Chapitre 1

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Quand je descendis de la voiture, une vague de mélancolie me submergea. Birmingham, une ville que j'avais connue quatre années auparavant me sembla si étrangère subitement. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de m'y sentir chez moi malgré tout ce temps. Je connaissais les moindres recoins par cœur, les commerces, les bars, où j'avais passé tant de temps auparavant, en compagnie d'un homme. Pourtant, quelque chose avait changé : la guerre était belle est bien finie et derrière nous, la vie avait repris son cours normal.

Je vivais encore en France au moment où elle s'était déclarée. La guerre n'épargne personne, elle a pris mon père, laissant une jeune fille de 17 ans et son petit frère, seuls. Nous avions décidé de fuir notre campagne Normande pour venir ici, dans cette ville, qui me semble désormais n'être qu'un souvenir, avant de déménager à Londres.

Je me dirigeais en direction du Parlement, respirant l'air suffoquant sortant des usines. Cet endroit n'avait pas changé, l'ambiance mortifère qui s'en dégageait était toujours belle et bien présente. A vrai dire, je n'avais pas le temps de m'attarder sur ces choses-là, même si les cendres se déposaient sur mon manteau en fourrure, et que la boue salissait mes chaussures vernies.

Aujourd'hui était un jour très particulier. Je devais rencontrer un homme important nommé Oswald Mosley. Ce dernier était membre d'un parti politique grandissant. En tant que nouveau député, il fallait le surveiller de près. Les idéologies de ce dernier, révélant antisémitisme, mépris des classes sociales inférieures, affichant clairement un racisme décomplexé, ne présumait pas bonne augure pour l'avenir de l'Angleterre. La paix est une fleur fragile, et si le passé nous a bien enseigné une chose, c'est qu'il ne faut jamais la considérer comme acquise.

Vous devez surement vous demander pourquoi moi, une jeune femme de 24 ans, devait rencontrer un homme que je haïssais déjà. Cette explication est très simple. Pendant la Grande Guerre, et suite au décès tragique de mon père au front, j'ai intégré un mouvement de résistance nationaliste secret dans lequel je réside toujours, mais en Angleterre désormais. Ayant eu vague de la montée de ce parti politique, la tête de cette organisation a décidé d'y envoyer une des seules femmes membres de celle-ci afin d'enquêter et de surveiller l'homme qui en est le président. Me voilà donc ici, à Birmingham, devant séduire un homme qui me répugne au plus haut point afin d'assurer la continuité de la paix sociale.

En ouvrant la porte, je me dirigeai au fond du long couloir comme on me l'avait demandé. Je devais trouver le bureau de ce Oswald. Celui-ci avait fait la demande d'une nouvelle secrétaire une semaine auparavant. J'allais donc me présenter comme étant sa nouvelle assistante.  Sur une porte, j'aperçu une plaque dorée portant son nom, j'en déduis donc que je me trouvai face à son bureau.

J'entra timidement et je découvris cet homme. A ma grande surprise, il était assez jeune, environ la trentaine, et pour le moins charmant. Nous nous sommes dévisagés avant qu'il brise le silence.

 « Bonjour, vous-êtes ? », demanda-t-il

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« Bonjour, vous-êtes ? », demanda-t-il.

« Bonjour... Je suis votre nouvelle assistante, vous avez effectué cette demande la semaine précédente auprès de l'administration », répondis-je gênée.

« Ah ! Eh bien, ce n'est pas trop tôt. J'ai énormément de travail ces derniers jours, vous arrivez à temps. Venez remplir ces papiers, vous commencerez demain », renchéri-t-il en fouillant son bureau à la recherche des documents.

Je m'avançais alors, il me le tendit, tout en m'observant. Je ne prêtais guère attention à son regard insistant, je souhaitais juste en finir et rentrer à l'hôtel qu'on m'avait attribué. Je lui rendis les papiers signés, tout en le fixant dans les yeux.

« Dis donc, d'habitude les secrétaires qu'on m'envoie ne sont pas aussi jolies », me dit-il avec un grand sourire. Je ne lui répondis pas, écœurée par ces paroles, et me contenta de lui rendre son sourire.

J'avais conscience que j'étais jolie, on me l'avait souvent répété depuis mon adolescence. Grande brune aux yeux clairs, j'ai toujours eu confiance en moi et les flatteries de cet homme me rendaient indifférentes. En revanche, elles révélaient le fait que je lui plaisais, ce qui me réjouit. Je pourrais donc le séduire et mener à bien mon but. 

Finalement, je sortis soulagée de son bureau, il ne s'était douté de rien. Ma mission commençait demain matin, et je n'avais qu'une hâte : rentrer me reposer du long voyage depuis je venais de faire. Je m'avançais de plus en plus vers la sortie, regardant à droite et à gauche. Cet endroit était magnifiquement décoré, les meubles art déco, les œuvres d'art accrochées au mur, rendait ce couloir majestueux. La porte de sortie n'était qu'à quelques mètres de moi quand tout d'un coup, un homme fit irruption. Son visage m'interpella et me stoppa net dans ma lancée.

Je l'avais tout de suite reconnu, malgré les petites rides que le temps avait tracé sur son visage. Ses yeux bleus me dévisagèrent en retour, sa cigarette se consumait
. Ce visage était celui de l'homme que j'avais connu quatre années auparavant, avec qui j'avais vécu une histoire d'amour aussi déchirante que passionnelle. Il appartenait à Thomas Shelby.

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Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant