Ma tête continue de tourner encore quelques minutes, jusqu'à ce que je me rendorme. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, peut-être dix minutes ou peut-être deux heures, mais quand je me réveille, mon esprit est apaisé. Je fais tout pour ne pas me focaliser sur Isaac, absolument tout, c'est pour ça que dès mon réveil je sors du lit et rejoins le salon. Certains dorment encore, mais c'est décidé : je vais faire le grand ménage d'automne.
- Debout les marmottes, maman veut passer l'aspirateur. Pour ceux qui veulent dormir, je viens de libérer un lit ! Aller, hop, hop.
Après plusieurs insultes et deux coussins dans la figure, le salon se retrouve vide et je peux enfin commencer à passer un coup de balai. Alix me rejoint bientôt, toujours aussi fraiche même un lendemain de soirée. Je ne comprendrais jamais comment elle fait pour être toujours en forme comme ça alors qu'elle se réveille toujours à huit heures du matin.
- Ton bol de fruit t'attend dans le frigo, je t'ai perdu de vue rapidement tout à l'heure.
- Pardon, Isaac devait partir pour le travail alors on s'est dit au revoir.
- Hm. J'ai cru entendre des cris, pourtant. À moins que ce soient des cris de plaisir...
Elle me lance un regard suggestif et je secoue la tête en tentant un petit rire pour ne pas éveiller les soupçons. Je déteste cacher des choses aux filles, surtout à Luna et Alix, mais j'ai l'impression que cette histoire me dépasse tellement que je ne peux pas en parler avant de tout savoir. Je ne sais pas jusqu'où ça pourrait partir et je ne veux pas mettre en danger quiconque.
- C'est rien, j'étais un peu trop bourrée encore et je l'ai engueulé de choisir le travail à ma place, c'était stupide.
- Ce n'est pas stupide, d'après moi. C'est ce que tu ressens et si tu es agacée parce qu'il choisit toujours son travail, c'est important qu'il le sache. Tu ne peux pas tout garder toujours pour toi.
Je hausse les épaules, sans arriver à continuer à parler. Je ne sais plus du tout ce que je peux et ne peux pas dire, alors je préfère me taire. Je pousse les meubles et commence à balayer partout. Ma tête reste encore un peu embrumée, mais je garde le cap et continue à m'occuper l'esprit. Si je commence à penser à Isaac, je pense que je vais devenir folle.
- Petit-à-petit, je me souviens d'hier soir. Tu te rappelles notre séance de gymnastique ?
- Notre quoi ? Ris-je.
- Je te jure, dans mon souvenir, c'était n'importe quoi. On a tous dû montrer un mouvement qu'on savait faire. Au fait, tu as fait une roue et tu as brisé un verre. Je crois que c'est pour ça que j'ai une entaille à la main.
- Mais comment ça ? Montre !
Quand elle me tend sa main, je découvre en effet une cicatrice de deux centimètres sur le creux de la main.
- Mais comment on a fait ça ? Je ne me souviens de rien encore.
- Je crois qu'en faisant ta roue tu as brisé un verre et personne n'a pensé à passer le balai entre ta roue et ma roulade, rit-elle. Franchement, c'était scandaleux cette soirée.
- Je ne savais même pas que c'était possible de faire autant de connerie en une seule soirée, soupiré-je.
- Comme quoi !
Elle laisse échapper un petit rire en allant chercher la pelle et la balayette. Quand elle revient, mon regard est focalisé sur une veste qui est sur le canapé. C'est la veste du costume d'Hauru qu'Isaac a porté cette nuit. Mais dès que je pose mon regard dessus, je me revois hier soir et un petit souvenir me revient : les Polaroïds.
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K.
ChickLitLorsque Cléo rencontre Isaac... Lorsqu'Isaac rencontre Cléo... Et l'amour fut.