... puis l'envoya au lit, sous l'œil déçu de Charlotte. Elle s'amusait si bien ici, et serait restée si elle le pouvait. William raccompagna sa fille dans sa chambre, suivi de sa femme qui jugea sage d'aller se reposer. Sa grossesse se faisait de plus en plus pénible.
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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...