Chapitre 5 - partie 3/4

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Le trajet était long, très, très long. Carmella se revoyait quand elle était petite, dans un attelage avec ses parents et son frère. Ils allaient passer les vacances au bord de la mer ce qui enchantait la jeune fille.

Seul point négatif : la durée du trajet.
À mi-parcours, elle avait demandé à son père, l'air passablement las « on est bientôt arrivé ? ». Son père lui avait gentiment dit « bientôt ».
Dix minutes après, Carmella avait réitéré sa question; son père répété sa réponse. Puis de nouveau Carmella avait demandé « on est bientôt arrivé ? ». Son père avait dit « bientôt » et cela s'était passé ainsi jusqu'à la fin du trajet.

Heureusement, ses parents étaient la patience même et avaient gardé leur calme. Son frère, lui, s'en était silencieusement amusé tout le long du trajet, pariant que ses parents allaient craquer.

Carmella avait été vraiment insupportable ce jour-là, mais bon son jeune âge pouvait l'excuser. Une journée enfermée dans une calèche, c'est long pour une enfant de six ans ! Mais aujourd'hui, elle n'était plus une gamine. Elle profitait des pauses qu'ils faisaient fréquemment dans des relais, changeant de temps à autre de chevaux.

Le midi, Carmella fut heureuse de se retrouver devant une grande assiette pour manger. Quant aux moments qu'ils passaient dans l'attelage, elle parlait avec la marquise - qui s'endormit à mi-parcours- puis un peu avec le marquis. Mais comme cette proximité la mettait mal à l'aise, elle se contenta de rester sagement sur son siège en regardant par la fenêtre pour le restant du trajet.

Aussi, sursauta-t-elle quand le marquis déclara soudainement :

— Nous arrivons.

Se penchant à la fenêtre, Carmella regarda à l'extérieur. On voyait se profiler au loin la capitale de l'illustre Angleterre.

Quand enfin, le martèlement des sabots se répercuta bruyamment contre les dalles en pierres de Londres, Carmella observa ces immenses demeures qui rivalisaient de luxe et de classe. Sur les trottoirs, une foule de gens se déplaçait à grands pas, comme pressée par le temps.

Elle sursauta quand, au tournant d'une rue, un fiacre passa au ras d'eux au grand trot. Son cœur en avait fait un bond. Un peu plus et ils se seraient rentrés dedans. Mais cela devait être courant puisque le cocher du marquis avait su l'éviter sans problème.

Arrivé sur une grande voie, Carmella put observer à loisir des gens appartenant visiblement aux classes moyennes. Des attelages de toutes sortes ne cessaient de grouiller sur la route, si bien qu'il devait être quasiment impossible de traverser pour rejoindre l'autre trottoir. Un bruit tonitruant régnait dans la rue, et finalement, Carmella se détacha un peu de la fenêtre. Cette ville serait sûrement très agréable... si personne n'y habitait !

— Notre chère capitale ne semble pas emporter votre approbation, remarqua le marquis.

— Pas vraiment...

— J'espère que vous serez plus enthousiaste en voyant où nous séjournerons.

— Peut-être, fit la jeune fille sans trop s'avancer.

Ils continuaient à rouler quant à travers sa fenêtre, Carmella vit une immense résidence londonienne.

— Oh ! Je me demande qui peut bien habiter là-dedans.

Se penchant pour voir de quoi parlait la jeune fille, le marquis sourit.

— Pourquoi ?

— Elle est magnifique ! Cette maison doit coûter les bijoux de la couronne de la reine ! plaisanta-t-elle.

— Rien que ça ? fit le marquis, en rigolant.

Mais comme l'attelage s'arrêtait finalement juste devant la maison, Carmella se retourna vers le marquis avec effarement.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant