Chapitre 43

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Arthur, John et Thomas s'étaient rendus à Londres le lendemain, aux alentours de midi. Ils avaient directement rejoint la distillerie d'Alfie Solomons qui se trouvait à Camden Town. Cela faisait une éternité que Thomas ne l'avait pas vu, mais leurs retrouvailles furent assez chaleureuses. Ils avaient toujours entretenu une relation particulière étant donné que leur amitié avait connu bon nombre de trahisons. Mais au fond, ils s'appréciaient malgré tout.

Seulement maintenant Thomas savait qu'il pouvait lui faire confiance. Ils avaient fait leurs preuves en démontrant leur respect mutuel.

Les trois frères s'étaient installés dans le bureau, aux côtés du juif. Ils avaient un peu discuté tout en sirotant les derniers alcools d'Alfie et ils avaient parlé business en général. Thomas avait remarqué qu'Alfie n'était pas en grande forme, à force de boire et de fumer sa peau était devenue granuleuse et ses yeux avaient pris la teinte d'un jaune vif. Il était surement malade.

Pourtant Alfie restait tout de même fidèle à lui-même ; c'est-à-dire plein de vie et toujours adepte du cynisme qui le caractérisait tant. C'était surement grâce à cette force de caractère et au ton culotté qu'il employait toujours qu'il avait réussi à bâtir son propre empire à Londres. Tout le monde connaissait et redoutait Alfie Solomons. Tout le monde sauf les Peaky Blinders.

Après avoir divagué à différents thèmes de conversations, ils en étaient venus au cœur du sujet ; l'export de la marchandise de Rhum aux États-Unis du contact d'Alfie.

-    Alfie, le type dont tu m'as parlé, il est fiable ? avait lancé Thomas.

-    Tu remettrais en doute ma fiabilité Tommy ? Bien sûr qu'il l'est.

-    Hm. Comment un mec honnête sortant de nulle part pourrait posséder 6 tonnes de Rhum prêtes à être envoyées outre Atlantique ?

-    J'ai dit qu'il était fiable, pas honnête Tom.

Thomas s'était allumé une cigarette. Il était assez méfiant quant à l'idée de faire affaire avec un homme dont il n'avait jamais entendu parler.

-    Dis m'en plus sur lui.

-    Oh, et bien, si tu insistes. Je ne sais pas grand-chose, mon cher Tom, mais tout ce que je peux te dire est qu'il a fait fortune à Londres il y a de cela un an je dirais. Enfin, peut-être un peu plus. Oh et puis merde, on s'en fou. Et si ta prochaine question est de savoir comment ? Je n'en sais rien. Mais ce mec est pété de thunes. Et tu sais bien comment sont les nouveaux riches ; ambitieux.

-    Hm, avait rétorqué Tom. Il bosse seul ?

-    Non. Il a réussi à racoler un tas d'hommes.

-    Un nouveau gang ?

-    Qui prends un peu trop de place à mon goût, avait lancé Alfie d'un ton agacé.

-    La dernière fois qu'on a bossé avec ce genre de mec, ça a mal fini Tom, avait rétorqué Arthur. Ils commencent par nous prendre pour des cons et on finit par devoir les buter.

-    Dans tous les cas, on devra le surveiller, avait annoncé Thomas. On n'a pas besoin d'une nouvelle vendetta pour le moment. Autant voir de plus près qui il est et ce qu'il a à nous dire

-    Oh, il a déjà l'intention d'étendre son marché sur Birmingham, avait répondu Alfie d'un ton cynique. Et je sais que ça ne va pas te plaire Tommy.

-    Thomas, ce mec se fout de notre gueule. Il veut bosser avec nous puis voler nos parts ? s'était esclaffé John. Lâche l'affaire.

-    Chaque chose en son temps, rétorqua Thomas. Alfie, dis-nous où on peut le trouver, on va lui rendre visite.

-    Il sera ce soir au Black Friar, répondu Alfie, il vous attendra. Il l'a racheté il y a quelques mois. Cet endroit grouille de ses hommes de main, alors ne faites pas les cons, pas maintenant. J'ai encore besoin de mes tunes, ok ? Vous en ferez ce que vous voulez après, quand vos affaires seront finies. Il répondra au nom d'Ander. Je ne sais pas s'il s'appelle vraiment comme ça. Enfin, on a dû me le dire mais je ne m'en souviens plus étant donné que je m'en fou royalement. Je vous rejoindrais dans la soirée pour discuter de mes parts sur le marché.

-     Bien, merci Alfie. À ce soir.

Les Shelby avaient quitté les bureaux du gangster et étaient rentrés dans leur chambre d'hôtel respectives. Seulement Thomas avait décidé de prendre le temps qui lui restait avant ce soir pour prendre l'air. Il en avait besoin pour réfléchir.

Il était fou de rage à l'idée qu'un homme dont il ignorait totalement l'existence il y a de cela quelques semaines puisse avoir monter un business aussi puissant, si près de Birmingham. De plus, cet Ander souhaitait s'étendre sur Birmingham, sa ville. Il voyait tout cela d'un mauvais œil et il avait l'impression qu'on se foutait de sa gueule. Comment pouvait-il oser débarquer ainsi et défier les Peaky Blinders ?

Si cet homme comptait vraiment l'insulter de la sorte, Thomas savait que cela allait mal finir.

***

Les Shelby s'étaient rendus au Black Friar aux alentours de 22 heures. C'était un endroit très chic et très bien fréquenté car réservé à une certaine clientèle haut de gamme. Il y avait énormément de personnes qui riaient et dansaient. Un orchestre jouait du jazz, les serveurs étaient habillés en costumes, et le grand lustre suspendu illuminait la beauté des plafonds à moulures.

Il y avait même une grande scène ou des femmes sublimes pratiquaient l'effeuillage devant les yeux admirateurs des clients. Il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'un des plus beaux bars de Londres.

-    Eh bah putain ! avait dit John complètement émerveillé.

Thomas et ses frères parcouraient de leurs yeux les alentours quand un serveur vint à leur rencontre. Il leur demanda leurs noms, et quand ils eurent répondu ce fut comme une évidence pour le garçon. Il les avait alors invités à le suivre jusqu'au fond de la salle, au-devant de la scène où les danseuses faisaient leur petit spectacle.

Quand ils arrivèrent devant la table, trois hommes étaient déjà installés. Ils portaient tous un costume très élégant, mais un seul d'entre eux se démarquait par son charisme. Il avait les cheveux très noirs plaqués en arrière par du gel, des yeux verts perçants et un visage assez harmonieux.

Il fumait son cigare et buvait son verre, mais il s'arrêta immédiatement en voyant les Shelby. Il s'était alors levé pour les saluer en leur serrant la main. Les autres n'avaient pas bougé d'un poil et les toisaient.

-    Vous devez être les Shelby. Turner Anderson, enchanté. Mais je préfère Ander.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant