Chapitre 9

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Je laisse un petit cri m'échapper tandis que l'eau brûlante me coule sur les doigts et je me dépêche de tourner le robinet pour que l'eau froide s'y déverse.

J'aime faire la vaisselle, ça me détend et me donne l'impression d'être dans une bulle. Alors quand j'ai vu la pile de vaisselle sale, et après le moment éreintant que je viens de vivre avec Isaac, je me suis jetée sur l'occasion pour apaiser mes sens.

Mais quand j'entends mon portable sonner sur le plan de travail derrière moi, je sais que ce ne sera pas encore le moment pour me détendre.

J'éteins l'eau, m'essuie les mains avec un torchon et découvre un appel visio de Luna. Je décroche en souriant et pose mon portable derrière le robinet pour reprendre ma tâche en lui parlant.

Quand je vois sa tête s'afficher à l'écran, je sens mon cœur palpiter dans ma poitrine. Je ne me rappelle plus la dernière fois que nous nous sommes appelés et où j'ai vu son visage en direct. Si on retire les photos qu'on s'envoie de temps en temps, j'ai l'impression que ça fait des semaines.

— Ah, bah, non, tu n'es pas morte !

Je ris et pose une assiette sur l'égouttoir en roulant des yeux.

— Désolée de te décevoir, mais je peux encore y remédier si tu préfères.

Elle rit et je vois ses jolies boucles rebondir. Elle a les cheveux lisses à l'origine, mais je vois qu'aujourd'hui, elle a décidé de les friser. Comme d'habitude, quoi qu'elle fasse, elle est magnifique.

— Non, merci, je te préfère en vie. Et en contact, c'est encore mieux !

— Désolé, j'étais très occupée ces dernières semaines.

— Ah, oui ! Comment ça s'est passé avec ton italien ?

J'arque un sourcil en essayant de me souvenir de qui j'aurais pu lui parler dans ces termes. Mais la seule chose que j'ai en tête quand on parle d'Italien est Marco, mon ex, et je suis pratiquement sûre qu'il ne s'agit pas de lui.

— Le journaliste ou je-ne-sais-pas-quoi ?

— Ah ! Monsieur Doteli. Ça s'est très bien passé. Je ne me rappelais plus t'en avoir parlé.

— Tu vois que ça fait trop longtemps qu'on ne s'est pas parlé ! T'en oublies même les choses importantes.

— Pardon, pardon. Je te l'ai dit, j'ai été super occupée. Mais je suis plus disponible en ce moment, alors je vais faire des efforts.

— Tu as plutôt intérêt. Et qu'est-ce qui t'a tant occupé que ça ?

Au même moment, comme pour illustrer la chose, j'entends un bruit sourd derrière moi qui me fait sursauter.

— Ouhh ! Occupé avec quelqu'un ?

La voix amusée de Luna me ramène vers elle et je retiens un rougissement en baissant les yeux vers la vaisselle.

— On peut dire ça.

— Nan ! Tu ne m'aurais pas caché ça ! Impossible. Cléo avec un mec ? Pas possible.

Luna éclate de rire alors que je n'ose pas relever la tête pour lui montrer la honte sur mon visage. Je n'ai pas honte d'Isaac, au contraire, mais j'ai honte de ne pas l'avoir appelé aussitôt l'avoir vu pour lui raconter. Depuis que j'ai emménagé à Paris, j'ai perdu l'habitude de l'appeler.

J'ai toujours été distraite, et très peu à donner de nouvelle par téléphone, mais avec Luna, ça a toujours été différent. Pourtant, là, je ne lui ai rien dit.

Peut-être que je craignais de voir sa réaction : elle a dû me ramasser à la petite cuillère après le départ d'Isaac il y a trois ans et voilà que je me rejette la gueule la première dedans à la première occasion.

K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant