Sur les Traces...

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Salem et ses hussards entrèrent les premiers dans la salle suivante du complexe souterrain, suivis par Milan, Cimino et ses troupes. La brèche déchiquetée dans la paroi indiquait que le monstre s'était vraisemblablement enfui par là.

Ils ne trouvèrent là rien d'autre qu'un autre espace aussi gigantesque que le précédent. Ce n'était pas un laboratoire mais une sorte de hangar. Des caisses de bois ou de métal gisaient en désordre, comme renversées dans un jeu de quilles. Un monte-charge impressionnant apparaissait à l'extrémité du champ de bataille.

Au départ, il devait y avoir deux monte-charge, mais l'un d'eux avait été détruit, laissant à sa place un orifice sombre sur le sol. En se rapprochant avec prudence de cet orifice, les troupes comprirent qu'il donnait vers les profondeurs du bâtiment.

Le monstre s'était enfui par là.

  – Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? s'exclama Tardiff en pointant son faisceau de lampe torche dans le trou. Un ancien complexe militaire ?

  – Un abri anti-atomique, répondit Belger, tout en considérant la démesure de ce lieu, et se questionnant lui aussi sur sa véritable nature.

  – Eh bien, on dirait qu'ils ont fait les choses en grand...

Le soldat d'origine irlandaise lança sa lampe-torche, allumée, dans le trou. La lumière dévala en tournoyant des dizaines de mètres dans les profondeurs, sans parvenir à éclairer suffisamment ce qui l'entourait pour leur permettre de le distinguer correctement, mais néanmoins assez pour leur faire comprendre que l'endroit était plus profond qu'ils ne l'avaient imaginé.

  – Comment ça peut exister une chose pareille !

Cimino se tourna vers Salem et Milan en quête de réponse. Mais ni l'un ni l'autre n'en apporta. Salem restait muet ; quant à Milan, il semblait réfléchir sans comprendre.

Il paraissait certain que Gordo Vingam n'avait pas bâti ce complexe souterrain. Dissimuler un tel lieu était une chose, en construire un, avec toute la logistique et les ressources requises, tant financières qu'humaines ou matérielles, semblait impossible. 

Plus sûrement, Gordo avait repris à son compte un édifice existant. Dès les années 50, en raison des tensions de la guerre froide et du risque nucléaire, de nombreux programmes d'installations secrètes et d'abris anti-atomiques avaient été lancés aux États-Unis. Celui-ci paraissait de taille disproportionnée par rapport à sa localisation excentrée - en effet les plus connus se situaient à des emplacements stratégiques, sous le Sénat par exemple, afin de protéger le gouvernement américain. Mais cela pouvait correspondre à un choix délibéré. 

Sans doute s'agissait-il d'un Bunker de type Arche de Noé, situé dans des régions suffisamment reculées des grandes métropoles pour des raisons de sécurité. Mais dans ce cas, on pouvait imaginer que le gouvernement des États-Unis en avait gardé au moins la trace, ou l'aurait défendu âprement. Peut-être avait-il été vraiment abandonné. Peut-être Von Troheim et ses vampires avaient-ils fait le ménage, et Gordo avait ensuite rassemblé les morceaux...


Bruce Belger interrompit les deux vampires dans leurs réflexions.

  – Peu importe ce qu'est en réalité cet endroit ! déclara-t-il. La créature est descendue, et la journaliste prétend qu'il y a une issue en bas. Même si je vois mal comment cette affirmation peut être vraie, je crois que nous n'avons pas le choix. Il faut descendre chercher cette chose.

  – Qui ira, se moqua Tardiff. Vous ?

  – Pourquoi pas ? J'ai pas l'habitude de me dégonfler, riposta Belger. Et vous ?

Milan Lazsco : La Ruche - Wattys 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant