K.

Chapitre 17

La librairie a sa propre odeur. Je ne saurais jamais vraiment comment l'expliquer, mais à chaque fois que je rentre ici, je reconnais l'odeur. C'est comme quand je vais chez Camille, depuis la maternelle sa maison à la même odeur. Pour la librairie, c'est pareil. Ça sent les livres, mais d'une façon qui me rassure et me donne un sentiment de liberté. À travers les rayons, je me sens bien et d'autant plus quand j'arrive dans le rayon jeunesse, qui sera mon cocon pendant les prochains mois. À mon arrivée, je vais dans les vestiaires. Jusqu'à présent je n'ai fait qu'utiliser le casier « stagiaire » parce que je ne faisais que des remplacements, mais aujourd'hui j'ai mon propre casier et voir « Cléo » écrit dessus me rend joyeuse. Je mets alors ma veste, mon écharpe et mon sac dedans avant de trottiner jusqu'à mon rayon.

- Salut Cléo !

- Salut Louise. Ça va ?

- Ça va et toi ? Prête pour cette nouvelle première journée ?

- Comme jamais ! Je suis totalement prête à tout faire.

- Parfait, parce qu'on a une réception de malade et je vais devenir folle à force de le faire toute seule.

- Sylvia n'est pas partie seulement hier ?

- Si, mais elle ne le faisait jamais avec moi. Je me tapais toujours la récep pendant qu'elle s'occupait des repré. Sérieusement, je suis quoi ? Une servante ?

- Mais non, mais non. Aller, allons ranger tout ça ! Il y a des retours à faire aussi ?

- J'ai commencé à les faire. Là, c'est la pile Hachette et là c'est la pile UD. Je me suis arrêtée là en voyant la livraison que Sylvia a gentiment laissé depuis hier.

- T'étais en repos ?

- Ouais, et je suis bien contente de ne pas lui avoir dit au revoir ! Quelle saloperie.

- Heureusement, je suis là pour te sauver le cul. Je m'occupe du coin enfant/ado, je ne connais pas encore assez bien le coin petit enfance, ça te dérange ?

- Non, non, de toute façon je voulais vérifier certains titres ici. Parfait !

- Super.

J'attrape la première caisse et m'en vais de l'autre côté, du coin des lectures pour plus âgée. Il y a deux parties au coin jeunesse : le coin pour les tous petits avec les livres musicaux, les contes, les fables, les livres à images et ce genre de chose, puis il y a le coin adolescent et enfant à partir de six ans. J'adore ce côté, parce que je n'arrête pas de dévorer tous les livres.

Je commence alors à tout ranger à son emplacement, naviguant entre le coin fantasy, le coin romance, le coin BD et le coin policier. Je suis complètement amoureuse de cette librairie. Elle ouvre ses portes dans dix minutes alors j'espère que j'aurais assez avancé avant que les clients commencent à arriver. On est samedi et c'est le dernier weekend des vacances. Franchement, je m'attends à une ribambelle de grands-parents qui viennent préparer les livres à offrir à Noël et ce genre de cas. Je suis parée !

Pourtant, la matinée est assez calme. Quelques clients, oui, mais pas plus que ça. Et puis, le fait que nous soyons deux dans le rayon allège les charges. Je me démène malgré tout pour permettre de répondre à toutes les demandes des clients. Je ne suis pas la petite nouvelle de la librairie, dans le sens où je connais déjà tout le monde et j'y ai déjà travaillé : mais c'est la première fois que mon emploi est réellement « libraire » alors je veux faire honneur à la confiance qu'ils m'ont donné en m'offrant cet emploi. En plus, j'adore chacun de mes collègues et je veux leur prouver qu'ils peuvent compter sur moi.

Louise est un amour. De temps en temps, elle descend au sous-sol et me ramène un café. Mes collègues du sous-sol sont des amoureux du café et ont ramené leur propre cafetière qu'ils mettent dans la réserve. Alors quand elle arrive, un café chaud à la main, je ne peux m'empêcher de sourire.