Chapitre 40

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Tobio Kageyma.

Je ne pensais pas que ma vie aurait pu devenir aussi sombre en une seule journée.
J'aurais voulu rester dans l'ignorance.
J'aurais préféré ne rien entendre.
J'aurais préféré être plus fort.
J'aurais aimé t'aimer plus longtemps.
J'aurais aimé avoir la chance de te dire ces mots.
J'aurais voulu avoir la chance de créer un nous.
J'aurais aimé avoir un futur à tes côtés.
Je suis désolé.

J'aurais que les choses se passent autrement, que je réagisse autrement. Que ce qui se passait ne m'affecte pas autant. J'aurais aimé être plus fort, afin de rester à tes côtés, afin de t'aimer.

Ce matin-là, nous allions jouer notre dernier match avant longtemps, nous allions jouer notre dernier match avec nos senpai, nous allions jouer notre dernier match contre Oikawa.
J'aurais aimé rester.

Dans le bus, tu t'es assis à mes côtés, sans pour autant me parler. Et cela m'a brisé un peu plus le cœur, car je le savais, tu t'accrochais. Tu ne voulais pas me laisser, tu ne voulais pas me voir disparaître.
Mais il faut me laisser partir.
Je suis désolé Shoyo.

Tu t'es endormi comme une masse, rattrapant la nuit que tu avais sûrement louper. Depuis notre dispute, je te voyais autrement, pour moi tu n'étais plus celui que j'avais rencontré, tu étais différent sans vraiment l'être.
Tu n'étais plus le Shoyo des premiers mois.
Tu n'étais plus le Shoyo que j'ai commencé à aimer.
Tu es devenu beaucoup plus que cela.

Car ce soir-là, j'ai aperçu un brin de toi que je ne connaissais pas, que je n'imaginais pas. J'ai entrevu une partie de ce que tu renfermais au fond de toi, une partie de ton passé, une partie importante de toi.
Tu m'as permis de voir une partie du vrai toi.

Alors malgré le mal qui m'habitait.
Malgré mon envie de disparaître.
Je voulais en connaître encore plus.
Je voulais en voir plus.
Je voulais tout savoir.
Car chaque partie de toi me fait tomber un peu plus pour toi.

Mais je n'aurais pas cette chance.
Plus jamais je ne pourrais toucher tes lèvres.
Plus jamais je ne pourrais entendre ton cœur.
Plus jamais je ne pourrais voir ton sourire.
Plus jamais je ne pourrais t'aimer.

Jamais je ne pourrais te dire ces mots.
Jamais je ne pourrais créer ce nous.
Jamais je ne pourrais créer cet avenir.
Jamais je ne pourrais réaliser ces rêves.
Jamais je ne pourrais te dire que je t'aime.

Quand Oikawa est venu me voir, j'ai tout de suite su que j'aurais dû fuir, fuir ce qu'il allait à me dire. Car son visage, son expression était beaucoup trop sérieuse, beaucoup trop dur, beaucoup trop douloureuse.
J'aurais dû fuir hier pour ne pas disparaître aujourd'hui.

Il m'a avoué des choses que je n'aurais jamais voulu entendre.
Il m'a replongé dans un passé que j'aurais préféré oublier.
Il m'a touché en plein cœur.
Le faisan disparaître en éclat.

J'avais bien vu qu'Oikawa n'était pas à l'aise et qu'il ne savait pas comment le dire, alors il m'a simplement dit des phrases sans queue n'y tête. Espérant au fond de lui que je ne les comprennes pas.
J'aurais préféré ne rien comprendre.

Frère.
Petit frère.
Ichiro.
Mère.
Génitrice.
Retour.
Gradins.
Là.
Juste là.
Derrière ces portes.
Ils sont juste là.

Sans que je m'en rende compte, mon passé, c'était mélanger à mon présent afin de briser mon futur.
Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit.
Sans que je ne puisse dire quoi que ce soit.
Sans que je ne sois quoi que ce soit.

