L'Arme Ultime

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Une fois que la vague de murmures fut passée, Josepha confirma ses allégations.

– Un virus, précisa-t-elle. Une arme biologique conçue pour s'attaquer seulement aux vampires, afin de rendre à l'homme la suprématie qu'il a perdu.

Cette fois, ce n'étaient plus des murmures mais des exclamations. Milan seul ne disait rien. Il étudiait la journaliste, qui n'en finissait plus de le surprendre.

C'était donc le véritable enjeu de leur lutte, de tous leurs préparatifs. Il ne s'agissait pas d'un vampire, il ne s'agissait pas d'une bataille, il s'agissait de mettre fin à la guerre ! Ni plus ni moins qu'une lutte à mort. Pas pour venger Chandra, mais afin de poursuivre son œuvre, la plus importante qui ait jamais incombé à des Sentinelles depuis la création de leur ordre. L'éradication des vampires.

Dans le silence qui suivit le ton solennel de la journaliste, seule la voix discordante de Milan s'éleva.

  – Je suppose que vous n'attendez pas sérieusement mon approbation pour participer à ma propre extinction.

  – Nous avons anticipé votre désaccord, Milan Lazsco, intervint Myrande Barnum. En mettant au point un antidote spécialement pour vous. Est-ce que cela ne vous dirait pas de devenir le dernier vampire de la planète ? Vous seriez un Dieu parmi les hommes.

  – Dieu ? étrange, c'est un job qui ne m'a jamais attiré.

Parmi les troupes des Sentinelles en revanche l'enthousiasme se déchaînait. Notamment dans les yeux rougis du Sénateur Belger, qui voyait là un signe divin. Dieu était enfin de leur côté. Ils allaient pouvoir massacrer les impies. Ce serait la consécration de sa carrière ; plus que de sa carrière : de sa vie.

  – Mais cette arme... est-ce qu'elle existe ! insista plus pragmatiquement l'industriel Victor Grossman. Pouvons-nous l'utiliser ?

  – Elle existe, mais n'est pas tout à fait opérationnelle, dut admettre Josepha Carater. Nous avons beaucoup perdu lors de la mise à sac du Manoir. Heureusement, Gordo travaillait de pair avec Chandra, il a conçu un second laboratoire, ici même, à la Terrienne.

  – Où en sommes-nous exactement dans le processus ? insista Grossman, qui semblait craindre les désillusions.

  – Nous possédons le substrat pour fabriquer ce virus. Et notre plus éminent spécialiste, le professeur Fidji, a survécu également. Il travaille actuellement à mettre au point le processus, entre ces murs. C'est pourquoi nous nous retrancherons tous ici pour la nuit, et toutes les nuits suivantes, jusqu'à ce que nous parvenions à nos fins.

  – Et en quoi consiste ce virus ? continua de les presser Victor Grossman, non sans manifester une pointe d'agacement face à ce qu'il considérait comme de la rétention d'information de la part de ses sbires.

Myrande Barnum émit alors un sourire de satisfaction sadique. En tant que nouvelle sentinelle, la veuve noire avait eu la primeur de cette information, elle ne put résister au plaisir de faire valoir ses connaissances.

  – Je vous assure que la réaction est spectaculaire ! D'après les premiers tests, sur des versions incomplètes encore, cela prend moins d'une journée.

  – Une sorte de fièvre hémorragique brutale s'empare des vampires, renchérit la journaliste. Fidji a mis au point un virus capable de différencier la nature de ses hôtes, pour les tuer en quelques heures à peine.

Milan suivait cette conversation avec un air blasé sur le visage, qui n'en recelait pas moins une méfiance accrue.

  – Je ne suis pas expert en virologie, intervint-il, mais s'il agit aussi vite, comment comptez-vous qu'il ait le temps d'infecter tous les vampires de la planète ? Ou même seulement d'arriver au village voisin ?

Milan Lazsco : La Ruche - Wattys 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant