Chapitre 21

2.1K 109 63
                                    

Il me fixa de ses yeux translucides dans l'attente de ma requête. J'étais très angoissée et je redoutais sa réponse, mais je n'avais plus le choix que d'assumer désormais.

-    As-tu accès au bureau d'Oswald ?

-    Pourquoi ?

-    Réponds-moi.

-    Officiellement, non. Mais officieusement, oui. Pourquoi souhaites-tu savoir cela ?

-    J'ai...besoin que tu te procures des documents. Des relevés bancaires. Ils sont probablement dans son bureau.

Il soupira très fort et prit sa tête entre ses mains, comme s'il se contenait encore une fois pour ne pas exploser. Je pris alors peur, et je regrettai immédiatement mes paroles. J'étais allée trop loin.

-    Putain à quoi tu joues Chiara. C'est quoi ces conneries encore ?

-    Thomas, je dois absolument mettre la main dessus. Et je ne peux pas y retourner suite à mon altercation avec lui... Tu es la seule personne qu'il ne soupçonnera pas s'ils disparaissent.

-    Pourquoi je ferais ça ? Pourquoi je prendrais ce risque ? Et pourquoi des putains de relevés bancaires ?

-    Je pense qu'il est lié à l'attentat qui a tué Ben Younger... Et qu'il aurait payé les Billy Boys pour faire le sale boulot. Si on arrive à prouver cela, il pourra dire à dieu à sa carrière politique. C'est bien ce que tu veux toi aussi non ?

-    Quoi ?? Ces putains de Billy Boys seraient liés à tout cela ?

-    Apparemment.

Il ne répondit rien pendant quelques secondes et il fixa le vide. Il était perdu dans ses pensées et son visage semblait troublé par cette annonce. Puis, comme s'il avait assez réfléchi et qu'il avait trouvé ses propres intérêts dans cette histoire, il revint à ses esprits.

-    Chiara, dans quoi tu t'es embarquée putain.

Je ne pouvais plus faire demi-tour. Alors, je lui avais tout expliqué. Tout de A à Z. Pour qui je travaillais, pourquoi j'étais venue ici, et il comprit pourquoi j'avais pris ce poste bidon de secrétaire. Thomas connaissait désormais toute la vérité, et rien que pour cela je risquais très gros. Si on apprenait que j'avais divulgué ma couverture à un membre de ce parti politique, je serais accusée de trahison ou pire, on pourrait me tuer. Il connaissait toute mes faiblesses et avait toutes les cartes en main pour me détruire. Mais j'avais le sentiment infaillible qu'il ne le ferait pas.

Après lui avoir tout expliqué, il s'énerva contre moi. Il m'en voulait de m'être mise en danger pour des histoires qui selon lui « n'en valaient pas la peine » et qu'il aurait pu « régler tout lui-même », et que ce que je lui demandais lui « fouttait des bâtons dans les roues et nous mettait tous en danger ». Il m'avait clairement fait comprendre que malgré la cause noble que je défendais, rien ne pourrait arrêter cet homme pour le moment. Ou alors que seul lui le pourrait.

Mais face à mes sanglots et les larmes qui m'avaient recouvert le visage, il s'était adouci. Il essayait alors de me calmer en m'indiquant que tout irait bien, malgré la complexité de la situation. Il était passé de la personne agressive et terrifiante que tout le monde connaissait, à l'homme doux et tendre qu'il pouvait être de temps en temps.

-    Chiara, tu dois tout arrêter. C'est trop risqué, regarde ce qu'il s'est passé pour Younger. Tu ne peux plus courir le risque et si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour ton frère.

-    Je ne peux pas. Je ne peux pas cautionner tout ce qu'il se passe sans agir, et puis, ils me renverrons à Londres si je ne leur apporte pas ce qu'ils veulent. Tu es ma dernière solution.

-    Comment ça te renvoyer à Londres ?

-    Je ne leur saurais plus d'aucune utilité ici.

Alors, il se replongea dans ses pensées et se mura dans le silence, comme si cette information changeait la donne. Comme si, l'idée que je puisse partir et ne plus revenir le tracassait profondément. Puis, il s'approcha vers moi tout en posant ses deux mais sur la table et il me jeta regard menaçant.

-    Je vais le faire. Mais à une condition. Que tu ne t'approches plus de cet homme, que tu restes loin de toutes ces histoires et surtout que tu fermes ta gueule sur tout ça. Tu leur transmets ces documents et c'est fini. Tu m'entends ?

-    Oui. Merci, infiniment.

-    Tu fais chier putain. Tu ne te rends pas compte de tout ce que ça implique s'il le découvre.

- Alors pourquoi m'aides-tu ?

- Je n'ai pas envie que tu partes. Et je n'en ai jamais eu l'envie d'ailleurs, même autrefois.

Je ne sus quoi lui répondre, un peu prise sur le fait suite à ses aveux. Face au silence qui résonnait dans la pièce, il approcha sa main de mon bras, et le caressa du bout des doigts. Il ouvrit la bouche, hésitant, mais aucun son n'en sorti. Il réessaya de nouveau, et se livra enfin.

-    Tu sais très bien que tu auras toujours une place particulière dans mon cœur.

-    Thomas, où veux-tu en venir ?

Il se ressaisissait d'un coup, comme s'il en avait trop dit, comme s'il regrettait tout ce qu'il venait de me dire. Mais il ne pouvait revenir en arrière. Il prit alors une cigarette et la porta à sa bouche. Il avait lâché son étreinte sur mon bras et était de marbre désormais.

-    Oublie tout cela.

Puis il se leva et cria au serveur de nous apporter l'addition, tout en faisant les cent pas en attendant la note. Il fuyait face à la situation, et devait profondément s'en vouloir pour s'être dévoilé ainsi. Car Thomas n'admettait jamais ses faiblesses, et les femmes en faisaient. Alors, voulant le confronter afin de comprendre ce qu'il se passait réellement dans son esprit, je me levai à mon tour pour le rejoindre. Mais il ne me regardait même pas et recommençait totalement à m'ignorer. Je lui pris la main afin de le forcer à poser les yeux sur moi. Ce qu'il fit directement.

-    J'en ai marre, tu ne peux pas prêcher le chaud et le froid sans arrêt. Un coup tu me détestes et un coup tu me dis tout cela ? Comment je suis censée comprendre maintenant ? J'ai besoin de savoir ce qu'il se passe dans ta tête Thomas.

Alors, comme s'il se sentait prisonnier, il me repoussa immédiatement pour se libérer. Ce qui me vexa profondément. J'étais épuisée de ne pas savoir, de marcher sur des oeufs constamment, et de ne pas être fixée sur la nature de notre relation si particulière. Il posa alors sa gavroche sur sa tête et enfila son manteau, puis quand il fut prêt à partir il se tourna vers moi d'un air très énervé.

-    Qu'est-ce que tu veux que je te dise putain ? Qu'à chaque fois que je te vois je regrette ? Que je m'en veux de t'avoir laissé partir quatre ans plus tôt parce que j'ai été con ? Que j'essaie de te repousser pour me persuader que ce n'est pas le cas ? Voilà tu as tes réponses, maintenant lâche moi.

Le serveur était revenu et Thomas lui balança une liasse de billets aux pieds d'un geste méprisant, avant de s'en aller rapidement et de disparaître dans les rues de Birmingham.

——————————————————————————

Coucou,
juste un petit mot pour vous remercier de me lire chaque jour et pour vous dire que j'adore lire vos retours, que ça me motive vraiment pour continuer l'histoire et pour écrire tous les soirs. Alors merci encore du fond du coeur à toutes les personnes qui commentent et qui suivent l'histoire de Chiara et de Thomas. Gros bisous ❤️

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant