Chapitre 15

221 20 2
                                    

Je suis fatiguée lorsque je sors du métro, et dépitée en découvrant la pluie qui tombe sur la ville. Après la soirée folle d'hier soir, je suis plus qu'heureuse que nous soyons vendredi pour pouvoir dormir toute la nuit, et même tout le week-end. Contrairement à d'habitude, même Adélaïde, Rose et Olivia n'ont pas voulu sortir ce soir. Je suppose que notre nuit aura été intense pour toutes : je me revois encore à deux heures du matin avec elles devant la salle de gala en train de nous faire chasser. Rien qu'à ce souvenir, je souris.

Mais je suis crevée, et je rêve de dormir.

Alors, lorsque j'arrive chez moi, je me débarrasse de mes affaires et vais à la douche pour me laver de ma journée éreintante avant de plonger directement dans mon lit.

Au moment où je me sens m'endormir, ma sonnette me fait sursauter et il me faut plusieurs secondes pour revenir à moi. Puis, finalement, je me traîne hors du lit pour décrocher le combiné. Je ne dis rien, mais je finis par entendre une voix à travers le bruit de la pluie et je fronce les sourcils.

— Isaac ?

Je crois entendre sa voix, mais le vent et la pluie m'empêchent de véritablement entendre, alors je finis par appuyer sur le bouton pour déverrouiller la porte et le faire entrer. J'espère que c'est bien lui et pas un fou en liberté, mais lorsque j'ouvre la porte, c'est lui que je vois arriver.

Il est trempé, les cheveux tombants sur son front, dégoulinant de pluie, le regard perdu et le visage pâle. Je le fixe sans comprendre, mais sens tout mon corps se tendre d'appréhension.

— Isaac ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Il secoue la tête et s'avance jusqu'à me rejoindre. Il est toujours grand, d'autant plus que je n'ai pas de talon, mais je n'arrive pas à détourner le regard de son visage. Je finis même par l'attraper dans mes mains pour l'obliger à me regarder.

— Qu'est-ce que tu as ?

Il ferme les yeux lorsque mes mains attrapent ses joues et il pose les siennes dessus pour m'empêcher de le lâcher. Mon cœur s'emballe dans ma poitrine alors qu'il soupire.

— Tu me manques.

Un léger soulagement m'envahit. Pendant une seconde, j'ai cru que quelqu'un était mort ! J'ai cru qu'il était arrivé quelque chose à sa famille ou à n'importe qui. Je pousse aussitôt un soupir en secouant la tête et lui pince la joue pour le faire me regarder.

— J'ai cru que c'était grave, marmonné-je.

— C'est grave. Tu me manques tellement que j'en deviens fou et depuis hier soir, je n'arrive pas à penser à autre chose. Je n'y arrive plus. Je suis désolé, je sais que je devrais te laisser encore du temps, tu m'as promis qu'on parlerait et je sais que je devrais attendre que tu sois prête, mais je... suis en train de crever sans toi. Et je ne peux pas faire deux fois la même erreur. J'ai respecté ta décision il y a trois ans, je n'ai pas voulu m'imposer, et je l'ai toujours regretté. Aujourd'hui, je ne veux pas refaire la même erreur.

Il presse mes doigts alors que je le fixe sans réussir à dire le moindre mot. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et je sens mon estomac se tordre d'émotion, alors qu'il s'avance d'un pas pour que nos corps soient collés et il grogne doucement en lâchant mes mains pour déposer les siennes sur mes joues et me maintenir proche de lui.

— Je ne veux plus avoir de regret. Je ne veux plus me réveiller sans toi chaque matin, ou me coucher loin de toi chaque soir. Je ne veux plus avoir à me retenir de t'appeler pour te raconter ce que j'ai fait la journée, ni même arrêter de penser à toi pour me protéger. Parce que je souffre tellement sans toi que ce n'est pas normal. Je n'ai jamais aimé comme je t'aime et je ne comprends pas comment c'est même possible. Je ne peux pas vivre sans toi Cléo. Alors, si tu ne veux plus de moi, dis-le-moi pour que je fasse mon deuil, mais ne me laisse pas comme ça. S'il te plaît. Abrège mes souffrances.

K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant