Chapitre 16 - partie 2/2

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Le lendemain, Carmella arriva dans les écuries à huit heures tapantes, prête pour sa promenade matinale avec le marquis. Un hennissement lui annonça que Black King l'avait entendu arriver, et Brume de Nuit se tenait dans l'allée, déjà scellée.

Mais c'est avec le plus grand étonnement que Carmella nota l'absence du marquis. Jusque-là, il était toujours arrivé en premier.

L'attendant, elle passa de stalle en stalle, s'attardant à caresser chacune des montures qui somnolaient encore dans leur box. Arrivée à la stalle de Zeus, elle s'immobilisa.

La stalle de Zeus était vide.

Se retournant, elle chercha James du regard. Celui-ci était tranquillement en train de laver un cheval à l'extérieur.

La voyant s'approcher, il découvrit sa tête de son petit chapeau tout en déclarant joyeusement :

— Bonjour mademoiselle Carmella. Belle journée que nous avons là, vous ne trouvez pas ?

— Certes, mais... James, savez-vous où est le marquis ?

— Pour sûr, mademoiselle Carmella, répondit-il un peu étonné. Il est parti voilà un peu plus d'une heure ce matin. Je pensais que vous étiez au courant de cet arrangement. Le marquis m'avait demandé de lui préparer Zeus un peu plus tôt ce matin.

— Savez-vous s'il devait aller rendre visite à un voisin ou quelque chose de ce genre ?

— Euh non, mademoiselle. Pas que je sache. Il me semble qu'il est parti faire une promenade on ne peut plus banale.

Le visage de la jeune femme s'assombrit un peu plus, tandis qu'elle concluait :

— J'imagine que le marquis voulait être un peu seul pour une fois. Il faut dire qu'il n'a pas eu l'occasion de faire une sortie en solitaire depuis que je suis là.

Et c'est en murmurant tout bas qu'elle ajouta :

— Peut-être commence-t-il à se lasser de m'avoir toujours auprès de lui...

James, qui avait l'oreille fine, entendit néanmoins ces quelques mots, et en fut peiné. Carmella avait été si gentille avec lui depuis son arrivée qu'elle était comme une amie pour lui. Et, il savait que ce sentiment était partagé, ce qui faisait de leur relation quelque chose de précieux. Qui en effet ne verrait aucun inconvénient à se lier d'amitié avec un simple palefrenier quand il appartenait à la haute noblesse ? Carmella était différente car elle jugeait et considérait les gens pour ce qu'ils étaient au fond d'eux-mêmes et non pas pour ce qu'ils paraissaient être.

Gêné et ne sachant pas vraiment comment réagir, James laissa le cheval trempé pour s'approcher de la jeune femme.

— Vous savez, il avait peut-être une course importante à faire.

— Peut-être... Mais, dans ce cas, pourquoi ne pas m'avoir prévenu ?

— Il a sûrement dû oublier. Allons, cessez de vous tracasser, je suis sûr que c'est simplement un manque d'organisation de sa part.

Carmella ne répondit pas, mais son silence était plus éloquent que n'importe quels mots. Coïncidence ? Je ne crois pas. S'il y avait une personne organisée dans cette maison, c'était bien le marquis.

Finalement, comme Brume de Nuit était déjà scellée, Carmella accepta l'offre de James qui se proposait de l'accompagner durant sa promenade. Elle attendit simplement qu'il s'en aille chercher un autre palefrenier pour le remplacer auprès du cheval qui attendait, toujours trempé.





En revenant de sa promenade qui n'avait rien eu de reposant, le marquis se sentit un peu coupable non seulement envers sa monture qui était en sueur et avançait lentement dans l'allée, le pas lourd, mais également en ce qui concernait Carmella.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant