J'y ai pensé toute la journée, allant même jusqu'à manger avec mes collègues pour ne pas avoir à rentrer et montrer ma mauvaise humeur à Isaac. Quand j'avais l'impression d'être apaisée, il a fallu que je me mette à cogiter. Je réalise alors que je serais sûrement une éternelle insatisfaite. J'ai absolument tout pour être heureuse, mais je trouve malgré tout le moyen de me gâcher la vie. Ruminant, je tourne rageusement la page de mon livre d'amour que j'ai essayé de commencer dans le seul but de me laisser attendrir. Grosse erreur, ça me donne l'impression d'être une idiote parce que dans le livre, je suis exactement le personnage principal qui a une vie parfaite. Tandis que la fille est heureuse et profite de la vie, je suis là en train de me la compliquer.
Louise a vu que j'étais assez pensive aujourd'hui, mais elle a fait rapidement abstraction pour me raconter un peu sa vie. Sa belle-mère est chez elle en ce moment et malgré les quinze ans de vie commune avec son copain, elle se sent étouffée et envahis par une maman protectrice. Louise et son copain se sont rencontrés au collège et c'est une histoire d'amour que je trouve magnifique, mais comme moi, elle semble pour l'instant se focaliser sur un détail plutôt que se concentrer sur le positif. Ça me rassure un peu, en quelque sorte.
Mais quand je quitte le boulot et marche jusqu'à chez moi, je ne sais pas du tout ce que je veux faire. D'un côté, j'ai envie de prendre le premier train qui passe pour me rendre dans une destination au hasard, et de l'autre, j'ai envie de courir jusqu'à chez moi pour plonger dans les bras rassurant d'Isaac et lui raconter absolument tous mes problèmes.
Fumant une cigarette pour me détendre, la musique à fond dans les oreilles, je ne vois pas le temps passer jusqu'à arriver devant ma porte. Je n'hésite pas vraiment quand je l'ouvre et suis assez surprise de retrouver mon appartement entièrement éteint. J'aurais peut-être dû y penser, Isaac est sûrement reparti au travail.
En posant mes affaires, je me laisse tomber dans le canapé et attrape mon ordinateur pour me mettre à surfer sur le net. J'ai envie depuis ce matin de m'acheter un vélo, pour aller au boulot en roulant, mais j'avoue que les prix des vélos est un peu plus conséquent que je m'y attendais. Je me rappelle pourtant avoir eu un vélo à vingt euros quand j'étais jeune. Le monde est bien pourri.
Me perdant à travers les pages internet, je me retrouve bientôt sur des vidéos YouTube attendrissantes où un chat et un bébé sont meilleurs amis. Nami décide même de venir les regarder avec moi, sautant et se posant sur ma poitrine en quémandant des caresses.
Au bout d'une heure de procrastination, sachant très bien qu'il va falloir me faire à manger et commencer à regarder les prochains titres pour la librairie, je n'arrive pourtant pas à trouver l'envie de quitter le canapé, le plaid, mon ordi et Nami. Mais alors que je finis par souffler et essayer de reprendre un peu d'énergie, j'entends des coups contre la porte.
Fronçant les sourcils, je pousse Nami sur le canapé en me levant et regarde dans le judas pour y découvrir Isaac. Pourquoi n'a-t-il pas utilisé sa clef ? Je ne saisis pas vraiment, mais lui ouvre la porte.
- T'as perdu ta clef ?
Il est beau comme un dieu, comme d'habitude. Il a enfilé un tee-shirt noir en col rond, une veste en cuir noir, un jean délavé et une paire de basket. J'ai pris l'habitude de le voir dans toutes les tenues possibles, mais j'avoue que le voir habiller d'une façon si classique m'émoustille toujours un peu. Il paraît si accessible, que j'ai l'impression de me rapprocher un peu de l'étoile filante qu'il est.
- Bonsoir.
Contre toute attente, il sort un bouquet de rose de son dos et me le tend, l'air de rien. J'écarquille légèrement les yeux, sans savoir quoi dire ou quoi faire, mais finis par les attraper pour pouvoir croiser son regard caché derrière le bouquet.
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K.
ChickLitLorsque Cléo rencontre Isaac... Lorsqu'Isaac rencontre Cléo... Et l'amour fut.