- J'ai du mal à croire que vous souhaitiez retourner là-bas après ce que vous y avez subi.
Carmella baissa la tête.
- Vous ne pouvez pas comprendre. Ce sera pire.
- Sauf si vous restez.
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Carmella leva un visage baigné de larmes vers lui.
- J'aimerais bien... mais je ne peux pas m'imposer à vous... Et puis, mon oncle.... mon oncle me l'a répété mainte fois : il est mon tuteur, et par ce titre je lui dois obéissance. Je ne peux... Je ne peux pas rester ici sans son accord. Or, jamais il ne me le donnera. Il me déteste ! Croyez-moi, tout cela... tout cela ne vous apportera que des ennuis et à moi... une plus grande punition que d'habitude.
Carmella butait sur les mots, la gorge nouée, les larmes dévalant sur ses joues sans retenu.
Voyant que la conversation tournait mal, le marquis s'empressa de changer de sujet :
- Je pense que nous devrions pour le moment en rester là. Mais j'espère néanmoins que vous accepterez de poursuivre cette conversation un peu plus tard.
Carmella se contenta de hocher la tête silencieusement tandis que le marquis lui offrait le support de son bras.
Voyant ceci, la jeune femme arracha son regard au sol pour le lever vers le marquis. Ce dernier put alors parfaitement voir les larmes qui brillaient dans ses yeux tels des diamants.
Il lui sourit gentiment.
Alors, Carmella déposa une main tremblante sur son bras avant de lui offrir le plus beau cadeau qu'il pouvait espérer à ce moment-là : un semblant de sourire pointant au bout de ses lèvres.
Le marquis regardait discrètement Carmella attablée près de lui. Celle-ci mangeait discrètement, en prenant soin de ne pas croiser le regard du marquis.
Une atmosphère plutôt pesante régnait dans la grande salle à manger. Aucun des deux ne parlait.
Le marquis, n'y tenant plus, se décida enfin à rompre le silence :
- Carmella, je... Me permettez-vous à vous appeler par votre prénom ? interrogea-t-il, se rendant compte de sa familiarité.
Relevant timidement la tête de son assiette, Carmella s'autorisa enfin à le regarder droit dans les yeux. Les flammes qui se consumaient doucement sur le grand candélabre trônant sur la table vinrent éclairer les pupilles de son hôte. Il brillait dans ses yeux une lueur qu'elle n'avait jamais vue auparavant, une lueur indescriptible.
C'était tellement étrange de se voir appelé par son prénom. Il faut dire qu'elle avait pris l'habitude des petits surnoms que lui donnait la famille de son oncle. Des surnoms plus charmants les uns que les autres...
Se concentrant de nouveau sur le marquis, elle constata qu'il ne l'avait pas quitté des yeux. Il attendait sa réponse. C'est donc d'une petite voix qu'elle lui répondit :
- Oui, bien sûr votre Grâce.
Un sourire vint effleurer les lèvres du marquis tandis qu'il disait :
- Vous savez, vous n'êtes pas obligée de me donner du « votre grâce » entre nous. Vous êtes vous-même une personne de la haute société.
- Pardonnez-moi. Je vais y faire plus attention votre grâ...
Se rendant compte de son erreur, Carmella plaça instinctivement sa main devant sa bouche. La laissant lentement retomber, elle ajouta, confuse :
- Je suis vraiment désolée...
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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...