Chapitre 36

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Nous étions rentrés directement suite à notre conversation avec Thomas. Il m'avait fait monter dans sa voiture, puis je m'étais endormie sur la banquette arrière. J'étais totalement lessivée, épuisée. Ensuite, je ne me souvenais de rien. Je m'étais juste réveillée à l'aube dans un grand lit. Dans sa chambre cette fois. Je suppose qu'il avait dut me déposer ici la veille et que le sommeil profond dans lequel j'étais m'avait permis de ne pas me réveiller. Cela me rappelait mon père, quand, étant petite, je m'endormais sur le sofa et que je me retrouvais miraculeusement dans mon lit le lendemain matin.

J'essayais tant bien que mal de décoller mes paupières car mes pleurs avaient totalement asséché mes yeux. Après y être parvenue, j'avais regardé tout autour de moi pour inspecter les lieux. Aucune affaire de Thomas n'était présente, du moins, tout était parfaitement rangé. Son odeur n'était pas sur les draps, ce qui me fit dire qu'il n'avait pas dormi là avec moi. 

Cependant, contrairement à mon dernier séjour au manoir Shelby, des affaires de rechange étaient posées sur la chaise près du bureau. Je m'étais alors levée, lavée, préparée et j'avais enfilé ma nouvelle tenue. Il s'agissait d'une robe beige ornée de perles ainsi que des escarpins qui y étaient assorties.

J'étais par la suite descendue jusqu'au rez-de-chaussée afin de prendre un petit déjeuner. Pour la première fois depuis aussi longtemps que je pouvais m'en souvenir, j'avais faim. Mon corps criait famine. Je m'étais alors rapprochée de la grande salle de réception, où les domestiques installaient généralement les repas. Mais en me rapprochant peu à peu, j'entendais des voix qui semblaient émaner de cet endroit.

Celles-ci appartenaient à Thomas et Polly qui discutaient. Alors, j'avais tendu l'oreille derrière la porte afin d'écouter ce qu'ils se disaient, même si j'avais conscience que cela n'était pas très poli. J'avais taché de vérifier autour de moi si personne ne pouvait me surprendre ; la voie était libre. Je les entendais désormais distinctement.

- Son état est si critique que cela ?

- Elle est assez méconnaissable. Disons qu'elle a perdu beaucoup de poids, on dirait un enfant désormais. J'ai eu mal au cœur en la voyant hier. 

- Pauvre petite ! Tu ne peux pas la laisser comme ça Tom, laisse-moi la voir. Je peux la guérir.

- On ne guérit pas d'un deuil Pol'. Elle a seulement besoin de temps.

- Ne sous-estime pas les dons qu'on a dans la famille. La magie gitane fonctionne à tous les coups.

Thomas avait pouffé de rire.

- Polly, tu ne vas pas l'ensorceler. Il en est hors de question.

- Hm. Tu sais, la dernière fois, j'ai eu des visions. De toi, d'elle.

- Tu me fais peur parfois.

- Je suis totalement sérieuse, et tu le sais. Elles ne se trompent jamais.

- Je t'écoute dans ce cas.

- Je vous ai vu tous les deux, dans un futur lointain. Je crois que le destin te ramènera toujours vers elle. Fais attention Tommy, même les hommes les plus intelligents se font corrompre par le vice des femmes. Ne te perds pas.

- Ne t'en fais pas.

Leur conversation avait pris fin et j'avais déboulé automatiquement dans la pièce, me retrouvant nez à nez avec Thomas et sa tante qui buvaient un café tout en fumant une cigarette, accoudés sur le dossier d'une chaise. Polly m'avait lancé un regard foudroyant et elle me dévisageait de haut en bas d'un air choqué.

- Mon dieu, c'est bien pire que ce que je pensais. Tom, emmène là à l'endroit dont je t'ai parlé. Bon, je vous laisse tous les deux. Prends soin d'elle.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant