Chapitre 38

1.6K 89 69
                                    

Nous avions rejoint Arthur et John au sein du Garrison, dans la petite pièce réservée aux membres des Peaky Blinders. L'ambiance était la même que d'habitude, mais il y avait pourtant un peu moins de monde. Thomas semblait assez fatigué du voyage et on avait l'impression qu'il était ici ce soir sans en avoir eu réellement le choix. Personnellement, après avoir dormi toute la soirée, j'étais en pleine forme.

Les garçons avaient commandé une bouteille de Whisky Irlandais et avaient discuté business pendant une bonne heure. Cependant, j'avais remarqué que John et Thomas ne se parlaient pas. Une sorte de tension étrange flottait entre les deux, et j'eu peine à comprendre pourquoi ils n'arrivaient pas à passer à autre chose quant à leurs précédent différents. Alors Arthur et son enthousiasme révélé par l'alcool, essayait d'illuminer la pièce de sa bonne humeur. Mais cela ne marchait pas.

On avait alors recentré la conversation sur moi. On m'avait demandé comment j'allais, si j'avais passé une bonne soirée dans le lieu magique de la veille, ce que je comptais faire pour l'avenir et tout un tas de question en tout genre. Puis, après avoir épuisé tous les sujets me concernant, l'atmosphère étrange était revenue.

Thomas était muré dans ses pensées et semblait froid comme un bloc de glace, John paraissait fortement agacé et il soupirait au moindre mot de son frère. Alors au bout d'un moment, l'impatiente de sa cible avait atteint ses limites.

Thomas s'était tourné violemment vers lui en claquant son verre sur la table, ce qui la fit trembler. La bouteille présente au milieu avait valsé en l'air avant de s'écraser en éclat sur le sol. Tout le monde était bouche bée et plongé dans un long silence. Le visage de Tom était contracté, ses yeux semblaient sortir de leurs orbites, une veine se dessinait sur son front et ses lèvres tremblaient. Je ne savais pas où me mettre à cet instant.

- Tu veux continuer de jouer à ça longtemps John ?

Son cadet avait esquissé un léger sourire, comme pour le narguer, ce qui avait mis Thomas en rogne. John avait saisi son verre, désormais vide, et avait regardé la bouteille en morceaux gisant par terre.

- Bravo ! Il ne te reste plus qu'à aller me chercher un verre maintenant.

- Ferme ta putain de gueule.

Arthur avait soupiré et s'était dirigé en direction de ses frères.

- John... arrête.

Les deux continuaient à se lancer des regards assassins et je sentais que tout pouvait partir en vrille à tout moment. Alors pour détendre la situation, je m'étais levée pour les laisser régler cela entre eux.
- Je vais chercher une bouteille, je reviens.

- Non ce n'est pas à toi de le faire Chiara, avait lancé John, c'est à lui de réparer ses erreurs.

- De quelles erreurs parles-tu John ? avait rétorqué Thomas.

- Tu sais très bien de quoi je parle, lui avait-il répondu.

- Ah oui ? Alors je t'écoute. On t'écoute tous. De quoi veux-tu parler ?

Tout le monde se fixait dans le blanc des yeux puis John s'était rapproché à quelques centimètres du visage de son frère tout en le fixant d'un regard menaçant.

- Du genre de sujet que tu ne voudrais pas qu'on évoque maintenant.

Et ces paroles furent de trop. Thomas s'était levé furtivement en balançant une chaise qui s'était brisée à son tour contre le mur d'en face. Il était littéralement en train de péter les plombs. Il jurait et criait contre son frère avec violence, mais John restait impassible, assis dans son fauteuil. Arthur s'était levé également et avait attrapé Thomas difficilement avant de l'emmener dehors, me laissant seule avec leur cadet.

- Tu joues à quoi sérieux ? Pourquoi tu fais ça John ?

- N'en rajoute pas une couche Chiara.

- Alors de quoi parles-tu ? Quelles erreurs ?

- Tu ouvriras peut-être les yeux quand tu te rendras compte de qui il est vraiment.

J'étais totalement confuse et je n'avais su quoi répondre à cela. Il était vrai que Thomas n'était pas un homme simple, mais il ne méritait pas toutes ces accusations. Et il s'était toujours plus ou moins bien comporté avec moi. Tout cela était louche, j'avais l'impression que l'on me cachait quelque chose.

Alors je m'étais levée à mon tour, afin de rejoindre le bar. J'avais besoin d'un verre tout de suite. Arthur et Tom étaient toujours dehors, j'entendais d'ici les insultes fuser entre eux.

Le serveur était venu me voir quelques instants plus tard et j'avais commandé un gin. Je m'étais assise sur une chaise haute et je fixais le mur d'en face, plongée dans le vide de mes idées. Je ne cessais de repenser à ce que John m'avait dit, mais pourtant, cela ne me faisait rien. J'avais confiance en Thomas désormais. Et je n'allais pas laisser leurs rancœurs mutuelles déchirer ma relation.

Cependant, j'avais remarqué qu'un homme d'une quarantaine d'années s'était installé à côté de moi. Il me fixait du coin de l'œil sans discrétion, tout en murmurant à l'oreille de son ami à sa droite. Au début j'y faisais abstraction mais au bout d'un moment mes nerfs commencèrent à chauffer. Je m'étais retournée en furie vers lui.

- Bonsoir, il y a un problème ?

Ils avaient rigolé en cœur, comme pour se foutre de moi. Alors je les avais foudroyés du regard.

- Regarde là ! On a réussi à l'énerver. De nos jours les femmes trainent seules dans les bars et elles s'étonnent qu'on les mattes.

Leurs rires grotesques avaient fusé de nouveau.

- Allez-vous faire foutre.

L'homme s'était levé en ma direction, au passage, il était terriblement repoussant avec son crâne rasé et sa barbe désordonnée. Il m'avait attrapé par le bras pour me trainer à lui. Il semblait pris par la colère, comme s'il n'avait pas supporté qu'une femme puisse lui tenir tête. Je me débattais dans tous les sens et je lui ordonnais de me lâcher. Le serveur qui nous avait surpris avait accouru vers nous.

- Si tu ne veux pas de problème lâche-là immédiatement !

Tout le monde s'était retourné vers nous et les gens paraissaient choqués. Mon agresseur fixait tout autour de lui, ne semblant pas comprendre la situation. Il était figé mais il maintenait toujours mon bras. Alors le barmaid avait continué de s'expliquer.

- Elle est avec Thomas Shelby.

Et à cet instant, comme s'il avait évoqué le nom qu'il ne fallait pas prononcer, il m'avait relâché sur le coup. Il paraissait assommé par la nouvelle qu'il venait d'apprendre. Il s'était excusé sur le champ, me jurant que cela ne se reproduirait jamais plus et qu'il n'était pas nécessaire d'en informer le chef des Peaky Blinders. Mais il était trop tard.

Thomas se tenait droit derrière lui, accompagné d'Arthur, pointant son revolver en sa direction. L'homme était apeuré, ainsi que son ami, et le suppliait de l'épargner.

- Je suis désolé, je ne savais pas, nous allions partir.

Mais Thomas en avait décidé autrement. Le visage rempli de haine, il avait fait un petit mouvement de tête à son ainé qui avait compris ses ordres aussitôt. Trois minutes plus tard, les deux agitateurs gisaient par terre, couverts de sang, tout en se tordant de douleurs suite aux coups qu'ils venaient de recevoir.

Tom s'était dirigé vers moi et m'avait attrapé doucement dans ses bras, avant de déposer un baiser sur mon front. Il s'était adressé à la foule autour de nous qui ne bougeait plus d'un poil.

- Si un connard retouche à un de ses cheveux, il partira d'ici les pieds devant.

Puis, il s'était retourné vers son frère et moi furtivement.

- Chiara, on rentre. Arthur, raisonne John s'il te plait. On se voit demain pour déjeuner.

Et près quelques au revoir, nous étions partis. 

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant