Chapitre 14

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Le travail est ma porte de secours.

Avec la journée que j'organise au travail, je suis occupée chaque seconde de ma vie : mon portable n'arrête pas de sonner, les appels avec les libraires, les journalistes, les influenceurs, les auteurs... Je suis sans cesse occupé.

Je dors à peine cinq heures par nuit pour pouvoir tout préparer. Je m'occupe de la mise en place du showroom où seront exposés tous nos titres, puis de la salle de présentation, et du buffet avec le traiteur. Je m'occupe aussi de la salle de réception pour le gala du soir.

En clair, ma vie entière est tournée sur cette journée si importante pour moi, et je suis tellement heureuse d'avoir cette distraction pour m'empêcher de penser à ma vie personnelle qui se brise. Je suis plus qu'heureuse d'organiser tout ça.

— Tu es prête ?

Adélaïde est aussi tendue que moi, sûrement à cause de moi, finalement. Elle encaisse mes crises de nerfs depuis trois semaines, sans se plaindre, et elle me permet de garder les pieds sur terre. Sans elle, je pense que je serais sûrement écrasée sur le bitume en bas de mon immeuble.

La pression que j'éprouve à cause de cette journée m'écrase.

Mais me stimule à la fois.

Je finis cependant par hocher la tête en prenant une grande inspiration. Je replace correctement ma robe et mes cheveux avant d'attraper la poignée de ma porte de bureau et d'enfin quitter mon antre.

Pour rejoindre le hall de l'immeuble et donc tous les invités de cette journée. Pour plonger dans l'agitation de cette journée. Pour découvrir mon dur travail.

— Allons-y.

Elle me presse le bras et me frotte le dos dans l'ascenseur pour me rassurer, et quand on arrive enfin au rez-de-chaussée, je suis plus que stressée. Et si cette journée se passait mal ? Et si les libraires n'aimaient pas nos prochaines parutions ? Et si les journalistes crachaient sur nos titres dès demain ?

Est-ce que je n'ai pas exposé notre maison beaucoup trop tôt ? Est-ce que j'ai pris un risque ?

Je suis tellement angoissée que je ne vois pas que le rez-de-chaussée est bondé de monde jusqu'à ce que mon cerveau accepte l'agitation autour de moi et me permette de voir et d'entendre la réalité.

Il y a du monde partout. Partout ! Et ils sont venus pour voir notre travail, nos titres et pour parler avec nous.

C'est merveilleux.

Alors, je lance un regard vers Adélaïde et esquisse un sourire alors qu'elle hoche la tête. En moins d'une seconde, nous quittons nos personnalités pour redevenir des membres de cette grande équipe.

Je ne suis plus Cléo, mais la directrice commerciale. Et le monde m'anime ainsi.

Nous passons donc une bonne demi-heure à discuter ainsi autour d'un buffet, avant que la présentation ne commence enfin. Dès lors que l'heure se rapproche, mon angoisse disparaît et lorsque nous sommes tous dans la salle de conférence, je suis excitée par toute cette journée.

Et lorsque je vois le regard de Monsieur Doteli dépasser la porte et pénétrer la salle, mon monde s'arrête de tourner. Je souris en me dirigeant vers lui sous les murmures des libraires et journalistes.

— Monsieur Doteli !

Quand il me voit arriver vers lui, il me sourit en s'approchant, la main tendue que je lui serre aussitôt.

— Appelez-moi Enzo, je vous ai dit. Je suis ravi de vous revoir, Cléo. Votre journée a l'air déjà bien commencé. Je suis désolé d'arriver en retard, mais le trafic était compliqué.

K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant