— Qui est le père ?
___________Georgiana se figea, blanchissant à vue d'œil. Son cœur semblait s'être arrêté de battre dans sa poitrine tandis que le mot « père » retentissait à ses oreilles.
C'est d'une voix rauque et tremblante qu'elle répliqua avec peine :
— Je ne comprends pas de quoi vous parlez... Que vous a dit le médecin ?
— Il m'a dit ce qu'il y avait à dire. La question que je me pose à présent c'est comment vous avez pu faire ça et comment j'ai pu ne rien voir. Il faut croire que l'expression « l'amour rend aveugle » est vrai. Par votre conduite vous venez de faire briller la véracité de ces propos.
— Mais que vous a donc dit le médecin ? Je ne ...
— Il m'a dit que vous étiez enceinte.
Un grand silence suivit cette révélation exprimée à haute voix, d'une voix froide et sans laisser paraître la moindre émotion.
Georgiana chercha le regard du duc et fut horrifié de n'y voir que cette expression méprisante et glacée qu'elle redoutait tant.
— C'est faux ! Il vous a dit n'importe quoi ! Vous devez bien vous rendre compte que ce qu'il raconte est dénué de sens !
— Ça s'est sûr, votre conduite est totalement dénuée de sens. Vous alliez tout avoir : un titre qui aurait fait briller les yeux de toutes les filles de votre âge et pâlir d'envie toutes les femmes mariées ; une demeure dans laquelle a vécu l'une des plus grandes familles de Grande-Bretagne... Et plus que tout un futur époux qui avait déposé son cœur à vos pieds. Ce n'est pas de la haine que j'éprouve pour vous en cet instant, ce n'est rien de plus qu'une profonde déception. Oui, vous m'avez déçu. J'avais confiance en vous et vous avez profité de cette confiance, de la foi que j'avais en vous.
— Mais je vous jure que c'est faux !
— Ne faites pas de fausses promesses ma chère, vous ne feriez qu'aggraver votre cas. En ce qui concerne ce que m'a dit le médecin, j'ai toute confiance en lui. J'ai plus confiance en lui qu'en importe qui d'autre, alors n'essayez pas de me dire le contraire. J'ai été assez bête pour vous aimer jusqu'à présent, je ne vais pas en plus croire en vous et remettre en question la parole d'un ami, quelqu'un que je considère faisant partie de ma famille !
— Mais je suis de votre famille aussi...
— Vous alliez en faire partie. Mais vous n'avez jamais été et ne ferez jamais partie de ma famille !
— Mais nous sommes fiancés !
— Plus maintenant.
S'approchant d'elle, le duc lui saisit la main gauche et fit glisser d'un geste prompt l'alliance qui brillait à son annulaire.
— Ma bague ! Rendez-la-moi !
— Vous n'êtes pas digne de la porter. Je ferai donc annoncer dès demain dans les journaux notre rupture.
Georgiana blanchi un peu plus.
— Vous n'y pensez pas ! Imaginez-vous seulement le scandale qui s'en suivra ?
— Parfaitement. Mais je préfère cela à la possibilité de vous avoir pour femme. Vous êtes par ailleurs prié de faire vos malles avec votre tante et de quitter cette maison avant la nuit.
— Je vous en prie laissez-moi vous expliquer !...
— Il n'y a rien à expliquer. Si vous êtes capable d'être infidèle à un fiancé, je ne donne pas cher d'un époux !

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Ce destin qui nous lie
Tarihi KurguAngleterre, XIXe siècle. Le dos meurtri, le cœur lourd, la jeune Carmella se dirige furtivement dans les jardins de son oncle. Depuis la perte de ses parents, elle se retrouve piégée sous la tutelle de cet homme qui, en plus de la détester, prend p...