Chapitre 11

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J'étais installée et occupée à trier quelques documents quand Oswald Mosley m'interpella et m'invita à le rejoindre dans son bureau. Nos deux espaces étaient mitoyens et séparés par une porte.

Au sein de la Chambres des Lords, chaque homme politique disposait de son propre cabinet pour pouvoir travailler dans des conditions calmes et confidentielles. Cependant, les secrétaires n'étaient jamais très loin afin d'être disponible à tout moment.

Je me levai de ma chaise et je me dirigeai vers le bureau de mon interlocuteur. En entrant dans la pièce, je découvris de somptueuses moulures au plafond, des tableaux du siècle dernier étaient fièrement exposés, et le bureau en bois d'acajou était surmonté de parures dorées. C'était donc ce fameux bureau qui contenait les informations dont j'avais besoin.

Je ne pus m'empêcher d'y accrocher le regard à la recherche de chaque petit tiroir, chaque petite trappe ou de chaque petite ouverture qui retiendraient ces précieux documents. Mais en la présence d'Oswald il serait impossible pour moi d'y accéder.

Il se situait derrière son immense bureau et regroupait quelques feuilles qu'il triait en colonne sur celui-ci. Quand il eut terminé il saisit une cigarette et la glissa entre ses lèvres. Il tira quelques bouffées et se redressa vers moi.

- Asseyez-vous je vous en prie.

Je tirai la lourde chaise en bois devant moi et m'y installa en prenant soin de plier mes jambes et de déplisser ma robe. Je n'aimais pas l'ambiance qui régnait dans la pièce : moi assise et lui debout, tel un professeur prêt à réprimander son élève. Son regard mesquin me toisait et son sourire pervers s'imposait à moi comme l'expression de sa supériorité.

- Vous savez, ma journée d'aujourd'hui a été très remplie mais surtout très agaçante. C'est à peu près comme cela tous les jours me diriez-vous, mais ça l'a été particulièrement ce jour-ci. Savez-vous pourquoi ?

- Monsieur je..

- Lorsque j'engage quelqu'un pour s'occuper de la paperasse et qu'il se trouve que j'ai énormément de paperasse, que cette personne n'est pas là et que je dois finalement m'occuper moi-même de cette foutue paperasse, cela a le don de fortement me mettre en colère.

Il se tenait face à moi, les deux mains écartées sur son bureau il avait rapproché son visage qui arborait une mine très sévère, accentuée par sa grande moustache. Son regard était devenu noir.

- Alors vous allez me dire ce que vous foutiez aujourd'hui ?

Il avait frappé du point sur son bureau en prononçant ces paroles et son regard se noircit de plus en plus. Lui qui était habituellement plutôt courtois et charmeur revêtait un tout autre masque : celui d'un homme colérique et particulièrement froid. Je comprenais désormais toute la dangerosité qu'il représentait. Je devais cependant rester très courtoise et professionnelle auquel cas tous mes efforts tomberaient à l'eau. Je sentis qu'il n'aurait aucun scrupule à me renvoyer sur le champ, ce qui compromettrait frottement l'obtention des preuves dont j'avais besoin.

- J'ai rendu visite à mon amie Ada ce matin. Son conjoint est mort dans l'attentat dont vous avez surement entendu parler, je ne pouvais pas la laisser seule affronter ce drame. Je suis désolée, ça ne se reproduira plus.

- Ada... Shelby ?

- Oui.

- Hm..

À ces mots, il quitta son bureau et s'avança en direction de la grande fenêtre qui éclairait toute la pièce. Il continua de fumer sa tige de tabac tout en regardant d'un air perplexe ce qui se trouvait à l'extérieur du bâtiment. Il avait l'air totalement plongé dans ses pensées. Je compris que la simple évocation du nom Shelby le troubla fortement, ce qui ne m'étonna absolument pas.

- Vous êtes proche de la famille Shelby ?

Je ne savais pas quel genre de relation il entretenait avec Thomas ou les Shelby en général, et le mieux pour moi était d'être la plus vague possible afin de n'être reliée à aucune affaire qu'il pouvait avoir avec Thomas.

- Pas réellement, j'ai rencontré Ada dans un bar cette semaine et nous sommes devenues amies par la suite.

Il jeta sa cigarette sur le beau tapis oriental présent dans la pièce et l'écrasa sous ses pieds. Cet homme n'avait définitivement aucun respect, pas même pour les lieux qu'il occupait.

Il s'approcha vers moi doucement en me dévisageant de haut en bas d'un air moqueur. Il se plaça derrière l'endroit où j'étais assise. Je fixai le tableau accroché en face de moi et je sentis mon cœur s'accélérer un peu plus vite à chaque seconde qui marquait le grand silence qui régnait. Le savoir si près de moi me rendait très mal à l'aise et très inquiète. J'ignorais de quoi il était capable. Je sentis sa silhouette s'abaisser petit à petit dans mon dos et son souffle rebondir dans mon coup. Mon cœur faillit s'arrêter quand il posa sa main sur une de mes boucles et qu'il la fit virevolter entre ses doigts. Un grand frisson de dégout parcourra tout mon dos. Il approcha son visage de mon oreille et chuchota.

- Votre petite excuse semble tenir la route... mais si vous souhaitez réellement que je ne vous en tienne pas rigueur je pense que vous savez quoi faire..

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant