Chapitre 19

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J'étais restée là, figée devant lui, devant son visage présomptueux. Il se tenait droit face à moi, cigarette à la main, me fixant dans l'attente d'une réponse.
Ses paroles auraient pu m'énerver davantage ou bien me blesser. Mais non, elles ne me firent pas cet effet. Les blessures de notre relation s'était refermées depuis bien longtemps déjà et ses mots n'eurent aucun impact.

Thomas semblait vouloir m'atteindre constamment et j'ignorais pourquoi, mais en faisant tout cela, je réalisai que je ressentais surtout de la pitié pour cet homme. Oui, de la peine. Il me paraissait si désespéré pour agir ainsi. Jamais il n'avait vécu dans la simplicité, sa vie avait toujours été un chaos total. Il était incapable d'aimer, les femmes qu'il fréquentait ne servaient qu'à assouvir ses besoins les plus primaires. Et quand il en avait trouvé une qu'il l'intéressait, il restait avec par peur de se retrouver seul. Même sa famille le détestait profondément.

Il s'était muré dans sa prison dorée, faite de solitude et de silence, et il essayait tant bien que mal de la cacher au reste du monde. Il devait être si malheureux pour avoir le besoin de rejeter les autres constamment et si désespéré pour les faire souffrir volontairement.

Je savais qu'en ayant prononcé ces mots, son unique but avait été de me faire sortir de mes gonds. Mais je n'allais pas lui donner ce plaisir, bien au contraire. S'il souhaitait jouer avec moi, j'allais également me jouer de lui.

Je pris alors une très grande inspiration et je m'approchai de lui, lentement. Tout en le regardant dans les yeux, puis de haut en bas.

Quand je fus assez proche de lui, à moins d'un mètre, je m'approchai encore. Il restait impassible mais j'entendis son souffle s'accélérer peu à peu.

Nos corps se frôlaient désormais. D'un geste sensuel je posai ma main dans le creux de son cou. Il aurait pu me repousser mais il ne le fit pas. Il se laissai faire.

A quelques centimètres de son minois, la main toujours posée sur lui, j'approchai mon visage toujours un peu plus. Mes lèvres effleurèrent même son oreille. Ma paume se baladait un peu partout, le caressant du bout des doigts. Sa respiration s'intensifiait et je cru même percevoir son cœur s'accélérer. Malgré son langage corporel qui le trahissait, il restait inébranlable, figé. Son parfum boisé monta dans mes narines et je ressentis un léger frisson, comme si je me prenais à mon propre jeu.

Il essaya de tourner son visage près du mien, mais d'un geste de main, posée sur sa mâchoire, je l'ordonnai de s'arrêter. La tension entre nous deux était déjà bien montée d'un cran et je lui chuchotai à l'oreille d'une petite voix : « regarde bien ce que tu n'auras plus désormais ».

Je n'attendis pas de percevoir la réaction sur son visage que je me détachai de lui immédiatement, en tournant les talons. Sans me retourner je le laissai planté là, seul sur le balcon.

***

Une semaine s'était écoulée depuis la soirée chez Ada. Nous n'avions pas revu les Shelby depuis.

Je n'étais pas retournée au travail auprès d'Oswald car je ne m'en sentais pas capable, et je considérais également que je devais être virée. J'avais passé le plus clair de mon temps à régler quelques soucis avec mon supérieur, monsieur Campbell, concernant les documents que je devais récupérer, maintenant que je ne pouvais plus m'introduire au sein de la Chambre des Lords. Il m'avait indiqué que je ne devais pas à tout prix chercher à rétablir le contact avec Mosley, sous peine de paraître suspecte, et que nous trouverions une solution rapidement.

Nathan, quant à lui, avait trouvé un poste de comptable en ville. Il m'avait expliqué qu'il était plutôt bien payé et qu'il s'y sentait bien. Il travaillait énormément et rentrait souvent très tard. Je m'étais interrogée sur la rapidité avec laquelle il avait trouvé cet emploi, trouvant cela assez étrange, car il y avait peu d'emplois à Birmingham. Quand j'évoquai le sujet, il restait toujours assez vague, mais je lui faisais confiance.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant