Un lourd silence planait dans la pièce.
La marquise n'osait plus parler. Elle se tenait en retrait, observant son fils qui ne bougeait plus. Il restait simplement immobile, bien droit, le regard fixant le vide. Allison le voyait, il était perdu dans ses pensées. Douloureusement perdu dans ses pensées.
La marquise douairière ferma ses yeux.
Son fils souffrait, elle le voyait... mais elle se sentait impuissante. Et elle ne supportait pas ce sentiment d'impuissance.
Elle se sentait incapable d'assurer le bonheur de son fils. Or, elle voulait voir son fils heureux. Elle le voulait plus que tout.La marquise douairière fit un pas en avant, ne quittant pas son fils des yeux. Elle savait qu'il l'avait entendu, mais il ne bougeait pas pour autant.
- Charles.
Le marquis continua de lui tourner le dos. Elle croisa ses bras contre sa poitrine comme pour se soutenir elle-même.
Elle savait que son fils n'aimait pas parler de ce sujet, mais elle se devait de le faire. Pour lui.
- Charles... Tu devrais y renoncer. Tu le sais au fond, cela ne vous mènera à rien. Épouser Eleanor serait une grave erreur. Vous ne serez pas heureux... et je suis sûr que tu le sais. J'apprécie énormément Eleanor... mais elle n'est pas la femme qu'il te faut.
Sans se détourner de la fenêtre, le marquis répondit lentement :
- Quand bien même ce serait le cas, je ne peux rien y faire. Nous sommes fiancés.
- Tu peux toujours...
- Annuler nos fiançailles ? la coupa Charles. Rompre un engagement qui a été pris il y a des années alors que nous n'étions que des enfants ?... Voudrais-tu mère que je sois le genre d'homme qui ne respecte pas son engagement, qui manque à son honneur ? Voudrais-tu que je fasse à Eleanor le même affront que j'ai subi ? Voudrais-tu que je fasse à Eleanor ce que je reproche moi-même à Georgiana de m'avoir fait ?
La marquise déglutit, le regard fuyant.
- Ce n'est pas la même chose...
- Vraiment ?
Allison soupira.
- Je voudrais simplement te voir heureux Charles...
À ces mots, le marquis se tourna enfin vers sa mère. Il la contempla serré un peu plus ses bras autour d'elle, tandis qu'elle ajoutait :
- Quand tu as choisi d'épouser Georgiana tu étais déjà promis à Eleanor... cela ne t'a pas empêché de vous fiancer secrètement.
- Et regardons où cela m'a mené, répliqua durement le marquis.
Il observa le visage peiné de sa mère, se passa une main lasse sur le sien, et déclara d'une voix morne :
- Je ne peux infliger la même chose à Eleanor, mère. Elle est mon amie et j'ai beaucoup d'affection pour elle.
- Éprouver de l'affection n'est pas aimer Charles.
- Dans ce cas c'est que je ne suis pas destiné à aimer... ni à être aimé. Et c'est sûrement mieux ainsi.
La marquise ouvrit la bouche dans l'intention d'ajouter quelque chose mais le marquis ne lui permit pas d'en dire plus.
- Nous disions donc, tu as invité David.
- Ne change pas de sujet Charles.
- Nous parlions de Carmella, pas d'Eleanor. C'est vous qui avez changé de sujet, mère.
VOUS LISEZ
Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...