J'ai toujours imaginé ma mère revenir vers moi, quelques années plus tard. Elle se serait excusée, m'aurait dit qu'elle a toujours penser à moi, quelle regrette ses choix.
Ma mère m'aurait pris dans ses bras, pour la première fois.
Ma mère aurait séché mes larmes, pour la première fois.
Ma mère m'aurait dit « je t'aime », pour la première fois.
Ma mère aurait été là, pour la première fois.

Mais tout cela n'arriva jamais, car je ne suis rien pour elle. Je n'ai été qu'un problème, une connerie de jeunes que l'on refile, que l'on oublie, que l'on jette, que l'on remplace.
Elle n'a jamais voulu de moi.
Elle ne reviendra jamais.
Elle m'a remplacé.

Sans que je ne puisse le contrôler, je me suis mis à l'imaginer, heureuse, entouré de ses vrais enfants avec un mari aimant.
Je l'ai imaginé être entouré d'une famille.
Je l'ai imaginé être aimé.
Je l'ai imaginé vivre sa vie.
Je l'ai imaginé.
Juste imaginé.
Et cela depuis tant d'années.

Depuis qu'elle m'a laissé, elle n'a jamais arrêté de vagabonder dans mon esprit, me rappelant sa présence à chaque moment de ma vie. Me montrant ce que je loupais, elle a toujours été là, comme une tique suçant mon sang, ma joie, mon envie de vivre.

Elle était dans ma tête quand j'ai réussi à faire du vélo.
Elle était dans ma tête quand j'ai commencé le volley.
Elle était dans ma tête à ma première victoire.
Elle était dans ma tête à ma première défaite.
Elle était dans ma tête quand je suis rentré au collège.
Elle était dans ma tête quand mon monde, c'est peu à peu effondrer.
Elle était dans ma tête quand le monde m'a tourné le dos.
Elle était dans ma tête à mon premier chagrin d'amour.
Elle était dans ma tête quand j'ai embrassé Shoyo.
Elle était dans ma tête à chaque fois que je voulais en finir.
Elle était dans ma tête.
Elle est dans ma tête.
Maintenant encore.
Elle est dans ma tête.

Toutes ces années, je l'ai imaginé être présente pour moi, être là à chaque moment de ma vie, à chaque moment important de ma vie.
Comme un fantôme, elle me hante.
Comme une chaîne, elle m'emprisonne.
Comme une balle, elle me tue.
Je veux qu'elle sorte de ma tête.
Je veux qu'elle disparaisse.

Oikawa m'a finalement laissé seul, voyant que je ne l'écoutais plus, perdu dans mes pensées. J'étais maintenant seul dans le couloir menant au terrain de volley, menant à la salle, menant au gradin, menant à l'endroit où ils étaient.
Ou ma mère était.
Ou mon frère était.
Ou Shoyo était.

Si Shoyo est là, je peux le faire.
Si Shoyo est là, je peux les oublier.
Si Shoyo est là, je peux les faire disparaître.
Tant que Shoyo est là.
Tout ira bien.

Je me suis crue fort.
Je me suis crue assez fort.
Mais rien ne peut enlever cette douleur qui à éclater mon cœur quand je les ai vues, tous les deux. Quand je l'ai vue, ma mère, poser son regard sur son fils, le regard d'une mère.
Je ne suis pas fort.
Je ne suis pas son fils.
Je ne suis rien.
Et le rien est voué à disparaître.


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Hey !
Oui, je sais. J'avais dit pas de chapitre avant ce week-end, mais l'envie est présente alors autant la laisser libre.
Je ne sais plus vraiment quoi penser de ma fanfic, peut-être suis-je allé trop loin dans l'histoire ? Aurais-je du m'arrêter avant ? Tel sont les questions qui hante mon esprit.

Ps : je viens de commencer une autre fanfic, un peu dans le même style que celle-ci. Je ne sais pas ce que cela va donner, mais j'espère que « Ferme les yeux » vas toucher autant de personne que « ne me laisse pas. »

𝑵𝒆 𝒎𝒆 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆 𝒑𝒂𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant