Chapitre 6 - partie 3/5

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D'où ce gredin se permet-il de telle liberté, surtout en présence de son chaperon ? s'interrogea le marquis.

Mais la question qu'il devrait se poser n'était-elle pas la raison pour laquelle ce geste anodin, pratiqué par toute la gent masculine de la haute société, le contrariait à ce point ?

Chassant cette idée absurde de sa tête, il se concentra de nouveau sur la jeune fille.
À son grand soulagement, Carmella se dégagea rapidement.
________

Alors que la fin du repas approchait, le marquis fut tiré de sa rêverie par son ami :

— Charles ! Tu m'écoutes ?

— Oui... Oui, bien sûr, répondit le marquis sans pour autant le regarder.

— C'est ça ! Je suis sûr que tu es incapable de dire seulement de quoi je parlais à l'instant même.

Devant le silence que lui opposait son ami, Romney leva les yeux au ciel.

— Franchement, tu me laisses parler dans le vent tranquillement, sans même prendre la peine de me faire comprendre que tu n'en as en réalité rien à faire.

— Mais pas du tout. Je t'écoute.

Romney tourna vers lui un regard railleur, pas du tout convaincu, quand il s'aperçut que son ami ne le regardait même pas, fixant sans broncher une jeune fille installée un peu plus loin. L'un des deux compagnons de table de cette dernière venait de prendre sa main et de l'élever à ses lèvres. Ne voyant pas en quoi cela pouvait attirer l'attention de son ami, le comte Romney d'Overstrail reporta son regard sur lui. Cela faisant, il fut surpris de voir son ami pianoter rageusement sur la table, les sourcils froncés.

— Charles ?

Pas de réponse.

— Charles ?

Tournant lentement sa tête vers son ami en prenant soin que ses yeux ne quittent pas Carmella, le marquis répondit, lointain :

— Oui ?

— Qui est cette fille ?

Silence.

— Charles !

— Oui ?

Romney porta sa main vers sa tête en signe de désespoir. Ma parole, son ami était devenu complètement neuneu ou quoi !?

— Je t'ai posé une question. Qui est cette fille ?

— Quelle fille ?

— Celle que tu n'arrêtes pas de fixer comme un abruti !

Ces mots eurent le mérite de le faire un peu plus réagir.

— N'importe quoi ! Je la surveille... c'est tout.

— Et peut-on savoir pourquoi ? demanda Romney.

— Parce que ma mère la chaperonne.

Romney sourit alors à pleine dents.

— Ah ! Alors c'est elle, la fille dont tu m'as parlé ?

— Oui.

Romney manqua de se taper la tête contre le bord de la table en entendant une fois de plus son ami lui répondre par monosyllabe. Il le dévisagea quelques instants en silence, observant Charles garder un œil sur Carmella. Il ne put retenir un sourire lorsqu'il vit ce dernier froncer un peu plus ses sourcils lorsque l'un des deux voisins de table de la jeune fille se pencha un peu plus vers elle.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant