Chapitre 29

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Peu de temps après que le départ de Thomas, je m'étais résignée à aller me coucher car j'étais vraiment épuisée. Je n'allais pas chercher à savoir ce qu'il se passait suite à son comportement plutôt étrange car souvent il n'y avait rien à comprendre avec lui. Je m'étais alors déshabillée entièrement, faute d'avoir une robe de chambre, avant de me mettre sous les draps en soie.

J'observais le plafond dans cette vaste chambre impersonnelle et je repensais à la soirée riche en émotion que j'avais passée. Décidément, je n'aurais jamais imaginé tout cela ; que ce soit avec Thomas ou mon coup raté avec Mosley, et je savais que concernant ce dernier, je n'aurais peut-être plus jamais une autre opportunité pour pouvoir le tuer.

Il ne fallait pas trop que j'y songe sinon je savais que je n'allais jamais réussir à fermer l'oeil de la nuit. Alors après avoir pris une grande inspiration pour me détendre, je m'étais retournée sur le côté pour pouvoir enfin me reposer.

Au moment où je somnolait, où j'allais rejoindre les bras de Morphée, je les entendis. Des rires. Ceux d'un homme et d'une femme qui rejoignaient la chambre à côté de la mienne afin de terminer leur soirée. Les rires de Thomas et de Lizzie.

Et en un rien de temps, la rage et la honte étaient montées en moi. Je me sentais en colère, trahie, utilisée, mais surtout idiote. Idiote d'avoir pu croire à ses belles paroles et d'avoir pensé qu'il m'avait réellement choisie. Il avait été désagréable sans raison apparente envers moi après m'avoir annoncé qu'il avait fait son choix, et le voilà qui batifolait avec une autre femme en pensant que je n'allais pas le remarquer ?

Les larmes me montaient immédiatement aux yeux et perlaient sur mes joues sans que je ne puisse les contrôler. Je m'en voulais terriblement car à vrai dire, à quoi devais-je m'attendre ? Lizzie habitait ici et il était parfaitement normal qu'elle passe la nuit avec Thomas tant qu'il n'avait pas clarifié la situation.

Pourtant, le savoir dans les bras d'une autre femme, qui était la sienne, me rendait malade. Et que ce qui me rendait d'autant plus folle, était le fait qu'il se joue d'elle également. Combien de temps cette situation allait-elle durer ? J'aurais dû me douter depuis le départ que je n'étais que le second choix, qu'une petite distraction, comme toutes les femmes qui s'aventuraient vers Thomas Shelby.

Je n'avais qu'une seule envie sur le moment ; débarquer en furie dans sa chambre et le mettre face à ses responsabilités, face à ses choix. Mais je m'étais vite ravisée car je savais que les décisions prises sous le coup de la colère ne sont jamais les bonnes.

J'allais garder mon sang froid et être plus subtile que cela en passant au-dessus, car Thomas avait beau être un bon joueur, j'étais bien meilleure que lui. Et surtout, je ne voulais pas lui donner le plaisir de me voir dans cet état pour ses beaux yeux. Alors, après m'être ressaisie et m'être calmée assez difficilement, je m'étais endormie.

***

Les rayons du soleil chatouillaient mon visage et m'avaient extirpé du sommeil car bien sûr je n'avais pas pensé à fermer les rideaux la veille. J'avais saisi la petite horloge posée sur la table de chevet ; il était 9 heures du matin. Alors, décidant que j'avais assez dormi et qu'il était temps de rentrer chez moi, je m'étais levée en direction de la baignoire afin de me laver.

Une fois chose faite, j'avais attrapé une serviette accrochée sur un portant et je m'étais enroulée dedans. Je m'étais peignée les cheveux qui étaient encore très emmêlés de la veille et j'avais appliqué de la crème sur mon visage. Seulement, après avoir accompli tout cela, je m'étais rendu compte que je n'avais aucun vêtement de rechange à ma disposition et qu'il était hors de question que je remette mes habits de la veille car ils sentaient le tabac froid et l'alcool et surtout parce qu'une robe de soirée n'est pas faite pour être portée en journée, surtout dans cette ville.

Seulement, après avoir appelé au moins cinq fois une domestique, personne n'était venu. Assise sur ce grand lit, les cheveux trempés et complètement nue sous ma pauvre serviette, je m'étais résolue à trouver une solution par moi-même.

Je m'étais alors levée et j'avais rejoint le couloir le plus discrètement possible afin d'atteindre la chambre de Thomas. Ne voulant pas me faire surprendre dans cet accoutrement, j'étais restée quelques instants derrière la porte pour écouter et vérifier que personne n'était à l'intérieur. Mais je n'entendis rien.

Alors j'avais doucement tourné la poignée et je m'étais engouffrée dans cette immense pièce. Et là, je compris que quelque chose clochait. Le lit était en dessus dessous, des objets jonchaient le sol de part et d'autre comme si on les avait jetés par terre, les tiroirs et les portes d'armoires étaient grands ouverts et les affaires de Lizzie avaient presque disparu bien qu'il en restait quelques unes.

Ne comprenant pas tellement ce qui s'était tramé ici pendant la nuit, j'avais décidé de ne pas m'y attarder plus que cela car j'étais encore agacée de la petite escapade nocturne de Thomas la veille. Et puis, au final, ce n'était pas mes affaires.

J'avais donc ouvert tous les tiroirs qui n'étaient pas fermés, à la recherche de quelque chose à porter. Bingo. Devant mes yeux se trouvaient une dizaine de chemise parfaitement repassées. J'en avais alors saisi une au hasard, largement trop grande pour moi, et je l'avais enfilée. Elle était blanche et assez transparente mais surtout, elle sentait son odeur.

Je savais que si Thomas me voyait avec ses habits sur le dos, et d'autant plus devant sa femme, cela n'allait pas du tout lui plaire. Mais je m'en fichais totalement car de un, je n'avais rien d'autre à me mettre, et de deux, j'avais un petit penchant pour la provocation.

Une fois habillée, j'étais alors sortie de la chambre afin de rejoindre les escaliers. J'avais terriblement faim et il fallait surtout que je trouve une solution avec les domestiques pour qu'on puisse me ramener chez moi. Car aucun taxi ne souhaitait venir chez Thomas Shelby.

En descendant les escaliers, j'avais remarqué que j'étais tout de même très peu habillée, la chemise recouvrant de peu mes jambes, et d'un coup je m'étais tout de suite senti moins sûre de moi. Tant pis, j'allais devoir faire avec.

Cependant, ces pensées furent vites chassées de mon esprit et remplacées par quelque chose d'autre ; la peur. En effet, en me rapprochant de plus en plus du rez-de-chaussée j'avais accéléré le pas car quelque chose m'interpellait et je souhaitais découvrir ce qu'il se passait.

Des cris stridents résonnaient dans tout le manoir. Une femme hurlait depuis le grand salon.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant