Le prix à payer - PEAKY BLINDERS

Chapitre 25

Il était 22 heures et je venais tout juste de me réveiller dans ma chambre d'hôtel. J'avais passé la journée à ruminer suite à mon échange avec le Sergent Campbell et je n'avais pu trouver la paix que dans le sommeil.

Malgré tout, mes pensées me revenaient en pleine face. Comment pouvait-il me demander de tuer un homme ? Même si cet homme en question était un criminel, en serais-je capable ?

Au fond de moi, je savais qu'Oswald Mosley était une pourriture et qu'il devenait de plus en plus dangereux. Le national-socialisme prenait une part importante dans la vie politique anglaise, et cela par sa faute. Des milliers de personnes en subissaient déjà les conséquences, notamment les juifs et les tsiganes qui se voyaient déjà expulsés de certains endroits, qui se faisaient insulter ou même frapper en pleine rue. De plus, il était également impliqué dans l'attentat qui a tué Ben Younger, le conjoint d'Ada.

S'il fallait agir pour une cause noble et que c'était la seule façon de mettre un terme à la montée de la violence dans ce pays, alors oui j'en serais capable. J'étais certaine qu'ôter la vie d'un homme pouvait se justifier dans certaines circonstances. De plus, j'avais moi même décidé d'entrer dans la résistance et je savais tout ce que cela pouvait impliquer et le sergent Campbell avait été plutôt clair : si je refusais, il me dénoncerait. Je n'avais plus tellement le choix, alors autant me trouver une raison et accepter.

Mais je n'avais pas envie de penser à tout cela ce soir car je passais mes derniers moments à Londres avant de repartir pour Birmingham le lendemain et j'étais bien décidée à sortir pour profiter de cette opportunité.

Je m'étais alors lavée et j'avais enfilé une magnifique robe en soie noire, ainsi que des escarpins rouges. J'avais déposé un brin de rouge sur mes lèvres, redressé mes cheveux en un chignon parfaitement tiré et j'avais filé dans un taxi en direction d'un bar que j'avais autrefois l'habitude de fréquenté nommé le Black Friar.

J'étais entrée dans ce dernier et je m'étais installée directement au comptoir. L'endroit était majestueux. Le plafond était incroyablement haut, paré de jolies moulures et fresques en tout genre, la décoration reprenait le style art déco qui était très tendance en ce moment, les chaises et les tables étaient en bois d'acajou ce qui donnait un aspect très noble à cette immense salle.

L'ambiance était folle et cela m'avait rendu un peu nostalgique des soirées londoniennes. Des femmes et des hommes très élégamment vêtus riaient et dansaient un petit peu partout, les serveurs en costumes trois pièces affluaient munis d'énormes bouteilles de champagnes, l'orchestre composé de sept hommes jouait du jazz. Les effluves de cigarettes et d'alcools me chatouillaient les narines et la lumière tamisée me procurait un sentiment d'intimité malgré la présence d'énormément de personnes autour de moi.

Installée en tailleur sur ma chaise haute, j'attendais que le barman s'approche afin de pouvoir commander une coupe de champagne. C'était tout ce dont j'avais besoin à ce moment précis. Mais je voyais bien que quelque chose clochait car il me dévisageait étrangement et chuchotait dans l'oreille de son collègue tout en me regardant. Après quelques secondes je commençais à sérieusement m'impatienter et il le remarqua. Alors il s'approcha de moi d'un air très gêné.

- Bonsoir mademoiselle, je suis navré mais les femmes seules ne sont pas autorisées à rester ici.

La colère montait en moi face à ce comportement le plus injuste qui soit. J'avais bien entendu oublié cette fichue règle sexiste puisqu'au Garrison je n'avais jamais rencontré ce problème. Mais c'était différent ici. Alors je m'étais levée et j'avais rassemblée mes affaires sans dire un mot car je n'avais pas la force de me confronter à cette coutume qui ne changerait pas de sitôt. Mais j'entendis soudainement la voix grave d'un homme dans mon dos s'adresser à celui qui m'avait indiqué de quitter les lieux.