Chapitre 1

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À Elisa, ma Lune.


L'agacement a précédé l'engouement que j'avais pour cette journée. D'après certains blogs, le fait d'être balance fait de moi une dépensière, une acheteuse compulsive. En réalité, je ne peux que leur donner raison. J'adore dépenser mon argent à tout va, ça joue sur mon moral comme une bonne séance de thérapie. Surtout quand je me retrouve avec deux gros sacs de livres, comme actuellement.

C'est donc avec un bon paquet de livre que je sors de ma librairie de manga préféré. Si j'ai eu le droit à un sac en tissu dans ma librairie généraliste préféré, je ressors d'ici avec un sac en papier et très clairement, avec cette pluie, ce n'est pas la meilleure idée qui soit. C'est donc de là que vient mon agacement.

En remontant l'allé Jean Jaurès, direction François Verdier, j'ai le cœur qui bat. Il y a encore une nouvelle manifestation et les bus contournent le centre-ville. Je suis déjà épuisée mentalement de devoir marcher pendant vingt minutes pour atteindre le premier arrêt où le bus reprend après la déviation. Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même... J'ai laissé ma voiture chez Luna. Et elle habite à Montaudran, donc à environ quinze minutes du centre-ville en voiture.

L'idée que les livres tombent par terre me terrifie. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est avoir des livres abimés. J'aurais trop l'impression de blesser mes propres enfants.

Le sac en tissu, encore, ça ne m'inquiète pas, en revanche celui en papier, je ne lui fais pas confiance. Mais pour l'instant, je n'ai pas vraiment besoin d'y penser, il faut surtout que j'arrive à dépasser cette foule de monde.

À Toulouse, j'ai l'impression que c'est une habitude d'avoir des manifestations, des grèves, des grosses journées où le monde entier est bloqué. Depuis que je suis revenue du Japon, j'avoue que cette atmosphère aussi bruyante et révolutionnaire me surprend toujours un peu.

Bien que, j'ai été élevé là-dedans, je n'ai pas vraiment perdu cette habitude. Je reste une petite française qui aime sa liberté et surtout celle de s'exprimer. Mais la culture japonaise aura réussi à me détendre, m'apaiser et m'aura surtout permis de m'épanouir.

Depuis que je suis rentrée, je n'ai pas encore vraiment repris mes marques. Je me sens ici et là-bas en même temps. Pourtant, ça fait déjà deux mois : il serait temps.

J'ai passé une année absolument incroyable à vivre là-bas, dans une culture et une atmosphère tellement unique. J'ai toujours rêvé d'y emménager, surtout depuis que l'univers des animes et des mangas m'a heurté. Et depuis mon retour en France, cette grande différence entre les deux pays me trouble vraiment.

- Attention !

Je ne comprends pas à qui on s'adresse jusqu'à ce que quelqu'un me bouscule l'épaule. Un mouvement de foule me pousse en arrière et j'ai à peine le temps de me rattraper comme je peux à une poubelle. La pluie ne semble pas aider leur manifestation.

Je n'aurais pas dû entrer directement dans la foule pour la traverser, il aurait mieux fallu que je les contourne. Je tourne alors en direction de Saint-Georges et marche pour rejoindre la rue de Metz. De là-bas, je pourrais sûrement rattraper le Grand-Rond sans avoir à passer à côté d'eux à nouveau. J'accélère le pas malgré tout.

Je passe devant le commissariat de police et continue tout droit pour arriver sur la rue de Metz. En regardant, je vois que la foule vient d'arriver à François Verdier et qu'ils lèvent leur pancarte en direction du monument au mort. Au moins, j'ai encore le temps de ficher le camp.

Mais c'est à ce moment précis, alors que mon esprit voulait juste s'échapper de cette agitation qui me terrorise, que mon sac en papier se déchire. Je regarde tous mes livres tomber sur le sol. Il me faut quelques secondes avant de réagir et enfin, je pousse un petit grognement.

K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant