Carmella se tenait droite, immobile, comme figée dans le temps. Elle ne quittait pas des yeux les mots qui lui faisaient face, s'insinuant doucement dans son esprit. Elle regardait ces trois mots comme s'il ne s'agissait que d'une illusion... d'une merveilleuse illusion.
Imaginait-elle ces mots ? Et cette bague qui brillait sous les rayons du soleil, l'imaginait-elle aussi ? Si c'était un rêve, par pitié, que personne ne la réveille.
Elle aimait ce rêve.
La voix du marquis s'éleva, très tendre :
- Alors je voulais te demander... Carmella, me ferais-tu l'immense honneur, mais surtout l'immense bonheur de m'accorder ta main ?
La jeune femme le regarda sans comprendre pendant un instant, le temps que ces mots atteignent son cerveau.
« M'accorder ta main ».
... un rêve...
- Que... qu'est-ce que tu as dit ?
- Que je veux t'épouser.
... devenu réalité ?
Elle le regarda sans bouger. Sa lèvre inférieure se mit à trembler... avant qu'elle ne fonde en larmes... en larmes de joie.
Elle aimait ce rêve... mais elle aimait encore plus cet homme.
Elle essuya de ses mains ses joues rosies avant d'y enfoncer son visage. Mais ses pleurs redoublèrent quand elle sentit des bras enserrer délicatement sa taille.
- Carmella..., murmura faiblement le marquis en la voyant ainsi. Pourquoi pleures-tu ?
- Je ne sais pas... je crois que c'est l'émotion...
Il embrassa doucement son front.
- Avant de me répondre Carmella, je t'en prie, réfléchis bien.
Carmella plongea son regard dans le sien.
- Je ne suis pas parfait... j'ai beaucoup de défauts... et je fais souvent des erreurs.
Charles soupira tristement en se détournant pour fuir son regard.
- J'ai essayé de te protéger de tous ceux qui pouvaient te faire du mal... j'ai essayé de te protéger de ton oncle, de ta tante, de tes cousins, de Teferson, de Georgiana... mais il y a une personne que je n'ai pas empêché de te faire du mal et qui t'en a fait... et cette personne, c'est moi.
Il se retourna pour lui faire face.
- Je voulais que tu sois heureuse. Mais je n'ai pas réussi à te protéger... de moi-même. Et je t'ai fait beaucoup de mal, alors même que je refusais qu'on t'en fasse. Je t'ai fait pleurer. Je t'ai rendue malheureuse. J'ai été égoïste, j'aurais dû plus penser à toi. Je suis désolé... tellement désolé Carmella.
La jeune femme sentit son cœur fondre face aux larmes qui menaçaient de couler le long des joues du marquis. Il se mettait à nu devant elle. C'était à elle à présent de faire un pas vers lui.
- C'est vrai, tu m'as fait du mal. Mais ce que tu oublies, c'est que tu n'as pas fait que ça.
Comme il restait silencieux, elle poursuivit :
- Tu es aussi l'homme qui a enlevé une parfaite inconnue lors d'un bal dans le seul but de lui venir en aide. Celui qui l'a suppliée de s'accrocher à la vie. Celui qui a tout fait pour qu'elle aille mieux. Celui qui a pris des risques en décidant de lui venir ouvertement en aide, en l'amenant à Londres. Celui qui l'a aidée à se faire une place dans ce monde. Celui qui l'a protégée de ceux qui lui voulaient du mal. Celui qui l'a protégée de ses démons la nuit. Celui qui a été blessé en la sauvant d'un mariage. Celui qui a voulu également protéger son amie. Celui qui la laisse monter Black King et Brume de Nuit et qui lui a confié Rufus. Tu as fait tout ça.

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Ce destin qui nous lie
Historical FictionAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...