Ce destin qui nous lie

Chapitre 7 - partie 1/4

Georgiana regardait par la fenêtre en dégustant un verre de champagne. Elle s'était réfugiée dans un petit salon désert après l'affront que venait de lui faire subir le marquis. Elle avait fui momentanément cette salle bondée pour pouvoir exprimer librement sa colère, loin des regards indiscrets.

Elle ressassait à présent ce qui venait de se passer, son pied tapant le sol en rythme tandis que son esprit s'agitait.

Non mais quel culot ! M'envoyer balader comme ça, moi ! Il faut vraiment qu'il soit devenu fou.

Elle soupira.

Elle savait qu'il n'y avait rien de vraiment surprenant après ce qu'elle lui avait fait. Elle se revoyait dans le bureau de Danwick Park lui annonçant sa décision sans l'ombre d'un remords ; elle se revoyait chassée de cette demeure. Si la jeune femme avait su où la mènerait cette décision, elle n'aurait jamais fait cela. Elle avait tout gâché. Elle avait voulu jouer avec les gens, et elle avait perdu. Georgiana avait vu trop grand et elle se retrouvait aujourd'hui à courir après le marquis alors qu'il la détestait.

Georgiana se traita d'idiote. Avoir ruiné ses fiançailles avec le marquis pour épouser un duc qui l'avait finalement répudiée.

Elle pinça les lèvres en repensant à cela.

Roderick de Stonbridge.

Se plongeant dans la contemplation de la nuit sans même la voir, Georgiana se laissa emporter par ses souvenirs qui ressurgissaient d'eux-mêmes, souvenirs qu'elle essayait d'oublier en vain puisqu'ils n'avaient de cesse de lui rappeler son échec.

Après sa rupture avec le marquis de Danwick, Georgiana était allée s'installer chez le duc de Stonbridge rapidement après l'annonce de ses fiançailles avec ce dernier. Il va sans dire que le duc ignorait tout de ses fiançailles avec le marquis.

Elle s'était rendue au château du duc accompagnée de sa tante, qui devait - du moins était-elle censée - lui servir de chaperon en attendant leurs noces.

Les invitations pour leur mariage étaient déjà envoyées, la préparation de la fête était quasi terminée, le gâteau avait été commandé, tout s'annonçait parfait. Le mariage devait avoir lieu dans moins d'un mois. Tout s'annonçait parfait.

Le duc - à la demande de Georgiana - préparait une fête en grande pompe. En effet, la jeune femme, qui allait devenir la future duchesse, tenait à couronner son succès et que les journaux s'arrachent la description fabuleuse de cette journée qui devrait rester le mariage le plus grandiose organisé depuis ces dernières années. Et cela prenait du temps, beaucoup de temps.

Néanmoins, Georgiana prenait son mal en patience. Après tout, que représentaient quelques semaines comparées à toute une vie avec le titre de duchesse ? Selon elle, rien.

Mais le destin vint rapidement la contredire. Il suffisait de quelques jours pour faire basculer une vie. Et Georgiana en fit les frais. Elle réalisa bien rapidement que quel que soit le chemin que l'on emprunte, la vérité finie toujours par nous retrouver ; elle met simplement un peu de temps à arriver. Et malheureusement pour Georgiana, elle la rattrapa beaucoup trop vite.

Lorsqu'elle comprit ce qu'il lui arrivait, Georgiana paniqua pour la première fois de sa vie. Il ne restait plus qu'une solution : il fallait impérativement célébrer la cérémonie.
Avant qu'il ne soit trop tard.
Avant que la vérité n'éclate au grand jour.

C'est donc à la plus grande stupéfaction du duc que Georgiana lui demanda le jour même d'avancer la cérémonie. Elle devait avoir lieu dans la semaine.

- Mais voyons Georgiana, c'est impossible ! Nous avons déjà donné une date à notre mariage. Il faudrait renvoyer de nouvelles invitations à tous les invités et à la presse. Et puis rien n'est encore près. Tu n'as même pas encore reçu ta robe de mariée !