Chapitre 8

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Dès que je sens mon esprit s'éveiller, je me sens faible. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, même si je sens l'odeur du café et du pain grillé. Je ne me rappelle plus vraiment la soirée, mais n'est-ce pas ma vie depuis plusieurs mois ? Me réveiller avec la gueule de bois et ne pas pouvoir me souvenir ce que j'ai pu faire ?

Mais ce matin, quelque chose est différent. Je me sens à la fois apaisée et vaseuse, comme si je me savais en sécurité, mais que l'alcool dans mon corps n'arrivait malgré tout pas à s'éponger.

Dans tous les cas, je reste allongée dans mon lit longtemps. Je ne veux pas en sortir et encore moins ouvrir les yeux pour me replonger dans la réalité. Je me sens bien dans l'entre-deux, ce lieu où je ne suis ni endormie, ni réveillée. Où je peux rêver et me reposer sans pression sur les épaules.

Mais je sens bientôt quelque chose sur ma jambe, qui monte sur ma cuisse jusqu'à mon ventre. Ce n'est pas forcément lourd, mais je le sens appuyer là où il ne doit pas. Et je suis forcée de grogner en ouvrant les yeux.

— Nami, grogné-je.

Dès qu'elle entend ma voix, elle se relève de mon ventre et vient donner des coups de tête contre mon nez pour des câlins, que je suis obligée de lui donner. Et il suffit que j'arrête pour qu'elle se mette à taper ma main pour en redemander.

Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes que j'entends des pas s'orienter vers ma chambre. Je suis mieux réveillée, assise contre ma tête de lit, avec Nami qui ronronne dans mes bras. Alors quand je vois la porte s'ouvrir et Isaac passer la tête, j'ai eu le temps de me souvenir d'hier soir et lui sourire.

Je me rappelle du début, de ma rencontre avec sa sœur et de nos fou-rires. Il arrive un moment où je ne me souviens plus trop, seulement de quelques bribes que je n'arrive pas à départager entre le rêve et la réalité.

— Bonjour, sweety. Ça va ?

Je hoche la tête et m'étire de tout mon long sous le grognement de Nami qui saute hors du lit comme pour me montrer son agacement.

— Ça va et toi ?

— Oui. J'ai préparé le petit-déjeuner, tu veux que je te le ramène au lit ou tu me rejoins dans le salon ?

— J'arrive.

Quand il referme la porte, je reprends mon étirement et me laisse rouler jusqu'à ce que mes pieds touchent le sol pour me lever en grommelant.

Sans réfléchir, j'attrape le premier vêtement que je trouve (un vieux tee-shirt que je ne me rappelle pas avoir sorti de ma penderie) et l'enfile avant de le rejoindre dans le salon. Je me laisse tomber dans une chaise et le regarde.

Je suis toujours étonnée de la facilité qu'à Isaac de s'adapter à toutes les situations. Il ne paraît pas du tout gêné d'agir ainsi chez moi, oubliant presque nos trois ans loin l'un de l'autre. Comme s'il avait toujours vécu ici, ou tout simplement, comme si nous ne nous étions jamais séparés.

— Il n'y avait pas grand-chose dans tes placards, alors j'ai fait comme j'ai pu pour constituer un petit-déjeuner après-gueule-de-bois.

— Il faut que je fasse les courses, marmonné-je. Merci d'avoir fait ça, mais tu n'étais pas obligée, tu sais.

— Ça me fait plaisir.

Il a l'air d'être vraiment heureux de faire ça, comme s'il était heureux de prendre soin de moi, et à cette simple pensée, je sens mon cœur palpiter.

Mais je n'ai pas le temps de réagir qu'il me pose des tartines grillées et beurrées devant le nez, avec un café au lait et un verre de jus de pomme.

K.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant