Chapitre 12

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Le réveil est brutal. J'entends un portable qui n'arrête pas de vibrer à côté de moi, je l'entends jusqu'au plus profond de mon estomac qui souffre. Je sais que c'est une personne de ma famille qui a sûrement oublié que mon anniversaire était hier et qui veut me le souhaiter, mais actuellement, j'ai envie de le tuer. Quand j'ose ouvrir un œil, mon crâne vibre et je le referme aussitôt. Les volets ne filtrent pas vraiment la lumière et je me sens agressée. J'ai envie de vomir, de taper ma tête contre un mur pour retirer ce grésillement incessant et de revenir dans le passé pour me donner un coup de poing au moment où j'ai commencé à boire le premier shot.

Il fait vraiment chaud dans la chambre, une chaleur étouffante qui me vrille le crâne. Mais l'idée de sortir du lit, ou du moins, de simplement bouger me retourne l'estomac. Je pense que je pourrais me laisser mourir ici, sans aucun problème. Quelle idée de boire autant ? Franchement, je peux vraiment être irresponsable et débile. Ou juste complètement suicidaire.

Je savais que j'avais dépassé ma limite hier soir, je le sentais, mais j'ai continué. J'ai bu tous les shots, les vingt-trois, et j'ai continué à danser toute la nuit. J'ai l'impression d'avoir fermé les yeux il y a tout juste dix minutes. Je suis épuisée, autant physiquement que psychologiquement, et même un peu spirituellement. Mon esprit s'est envolé loin de moi la nuit dernière, avalée par la chasse des toilettes.

Et ce portable qui continue de vibrer ! Dans une tentative désespérée, je jette mon bras à l'aveugle pour essayer de l'attraper, mais rencontre quelque chose de dur. Le mur ? En y touchant de plus près, ce n'est clairement pas un mur, mais un corps. Grognant et maudissant tous les alcools de la planète, j'arrive à me redresser pour découvrir à côté de moi : Isaac, tranquillement en train de dormir, comme si le monde était merveilleux. Il dort comme un bébé, le visage apaisé. J'ai envie de le secouer pour qu'il s'occupe du portable, mais m'abstient au dernier moment. Franchement, je suis trop mal pour l'admirer, alors je pousse un grognement, me lève difficilement et arrive à trouver l'objet de malheur. Quand je le trouve, ce n'est pas mon portable, mais celui d'Isaac. Un numéro non-enregistré est en train de l'appeler et quand celui-ci se coupe, je remarque qu'il a essayé de l'appeler déjà six fois. Bon, j'ai l'impression que c'est important.

- Isaac. Isaac ! Ton portable.

Il ne bouge pas. Est-ce que lui aussi a trop bu hier soir ? Franchement, je me souviens de pratiquement rien de la soirée. Ma perte de mémoire débute après notre partie de jambe en l'air dans la voiture et se termine ici, maintenant, à onze heures du matin, d'après le portable d'Isaac. Celui qui continue de sonner.

- Isaac, putain, ton portable arrête pas de sonner ! Réponds. Sinon je crois que je vais le jeter par la fenêtre.

Il grogne et je vois son visage faire une grimace, avant de se retourner pour continuer de dormir. En d'autre circonstance, je l'aurais sûrement trouver adorable, mais pas aujourd'hui.

- Isaac, je vais te tuer si tu ne prends pas ton portable !

Complètement à bout, j'attrape le portable et décroche. Dès lors que je le colle à mon oreille, je ne sais déjà plus pourquoi j'ai fait ça et je regrette aussitôt.

- Putain, pourquoi t'as pris autant de temps à répondre ? Écoute, K, on n'a pas le temps. Il faut que tu reviennes immédiatement, je crois qu'il va se passer un truc ce soir. Je t'ai déjà réservé un vol pour quatorze heures. Il va falloir que tu ramènes des armes, on a déjà des gilets au cas où, mais pas assez d'arme, c'est sûr. Tu m'entends ? K ?

Je suis encore sûrement trop bourrée pour avoir bien compris ce qu'il vient de dire. Arme ? Vol ?

Je ne dis absolument rien, complètement paralysé sur place. Je n'aurais clairement pas dû répondre à ce fichu téléphone, ma tête recommence à faire des siennes et j'ai une soudaine envie de vomir.

K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant